Africa-Press – Côte d’Ivoire. Cinq mois après la tenue du Forum Africain de l’Environnement dans les Industries Extractives (FAFEIX), les actes issus de cette importante rencontre tenue à Yamoussoukro ont été officiellement remis ce mercredi 9 juillet 2025 aux parties prenantes, via le ministère des Mines, du Pétrole et de l’Energie à Cocody. L’ONG Agir pour l’Environnement dans les Industries Extractives, organisatrice dudit forum, entend ainsi traduire les nombreuses recommandations en actions concrètes sur le terrain, en particulier dans la réhabilitation des sites miniers dégradés.
C’est le président de l’ONG, Raymond Bohoussou, expert en environnement minier, qui a remis solennellement les actes du forum à Dr Ouattara Bakary, représentant du ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, au cours d’une cérémonie empreinte d’engagement pour une meilleure gouvernance environnementale.
« Ce forum, tenu à Yamoussoukro du 19 au 21 février 2025, a posé les bases d’une réflexion panafricaine sur la restauration des sites miniers. Aujourd’hui, nous bouclons la boucle en remettant ces conclusions aux autorités compétentes. Notre souhait est clair: que ces recommandations deviennent des actions concrètes à l’échelle nationale et sous-régionale », a plaidé Raymond Bohoussou.
L’expert a insisté sur l’urgence pour les États africains d’assumer leurs responsabilités face aux ravages causés par l’orpaillage clandestin et l’abandon des sites d’extraction. « Quel que soit l’engagement des ONG, sans volonté politique, sans décisions fortes des gouvernants, cette bataille est perdue d’avance », a-t-il averti. Dans la foulée, il a annoncé un plan d’action ambitieux à l’horizon 2050, avec une organisation biennale du FAFEIX dans plusieurs pays de la sous-région, dont le Mali, le Niger, le Sénégal ou encore le Burkina Faso, pour mieux adapter les solutions aux réalités locales.
De son côté, le ministère des Mines, par la voix de Dr Ouattara Bakary, a affiché sa volonté d’intégrer les résolutions dans les politiques publiques.
« Nous venons de recevoir les actes du FAFEIX. Très prochainement, nous organiserons une réunion de concertation avec l’ONG Agir pour comparer ces nouvelles recommandations à nos dispositifs actuels et dégager des pistes d’action efficaces, notamment contre l’orpaillage illégal », a-t-il promis.
Au cœur des recommandations figurent plusieurs axes stratégiques. Les partenaires techniques au développement comme le PNUD, la Banque mondiale, la BAD ou encore la GIZ sont appelés à jouer un rôle renforcé dans le financement et l’appui technique. Le FAFEIX encourage par exemple le recours au Fonds Vert pour le Climat ou encore l’adoption de technologies comme la bioremédiation pour restaurer les terres dégradées.
Le forum interpelle aussi les gouvernements africains, invités à instaurer des mécanismes de financement durable via les redevances minières, mais aussi à harmoniser les normes environnementales régionales, notamment dans le cadre de l’UEMOA ou de l’Union Africaine. Il est également recommandé d’intégrer ces problématiques dans les Contributions Déterminées Nationales (CDN) au titre de la lutte contre les changements climatiques.
Quant au secteur privé, il est invité à consacrer au moins 1% de son chiffre d’affaires à des projets de réhabilitation, à adopter des technologies propres et à collaborer avec les universités pour innover. Les coopératives locales, elles, doivent s’impliquer dans la mise en œuvre des projets, favoriser l’insertion communautaire et valoriser les terres restaurées via des initiatives telles que l’écotourisme ou l’agroforesterie.
Les ONG environnementales et les universités, telles que Greenpeace Afrique ou les centres de recherche africains, sont également appelées à jouer un rôle de veille, de sensibilisation et d’expertise technique. Elles doivent piloter des projets participatifs et fournir des données scientifiques pour évaluer l’efficacité des actions engagées.
Pour coordonner tous ces efforts, une plateforme régionale, baptisée Observatoire Africain des Mines Durables, sera mise en place. Elle aura pour mission de centraliser les données, partager les bonnes pratiques et mesurer l’impact des projets via des indicateurs clairs: nombre d’hectares réhabilités, nombre d’emplois créés, qualité des sols restaurés, etc.
Un exemple probant de cette synergie a été cité: au Burkina Faso, un ancien site d’orpaillage a été transformé en ferme agroécologique grâce à un partenariat tripartite entre la BAD (financeur), une université locale (chercheur) et une coopérative (opérateur). Résultat: 50 emplois créés et un écosystème restauré.
Le rendez-vous est d’ores et déjà pris pour la prochaine édition du FAFEIX en 2027, dans un autre pays de la sous-région.
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