Africa-Press – Côte d’Ivoire. Le président de la Commission Électorale Indépendante (CEI), Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, a reçu ce mercredi 5 novembre 2025, au siège de l’institution à Cocody Deux-Plateaux, plusieurs agents électoraux et membres de la CEI victimes de violences lors du scrutin présidentiel du 25 octobre 2025.
Cette rencontre visait à exprimer la solidarité de la CEI à l’endroit des victimes, mais aussi à interpeller les citoyens sur la nécessité de préserver la paix et la légalité lors des processus électoraux.
Dans son allocution, le président Coulibaly-Kuibiert a tenu à rappeler que les élections doivent rester un moment d’expression démocratique, et non de confrontation.
« À l’appel du devoir, ces pères de famille ont répondu présents, et certains ont été agressés simplement parce que des individus n’étaient pas contents du processus électoral », a-t-il déploré.
Le président de la CEI a cité plusieurs cas poignants, dont celui de Tra Bi Williams, séquestré à Guibéroua et grièvement blessé à la main après s’être interposé pour protéger un agent de police, Koné Ibrahima, président de la CESP de Goudoukro, blessé au genou en tentant d’échapper à une attaque et Petety Léopold, agent d’appui technique à Guitry, qui a failli être immolé par ses agresseurs après avoir été aspergé d’essence.
« Est-ce cela, une élection? Ces hommes n’ont fait que répondre à l’appel de la République. Ils ne sont pas venus chercher la gloire, mais remplir un devoir. Et pour cela, certains ont failli y laisser la vie », a souligné M. Coulibaly-Kuibiert, visiblement ému.
Le président de la CEI a fermement condamné les violences commises contre le personnel électoral, rappelant que la loi doit rester le seul recours dans une démocratie.
« Dans une République, la loi est notre seule boussole. Si vous vous estimez victimes d’une injustice, c’est à la loi qu’il faut faire appel, pas à la violence », a-t-il martelé.
Faisant une analogie spirituelle, il a comparé la loi à la foi des croyants: « La loi est à la République ce que le Coran est aux musulmans et la Bible aux chrétiens. C’est par elle que l’on doit revendiquer ses droits, et non par la force. »
Il a également invité les Ivoiriens à « combattre par les idées et les arguments », et non par la brutalité.
Devant l’assistance, le président Coulibaly-Kuibiert a présenté les agents agressés comme des symboles de courage et de dévouement.
« Vous êtes la fondation du processus électoral. Sans vous, il n’y aurait pas d’élection. Vous êtes des héros vivants, et je préfère célébrer les héros vivants que les héros morts », a-t-il déclaré sous les applaudissements.
Il a tenu à exprimer les excuses de la CEI au nom de l’État et à adresser un message de compassion: « Yako, parce que ce sont des hommes choqués qui sont là. Mais soyez fiers, car vous avez servi la République avec honneur. »
Les victimes ont tour à tour raconté les violences subies lors du scrutin.
Tra Bi Williams, président de bureau de vote à Guibéroua, a décrit une attaque d’une rare brutalité, lors de laquelle il a été frappé et blessé à la main en tentant de protéger un policier.
Koné Ibrahima, commissaire local à Goudoukro, a relaté l’assaut de son bureau par des groupes hostiles, contraint de fuir sous les pierres et les flammes.
Petety Léopold, agent d’appui technique à Lauzoua, a évoqué avec pudeur sa nuit de cauchemar, quand des assaillants ont tenté de le brûler vif avant que le vigile ne le sauve in extremis.
La commissaire superviseure, Me Yapobi Ketty, a confirmé la gravité des événements, détaillant les destructions de matériel électoral et les agressions physiques subies par les agents.
« Nous avons eu des sièges saccagés, des urnes brûlées, des cartes d’électeurs détruites, mais surtout des hommes blessés dans leur chair pour avoir accompli leur devoir. Ce sont des héros anonymes que nous devons honorer », a-t-elle insisté.
En conclusion, le président de la CEI a appelé à la vigilance à l’approche des élections législatives, qu’il a qualifiées d’« aussi sensibles, voire plus dangereuses encore » que la présidentielle, en raison des rivalités locales.
« Nous ferons notre part, jusqu’à la dernière énergie, pour que force reste à la loi », a-t-il promis, avant de conclure par une prière: « Que Dieu nous garde tous, et qu’il fortifie ceux qui ont choisi de servir la République. »
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