La dérobade de la France au cœur du procès Bouaké

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La dérobade de la France au cœur du procès Bouaké
La dérobade de la France au cœur du procès Bouaké

Africa-PressCôte d’Ivoire. Depuis l’ouverture, le 29 mars, du procès des exécutants du funeste bombardement de la base militaire française de Bouaké en Côte d’Ivoire, le 6 novembre 2004, aucun des trois hommes jugés par la cour d’assises de Paris spécialisée en affaires militaires – un pilote de chasse mercenaire biélorusse et deux navigateurs ivoiriens – n’a pris place dans le box des accusés. Jugés en absence, ils ont été, au fil des audiences, doublement absents. Physiquement donc et dans les débats tant la cour, le ministère public, et les avocats des nombreuses parties civiles s’intéressèrent à d’autres questions que la culpabilité des exécutants.

Ce point fut vite expédié dans les premiers jours. En attendant, jeudi 15 avril, le résultat des délibérations du président de la cour et de ses quatre assesseurs, personne ne semble douter de la culpabilité des pilotes biélorusses des deux avions de chasse Soukhoï Su-25 – Yury Sushkin et un deuxième mercenaire non identifié surnommé « le blondinet » – ni de leurs navigateurs ivoiriens – Ange Gnanduillet (probablement décédé depuis) et Patrice Oueï. Ceux qui ont sciemment largué leurs bombes sur le lycée Descartes où stationnait, bien visible, une partie du contingent français « Licorne » déployé en Côte d’Ivoire pour soutenir les casques bleus de l’ONU. « Un bombardement, a rappelé le président de la cour, effectué en temps de paix, sur des militaires pris par surprise, ce qui n’est pas une situation de belligérance classique. » Et qui valut donc à leurs auteurs le chef d’accusation d’assassinat.

Ministres à la barre

Vendredi 9, lundi 12 et mardi 13 avril, faute d’accusés, ce sont les témoins eux-mêmes, appelés à la barre, qui étaient sur le gril. Des hautes personnalités civiles et militaires en fonction il y a dix-sept ans étaient sommées de s’expliquer. Ce que Jean-Pierre Raffarin, premier ministre en 2004, résuma mardi en se disant « meurtri de ne pas voir d’accusés dans ce box et je me demande toujours pourquoi ils n’y sont pas ? » Question centrale qui a monopolisé les débats mais dont la réponse demeurera floue.

Les témoins de ces derniers jours sont ainsi devenus les acteurs d’un procès parallèle. Un procès à l’intérieur du procès destiné à établir non pas les responsabilités du bombardement du 6 novembre mais celles de la suite. Comprendre pourquoi la France a laissé échapper les exécutants de ce bombardement que les autorités togolaises lui offraient sur un plateau après les avoir interpellés à la frontière du Ghana dix jours après le drame et les avoir gardés deux semaines à disposition ?

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