Africa-Press – Côte d’Ivoire. La Maison de la Presse d’Abidjan-Plateau a accueilli ce samedi une cérémonie de dédicace aussi attendue que significative: celle de l’ouvrage « Le crépuscule de l’État employeur » de Michel Beta, journaliste chevronné, fondateur du quotidien Le Bélier, et acteur engagé du débat public.
Ce livre se présente comme une réflexion audacieuse sur la crise de l’emploi en Côte d’Ivoire, mettant à nu les limites de l’État en matière de création d’emplois, tout en proposant une vision partagée des responsabilités et des solutions.
Invité d’honneur et parrain de la cérémonie, le Directeur général de la Fonction publique, Soro Gninagafol, a livré un discours à la fois lucide et mobilisateur, soulignant que la problématique de l’emploi transcende les clivages politiques, sociaux et religieux. Pour lui, l’État n’est pas uniquement l’administration ou le gouvernement, mais l’ensemble des citoyens, appelés à jouer un rôle actif dans la transformation du pays.
« Je sais que le titre est hyper provocateur, Le crépuscule de l’État employeur, mais il est fait à dessein. Parce qu’on attend toujours de l’État les solutions aux problèmes, alors que l’État, c’est nous tous. »
Avec une sincérité rare, Soro Gninagafol a mis l’accent sur la responsabilité collective, appelant chaque citoyen à participer à la résolution de la crise de l’emploi.
« Lorsqu’on parle de l’État, on pense au Président, aux ministres… Mais en réalité, nous sommes tous interpellés. Chacun peut et doit apporter sa contribution à l’œuvre commune. »
Son intervention a résonné comme un plaidoyer pour un changement de mentalité, où les communautés, associations et mutuelles locales sont également invitées à créer de la valeur et de l’emploi, au lieu d’attendre uniquement des concours de la fonction publique.
Dans « Le crépuscule de l’État employeur », Michel Beta pose une question centrale: « Et si la plus grande urgence sociale de la Côte d’Ivoire n’était pas politique, mais professionnelle? »
À travers 18 chapitres structurés, il décortique les causes profondes de la crise de l’emploi, un système éducatif inadapté, la désillusion vis-à-vis de la fonction publique, le manque de valorisation de l’entrepreneuriat, l’absence de culture capitaliste dans la société ivoirienne et les conséquences des crises économiques et politiques.
Mais l’ouvrage ne se limite pas à un diagnostic. Il propose des pistes concrètes: refonte du système éducatif, promotion des compétences du XXIe siècle, décentralisation des opportunités, développement de l’auto-emploi, valorisation des initiatives communautaires, etc.
L’auteur a particulièrement insisté sur le découragement des jeunes diplômés, en prenant l’exemple des docteurs non recrutés qui manifestent régulièrement dans les rues.
« Quel message cela envoie-t-il à nos enfants? Qu’on peut aller à l’école, atteindre le plus haut niveau académique et rester sans emploi? Il faut leur dire que le recrutement ne vient pas toujours de l’État. Il faut apprendre à se professionnaliser dès l’école. »
Dans un style simple, limpide et accessible, Michel Beta s’adresse aux jeunes chercheurs d’emploi, aux parents, aux décideurs, aux enseignants et à tous les citoyens.
« Le travail, c’est la vie. Il faut que l’emploi cesse d’être une loterie. Il doit devenir un droit pour tous. »
Lors de la présentation de l’ouvrage, Demanoua Philippe, analyste de l’œuvre, a salué la rigueur argumentative du texte et sa portée transformatrice. Il a mis en lumière le style journalistique de l’auteur et la clarté du propos, tout en insistant sur l’urgence de repenser la place de l’État dans le processus de création d’emploi.
« L’État ne peut pas tout faire. Il est temps que les mutuelles, les associations, les communautés prennent le relais. On ne peut pas être 23 000 membres dans une mutuelle et ne pas créer une entreprise capable d’employer 10 jeunes. »
Le message de cette cérémonie est clair: l’avenir de l’emploi en Côte d’Ivoire repose sur une synergie nationale, un engagement de tous les acteurs, bien au-delà de l’État central.
Avec « Le crépuscule de l’État employeur », Michel Beta signe un appel à la conscience collective, une invitation à l’action, mais aussi un espoir pour les générations futures. Son œuvre, désormais disponible en librairie, mérite une place non seulement dans les bibliothèques personnelles, mais aussi dans les cabinets ministériels, les salles d’attente, les salles de classe et partout où se pense l’avenir du pays.
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