Africa-Press – Côte d’Ivoire. La visite de Patrice Motsepe à Conakry les 30 septembre et 1er octobre figurait bien à l’agenda du président sud-africain de la Confédération africaine de Football (CAF), mais elle a vraisemblablement été avancée de plusieurs semaines et ce simple fait n’augurait rien de bon pour la Guinée, dont la capacité à accueillir la CAN 2025 était de plus en plus mise en doute.
Le président de la transition, Mamadi Doumbouya, avait bien tenté de rassurer la CAF, faisant de l’organisation de la compétition et du respect de son calendrier « une priorité nationale ». Mais l’organisation, par la voix de son patron et après plusieurs visites d’inspections, a fini par trancher : la Guinée, en raison du retard pris dans les travaux, n’organisera pas le tournoi.
La CAF décidera au plus tard début 2023
La page guinéenne tournée – Patrice Motsepe a toutefois encouragé le pays à se doter des structures nécessaires pour accueillir ses compétitions -, la CAF doit désormais désigner un nouveau pays hôte. « Nous allons très rapidement définir un processus et fixer une date limite de dépôt des candidatures, puis une autre pour annoncer le nom du pays qui accueillera le tournoi, précise Véron Mosengo-Omba, secrétaire général de l’instance, contacté par Jeune Afrique. Tout devrait être décidé fin 2022 ou début 2023. »
À ce jour, seule l’Algérie s’est portée officiellement candidate. Elle l’a annoncé le 6 octobre, sans que cela ne constitue une surprise. Quelques jours plus tôt, à l’occasion du tirage au sort du Championnat d’Afrique des nations (CHAN) que l’Algérie organisera du 13 janvier au 4 février 2023, Patrice Motsepe avait encouragé le pays à se porter candidat. Le ministre algérien de la Jeunesse et des Sports, Abderrazak Sebgag, s’était montré réceptif.
Le Maroc en embuscade ?
L’Algérie, qui a également accueilli les Jeux méditerranéens à Oran en juin dernier, s’est lancée dans une politique de construction et de rénovation de plusieurs stades à Alger, Baraki, Oran, Tizi Ouzou ou Annaba. La dernière CAN organisée par le pays remonte à 1990, et les Fennecs avaient remporté à cette occasion leur premier titre continental.
Le Maroc semble lui aussi tout proche d’annoncer sa candidature. Le royaume n’a reçu l’élite du football africain qu’à une seule occasion, en 1988, et avait renoncé à la CAN 2015 en raison de l’épidémie d’Ebola.
Au sud du Sahara, plusieurs pays seraient également en phase de réflexion. Avant même le retrait officiel de la CAN à la Guinée, le Nigeria s’était dit prêt à la suppléer, tout comme le Bénin. Si le géant anglophone dispose de sept stades homologués (Lagos, Abuja, Uyo, Benin City, Port-Harcourt, Asaba et Enugu), contre un seul chez son voisin béninois (Cotonou) – il faut six stades pour accueillir la CAN -, son contexte sécuritaire est clairement un handicap. « Ce n’est pas vraiment l’endroit le plus sûr d’Afrique, les touristes n’y vont pas, et je doute que la CAF ait envie d’y envoyer 24 équipes, des supporters, des officiels et des journalistes », estime le dirigeant d’une fédération africaine, sous le couvert de l’anonymat.
Motsepe, un atout pour l’Afrique du Sud ?
L’Afrique du Sud, qui a accueilli la Coupe du Monde en 2010, la CAN en 2013 après que le renoncement de la Libye et le CHAN en 2014, est, avec le Maroc et l’Algérie, « l’autre pays favori pour organiser cette CAN 2025 », ajoute une source proche de la CAF. Mais encore faut-il que la volonté sportive émanant d’un président de fédération soit validée par le pouvoir politique. Or, fin 2018, après que la CAF avait retiré au Cameroun l’organisation de la CAN 2019, le gouvernement sud-africain n’était pas allé dans le sens de la fédération, et l’Égypte avait été choisie pour cette première édition de la CAN à 24 équipes.
« La différence, c’est que Motsepe est le beau-frère de Cyril Ramaphosa, le chef de l’État, et c’est un argument non négligeable, insiste un ancien membre de la FIFA fin connaisseur du football africain. De plus, l’Afrique du Sud, comme le Maroc ou l’Algérie, peut organiser la CAN en juin et juillet et cela plaira aux clubs européens qui n’aiment pas libérer leurs internationaux africains en janvier et février, au cœur de la saison ».
Si le duo Botswana-Namibie, la Zambie, et la Tanzanie possiblement accompagnée de l’Ouganda, tous candidats à l’organisation de l’édition 2027, devraient conserver leur candidature pour cette édition, le Sénégal réfléchirait à avancer la sienne.
Le Sénégal en réflexion
Sur le papier, le pays tenant du titre, qui n’a plus reçu l’élite du football continental depuis 1992, compte quelques atouts, notamment au niveau hôtelier. Mais il ne dispose que de deux stades homologués : celui, flambant neuf, de Diamniadio, et un autre, à Thiès.
En 2019, le Sénégal avait déjà proposé à la Guinée une co-organisation. Cette offre avait été rejetée par Conakry. Aujourd’hui, le Sénégal n’est pas en mesure d’accueillir seul une telle compétition. Et parmi ses voisins (Cap-Vert, Guinée-Bissau, Mali, Mauritanie, Gambie), aucun ne dispose des infrastructures sportives suffisantes.
Même si Patrice Motsepe a déclaré que la CAF « donnera sa chance à tous les pays », le dirigeant s’est empressé de préciser que l’instance « ne désignera pas un pays qui ne soit pas à un niveau adéquat remplissant les standards de qualité. » Véron Mosengo-Omba l’a confirmé à Jeune Afrique : « Un pays qui dispose de cinq stades et nous dit qu’il peut en construire un sixième rapidement, c’est autre chose que celui qui n’a qu’un ou deux stades opérationnels. C’est aussi pour cela que nous encourageons les candidatures communes. » Reste qu’à ce jour, la tendance est plutôt à une CAN organisée par un seul pays.
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