Africa-Press – Côte d’Ivoire. Lors du Conseil des ministres du mercredi 12 novembre, le porte-parole du gouvernement a réagi aux appels à la libération des manifestants arrêtés, dont plusieurs mineurs, et a insisté sur le respect de la loi et la séparation des pouvoirs.
Réuni ce mercredi 12 novembre au Palais présidentiel, le gouvernement ivoirien s’est exprimé sur la situation sociopolitique tendue qui persiste depuis la dernière présidentielle, marquée par des violences, des arrestations et des appels à un dialogue national.
Interrogé sur l’incarcération de quatre mineurs âgés de 11 à 14 ans, arrêtés lors de manifestations organisées par le Front commun et détenus depuis trois semaines à la prison civile d’Agboville, le porte-parole du gouvernement a confirmé que l’exécutif est informé de l’affaire. Toutefois, il a justifié leur maintien en détention par la nécessité de faire respecter la loi.
« Ce n’est pas parce qu’on est mineur qu’on doit bénéficier d’un passe-droit pour violer les lois du pays. Ces jeunes ont participé, d’une manière ou d’une autre, aux troubles survenus. Ils subiront donc la rigueur de la loi comme tous les autres », a-t-il affirmé, soulignant que le gouvernement reste attaché à l’ordre public et à la responsabilité individuelle.
Alors que plusieurs voix politiques, religieuses et traditionnelles appellent à un dialogue national pour apaiser le climat politique, le gouvernement n’envisage pas, pour l’heure, de mesure spécifique d’apaisement.
« J’entends bien ces appels au dialogue, mais c’est avant qu’il fallait les lancer », a insisté le porte-parole. « Force restera à la loi. Ceux qui ont provoqué des morts, des blessés et des destructions doivent assumer leurs actes. »
Il a rappelé que les violences électorales ont causé « une dizaine de morts » cette année, un bilan certes moins lourd qu’en 2020, mais « chaque mort reste une mort de trop ».
Le ministre de la Communication a également évoqué la possibilité de grâces présidentielles, mais a précisé qu’elles « ne se substituent jamais au travail de la justice ».
À la suite du communiqué du PPA-CI, qui a demandé la libération de ses cadres et des manifestants arrêtés lors des contestations contre le quatrième mandat du président Alassane Ouattara, le gouvernement a rappelé qu’il ne peut interférer dans les procédures judiciaires en cours.
« Nous sommes inscrits dans le cadre de la séparation des pouvoirs. Toutes ces personnes sont entre les mains de la justice. Le gouvernement ne saurait interférer dans les procédures engagées », a martelé, Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement.
Interpellé par un journaliste sur la prétendue influence de l’exécutif sur le parquet, le ministre a défendu la réforme institutionnelle opérée par le chef de l’État.
« Le président de la République a renoncé à la présidence du Conseil supérieur de la magistrature, précisément pour garantir l’indépendance du pouvoir judiciaire », a-t-il rappelé.
« Oui, le procureur de la République agit sous la tutelle du ministère de la Justice, notamment pour des questions d’ordre public, mais une fois les poursuites engagées, le processus est purement judiciaire et l’exécutif n’a plus de prise. »
Ce Conseil des ministres aura donc été l’occasion pour le gouvernement de réaffirmer sa ligne de conduite: la fermeté face aux troubles à l’ordre public, le respect strict des procédures judiciaires et la défense de la séparation des pouvoirs.
Si le discours se veut légaliste, il risque toutefois de raviver le débat sur l’indépendance réelle de la justice en Côte d’Ivoire, dans un contexte où les tensions politiques restent vives et où la société civile continue d’appeler à la réconciliation nationale.
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