Africa-Press – Côte d’Ivoire. Dans une déclaration solennelle prononcée ce mardi, Gnangbo Kacou, président du mouvement politique Les Centristes, a vivement dénoncé l’intention du président Alassane Ouattara de briguer un quatrième mandat présidentiel, même si deuxième mandat depuis l’entrée en vigueur de la 3e République en 2016.
Selon lui, cette décision constitue une « violation manifeste de la Constitution » et met en péril la paix et la stabilité de la Côte d’Ivoire.
Dans sa déclaration, Gnangbo Kacou revient sur les événements ayant marqué la vie politique ivoirienne depuis 2010. Il souligne que la Constitution ivoirienne limite les mandats présidentiels à deux, de cinq ans chacun. Il rappelle que le président Alassane Ouattara a été élu en 2010, puis réélu en 2015. En toute logique, selon lui, son second et dernier mandat aurait dû s’achever le 25 octobre 2020.
Cependant, la modification de la Constitution et la décision controversée du Conseil constitutionnel avaient permis au président sortant de se représenter en 2020, déclenchant une vague de violences meurtrières qui, selon Gnangbo, ont coûté la vie à plus de 80 personnes.
Et aujourd’hui, le chef des Centristes tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme: le 29 juillet 2025, le président Ouattara a annoncé son intention de se porter candidat pour un quatrième mandat, une décision que Gnangbo Kacou qualifie de « hold-up constitutionnel ».
Pour Gnangbo Kacou, cette situation n’est pas simplement une crise politique, mais une crise juridique grave. Il estime que si la Constitution peut être contournée pour un seul homme, elle perd toute sa valeur pour l’ensemble du peuple.
« La loi fondamentale ne peut être respectée à géométrie variable: soit elle s’impose à tous, soit elle ne vaut pour personne », martèle-t-il.
Il appelle donc à un retour à l’ordre constitutionnel, en exigeant que le président Ouattara renonce immédiatement à sa candidature. Ce n’est qu’à cette condition, affirme-t-il, qu’il déposera à son tour sa propre candidature à l’élection présidentielle prévue pour octobre 2025.
Mais au-delà des mots, Gnangbo Kacou veut incarner l’engagement pour la paix. Dans un geste fort, il a entamé une marche symbolique de 418 kilomètres, reliant Bouaké à Abidjan, pour témoigner de son engagement envers la stabilité du pays. Il affirme: « Pour le prix de la paix, encore si fragile dans notre pays, je n’ai pas hésité un seul instant à prendre sur moi cette longue marche. »
Le président des Centristes tend aussi la main à toutes les forces politiques du pays. Il appelle à une rencontre directe entre le président de la République et les principaux leaders de l’opposition, afin d’engager un dialogue sincère et constructif.
Dans cette déclaration, Gnangbo Kacou s’adresse au peuple ivoirien: « Chaque violation de notre Constitution a déjà coûté trop de vies. Ne laissons pas l’histoire se répéter. »
Il invite les Ivoiriens à rejeter l’injustice, à défendre la démocratie et à œuvrer ensemble pour une Côte d’Ivoire réconciliée. « Aucune vie ivoirienne ne doit être sacrifiée », affirme-t-il avec fermeté, en appelant à l’unité, au respect et au courage politique.
À deux mois de l’échéance présidentielle, cette prise de position de Gnangbo Kacou marque un tournant dans le débat politique national. S’il se pose en défenseur du droit et de la paix, son appel au retrait d’Alassane Ouattara de la course présidentielle risque de relancer les tensions déjà palpables sur la scène politique ivoirienne. Reste à savoir si son message sera entendu, et surtout, si le dialogue qu’il propose pourra voir le jour.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Côte d’Ivoire, suivez Africa-Press