Africa-Press – Côte d’Ivoire. La capitale économique ivoirienne abrite, du 8 au 11 septembre, la 2e Conférence internationale de la CEDEAO consacrée à la lutte contre la fièvre de Lassa, une maladie virale qui demeure un véritable casse-tête de santé publique en Afrique de l’Ouest.
Scientifiques, chercheurs, décideurs politiques et acteurs de la santé publique venus du monde entier y croisent leurs expertises autour du thème: « Au-delà des frontières: renforcer la coopération régionale pour lutter contre la fièvre de Lassa et les maladies infectieuses émergentes ».
Placée sous la présidence du Premier ministre ivoirien, Robert Beugré Mambé, la cérémonie d’ouverture a donné le ton: l’Afrique de l’Ouest ne peut plus se permettre de subir les épidémies à répétition sans renforcer sa solidarité et sa capacité d’action.
« Je voudrais exprimer, au nom du Président Alassane Ouattara, la profonde reconnaissance de l’État de Côte d’Ivoire à la CEDEAO pour avoir choisi Abidjan pour abriter cette grande activité », a déclaré le chef du gouvernement, visiblement ému par la forte participation internationale.
Conscient de la gravité de la situation, Mambé a dressé un tableau alarmant: plus de 65 épidémies enregistrées en Afrique depuis avril 2025, dont le choléra, qui a causé plus de 6 000 décès. La fièvre de Lassa, à elle seule, provoque chaque année 300 000 infections et 5 000 morts dans la région.
« Individuellement, les pays peuvent bien faire, mais collectivement, ils peuvent être excellents », a martelé le Premier ministre, appelant à une riposte commune et vigoureuse.
Il a également salué le rôle de l’Organisation Ouest-Africaine de la Santé (OOAS), cheville ouvrière de la conférence, qui, malgré des ressources financières limitées, multiplie les initiatives pour renforcer la prévention, la préparation et la réponse face aux urgences sanitaires.
Le ministre ivoirien de la Santé, Pierre Dimba, avait auparavant insisté sur la nécessité d’une approche scientifique et multisectorielle.
« Les travaux devront être empreints de rigueur scientifique et d’un esprit de collaboration. Les recommandations qui en découleront orienteront nos politiques nationales et régionales », a-t-il affirmé devant un parterre de chercheurs et de ministres de la Santé de la CEDEAO.
Pour Pierre Dimba, les piliers de la lutte sont clairs: surveillance transfrontalière, réponse rapide, innovations technologiques, y compris les vaccins, engagement communautaire et stratégie de financement.
Il a rappelé que la Côte d’Ivoire, bien que relativement épargnée, reste exposée.
« La fièvre de Lassa a été identifiée comme une menace sanitaire à haut risque », a-t-il averti, en citant les flambées meurtrières de 2024 dans la sous-région.
Face à ce danger, le pays a renforcé ses capacités: mise en place de centres d’opérations d’urgence dans 10 pôles régionaux, amélioration de la détection et de la réponse, élaboration d’un plan d’action national de sécurité sanitaire pour la période 2024-2028. Autant de mesures saluées par les partenaires internationaux, dont l’OMS et la Banque mondiale, présents à Abidjan.
Au-delà des chiffres et des discours, l’enjeu est vital: transformer les résultats de la recherche en actions concrètes pour soulager les populations.
« Je fonde beaucoup d’espoir sur les conclusions de vos travaux », a confié Pierre Dimba, avant de lancer un appel vibrant à la mobilisation collective.
En accueillant ELFIC 2025, Abidjan veut montrer que la Côte d’Ivoire prend toute sa place dans la bataille contre les épidémies.
La réussite de cette conférence dépendra désormais de la capacité des États, chercheurs et partenaires à passer des intentions aux actes.
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