Luc-Roland Kouassi
Africa-Press – Côte d’Ivoire. À trois semaines du début de la compétition, le comité d’organisation de la Coupe d’Afrique des nations a interdit la vente et la fabrication des maillots contrefaits de la sélection nationale.
Ces dernières semaines, deux couleurs se sont taillées la part du lion, ou plutôt de l’éléphant, dans la garde-robe des Ivoiriens : l’orange et le blanc des maillots de la sélection nationale pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2023. À Abidjan, impossible de faire dix mètres dans la rue sans en croiser un, au point que les boutiques officielles sont déjà en rupture de stock.
« Pour l’instant, il ne reste que quelques exemplaires du maillot blanc bordé d’orange, et seulement en taille XXL, s’affole un commercial d’un magasin spécialisé dans la vente d’équipements sportifs. Mais nous devrions bientôt être ravitaillés pour répondre à la forte demande. »
Pas sûr, pourtant, que tous se ruent sur ces nouveaux arrivages. Le maillot officiel des Éléphants, fabriqué par l’équipementier Puma et distribué dans une poignée de points de vente agréés, coûte en effet la somme de 59 900 francs CFA (92 euros), soit 80 % du Smig (salaire minimum) ivoirien. Soit une fortune pour une grande partie de la population, contrainte de se tourner vers les boutiques de rue pour se procurer des maillots contrefaits à des tarifs plus modestes. Au grand dam des autorités et des instances du football ivoirien.
Opération « Un Ivoirien, un maillot »
Le 19 juillet, le comité d’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (Cocan) et la Fédération ivoirienne de football (FIF) avaient lancé l’opération « Un Ivoirien, un maillot » pour encourager les supporters à se procurer la tenue officielle. Mais, le 2 novembre, le président du Cocan, François Albert Amichia, durcissait le ton devant ses partenaires et ceux de la FIF lors d’une cérémonie de remise de maillots. « Il y a des maillots qui sont venus de Treichville et d’Adjamé, on ne veut plus les voir ! », s’est-il exclamé, visant deux quartiers commerçants populaires d’Abidjan. « On veut voir les maillots de la Fédération ivoirienne de football ! »
Depuis, le Cocan et la FIF ont même menacé de poursuites judiciaires quiconque se livrerait à la vente de maillots de contrefaçon, et le sujet est devenu une polémique nationale. Certains estiment que les menaces des organisateurs sont justifiées, et que l’achat de maillots officiels est un gage de patriotisme et de soutien à l’équipe nationale. Les autres, comme le duo de zouglou Yodé et Siro, rétorquent que « plus les prix seront élevés, plus les gens auront tendance à se tourner vers la contrefaçon ». Sans compter que Puma est un équipementier allemand, et que le pourcentage de la vente des maillots revenant à l’État n’a jamais été précisé.
Solution alternative
« Nous ne pouvons pas obliger les supporters [à acheter les tenues officielles], mais nous protégeons notre partenariat [avec Puma] », s’est défendu Idriss Diallo, le président de la FIF et vice-président du Cocan, le 1er décembre sur la chaîne ivoirienne 7info, tout en rappelant que « toute personne faisant des imitations des maillots officiels avec nos logos sera poursuivie par la loi ».
Reste une solution alternative, légale et moins coûteuse pour les supporters ivoiriens : le maillot Akwaba (« Bienvenue », en langue Akan) orné de symboles de la Côte d’Ivoire, en partenariat avec la FIF, qui est vendu à 25 000 francs CFA (38 euros) pour la version blanche et 40 000 francs CFA (60 euros) pour la version orange.
Source: JeuneAfrique
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