En RDC, Félix Tshisekedi a-t-il snobé le ministre britannique chargé de l’Afrique ?

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En RDC, Félix Tshisekedi a-t-il snobé le ministre britannique chargé de l’Afrique ?
En RDC, Félix Tshisekedi a-t-il snobé le ministre britannique chargé de l’Afrique ?

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Dans le programme officiel partagé par l’ambassade britannique en RDC, tout était pourtant clair : Andrew Mitchell devait rencontrer le président congolais, Félix Tshisekedi, et le ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, pour discuter du renforcement du partenariat entre le Royaume-Uni et la RDC.

Arrivé à Kinshasa dans la soirée du 18 mars et durant son séjour de trois jours, le ministre d’État chargé du développement et de l’Afrique n’a finalement été reçu que par le chef de la diplomatie. « La présidence congolaise a fait attendre Andrew Mitchell toute la journée du 20 mars, jusqu’à minuit, confirme à Jeune Afrique une source britannique proche du dossier. Il a donc quitté Kinshasa le 22 mars. »

« Problème personnel »
Contacté, Christophe Lutundula n’a pas répondu à nos sollicitations, mais une source à la présidence évoque « juste » un problème d’agenda. Reste qu’un autre proche collaborateur de Félix Tshisekedi évoque l’existence d’un « problème personnel » entre le chef de l’État et le ministre, précisant que les deux hommes s’étaient rencontrés en décembre 2017, avant l’élection présidentielle, lors d’un rendez-vous qui ne s’était pas bien passé. « Ce n’est pas la ligne officielle de la RDC ni celle du président de ne pas recevoir des envoyés du Royaume-Uni », ajoute cette même source.

Dans sa récente interview au quotidien anglais The Times, Félix Tshisekedi a en effet dénoncé l’accord entre la Grande-Bretagne et le Rwanda en matière d’immigration, qui, selon lui, a été conclu en échange du silence de Londres sur les exactions commises dans l’est de la RDC et que Kinshasa attribue à Kigali.

Les Britanniques figurent parmi les rares partenaires occidentaux à ne pas avoir explicitement condamné le présumé soutien du M23 au Rwanda, même après la publication, en décembre 2022, du rapport du groupe d’experts des Nations unies concluant à l’existence de « preuves substantielles » d’une « intervention directe des forces de défense rwandaises sur le territoire de la RDC » (ce que Kigali dément). « Comment un pays aux grandes valeurs comme le Royaume-Uni peut-il faire des compromis avec de telles partenaires ? », s’est interrogé Félix Tshisekedi dans la même interview, accusant Londres de « fermer les yeux » sur ce qu’il considère comme les « abus » du président rwandais Paul Kagame.

Campagne médiatique
Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya – reconduit lors du dernier remaniement ministériel –, s’est rendu à Londres la semaine du 20 mars afin d’y mener une campagne médiatique pour que le Royaume-Uni infléchisse sa position. « Le gouvernement britannique ne devrait pas rester à côté de l’histoire, il devrait rejoindre les États-Unis, la France, la Belgique et les autres pour condamner le Rwanda », a-t-il publiquement déclaré.

Lors de son séjour en RDC, Andrew Mitchell s’est rendu à Goma, où il a échangé avec le gouverneur militaire Constant Ndima Kongba et d’autres acteurs locaux. Le ministre a en effet estimé qu’il était important de recueillir sur place des propositions pour une sortie pacifique de la crise sécuritaire. À Tshikapa, chef-lieu de la province du Kasaï, il a lancé « Accès et égalité pour l’éducation des filles », un programme financé par le Royaume-Uni à hauteur de 34 millions de dollars.

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