Bouaké, la population d’Adjeyaokro prévient, « si les forces de police reviennent dans notre village, nous allons réagir…»

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Bouaké, la population d'Adjeyaokro prévient, « si les forces de police reviennent dans notre village, nous allons réagir...»
Bouaké, la population d'Adjeyaokro prévient, « si les forces de police reviennent dans notre village, nous allons réagir...»

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Le mardi 29 octobre 2024, les forces de police sensées sécuriser une opération de lotissement d’un opérateur à Adjeyaokro, ont plus où moins été empêchées par les populations qui se sont farouchement opposées à ce processus. Comme révélé par KOACI dans un précédent article, le village quartier Adjeyaokro, situé dans la capitale de la région de Gbêkê, est depuis un certain temps le théâtre d’une opération de lotissement vivement contestée par la population.

Femmes et jeunes, étaient sortis en grand nombre ce mardi là pour faire barrage à cette énième tentative de lotissement. Cette opposition de la population, a fait réagir les forces de l’ordre présentes qui ont fait usage de leurs armes dans l’optique de permettre le bon déroulement du processus de lotissement. Tirs de sommations et de gaz lacrymogènes d’un côté et jets de pierres de la part de la population, ont été les ingrédients qui ont paralysé cette partie de Bouaké durant toute la journée de mardi.

Vingt-quatre heures après la présence des hommes en armes dans ce quartier village, l’accalmie semble de retour. Ce qui a permis ce mercredi 30 octobre 2024 à une frange de la population se sentant dans l’insécurité de quitter les lieux. Face à cette situation, Angoua Félix, le porte parole de la population a tenu à faire des précisions, interpeller les autorités compétentes et mettre en garde contre un autre assaut des forces de l’ordre à Adjeyaokro.

« En dépit de l’arrêté préfectoral suspendant tous les travaux de lotissement dans la région de Gbêkê, nous avons constaté qu’une entreprise est venue le lundi 28 octobre 2024 avec des éléments de police pour reprendre les travaux au sein du village Adjeyaokro. Les villageois se sont opposés, les femmes surtout et ils sont repartis. (…) Le mardi 29 octobre matin, contre toute attente, l’entreprise est venue à Adjeyaokro avec tout un bataillon d’agents de sécurité pour continuer le travail. Les femmes encore se sont attroupées autour d’eux pour les empêcher de faire leurs actions. Les agents pour les disperser, ont lancé des gaz lacrymogènes et il y’a eu des tirs de sommations. Plus de trois femmes sont tombées les pommes. Vers 11 heures, les forces de l’ordre sont partis.

À 14 heures ce mardi là, nous avons vu plus de trois véhicules du CCDO rentrer dans le village. Des habitants ont été matés, plusieurs portes des maisons ont été défoncées pour faire sortir ceux qui y étaient pour les chicoter (…) Ils ont aussi ramassé nos enfants en tenue d’école, des passants, des laveurs de véhicules et gérants de maquis pour les transférer au 5e. Plus de 15 personnes à ma connaissance ont été arrêtées pour dit-on, outrage dans l’exercice de leur fonction. Ce sont des motifs qui ne sont pas valables.

Au regard de tout ce qui est en train de se passer, nous interpellons encore la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance (HABG). Nous les supplions car si réellement nous faisons partie des citoyens qui ont des droits dans cette nation, qu’ils aient un regard sur ce qui se passe à Bouaké précisément à Adjeyaokro. Vraiment, on ne sait plus à quel saint se vouer. Car, une entreprise privée qui est en train de faire un travail et des habitants d’un village s’opposent parce qu’il n’est pas dans la légalité, il n’est pas dans ses droits de le faire, les autorités qui devraient être neutres ont aujourd’hui un parti pris. Que la HABG jette incessamment un regard sur ce qui est en train de se passer à Adjeyaokro.

Il faut signaler que cette affaire de lotissement à Adjeyaokro est devant les tribunaux et elle est toujours pendante et le verdict était attendu pour ce mercredi 30 octobre 2024. Elle a été reportée au 08 janvier 2025. Pourquoi se précipiter pour donner une telle autorisation ? Vraiment nous en souffrons. Tous nos enfants ont été traumatisés. Si on n’a pas de droits qu’on nous le dise car à l’allure où vont les choses, ça risque de devenir autre chose.

Nous demandons aussi au président Ouattara de s’imprégner de la situation à Adjeyaokro. Car hier, une petite fille de deux ans a inhalé du gaz et est tombée dans les pommes. Il a fallu la transférer d’urgence au CHU sinon elle allait perdre la vie. Que le chef de l’État nous vienne en aide (…) Pour le moment, on se maîtrise mais nous ne pouvons pas laisser nos frères croupir injustement dans les prisons. Si rien n’est fait, qu’ils sachent que la population va réagir.

D’une manière ou d’une autre, la population va prendre ses responsabilités et là, ça serait vraiment un trouble total à l’ordre public (…) On ne peut pas autoriser la reprise des travaux ici à Adjeyaokro. S’ils reviennent, on va s’opposer toujours et de la belle manière parce que la première fois nous a surpris et la prochaine ne nous surprendra pas…» a fait savoir à KOACI, celui qui se présente comme le porte parole de la population d’Adjéyaokro.

Il conclut en attirant l’attention des cadres, surtout ceux du RHDP sur le fait que à Adjeyaokro, il existe quatre bureaux de vote.

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