Africa-Press – Côte d’Ivoire. Depuis quelques semaines, la nouvelle hypothèse d’un monte-charge hydraulique qui aurait pu permettre de construire la pyramide égyptienne de Djoser fait débat au sein de la communauté d’égyptologues.
Un système “d’ascenseur hydraulique” pour monter les pierres de construction égyptiennes en haut du complexe funéraire du pharaon Djoser pendant la IIIe Dynastie ? C’est ce qu’avance une équipe française d’hydrologues. Depuis, plusieurs égyptologues ont déjà confié leur scepticisme dans la presse, dont l’un d’eux s’exprime désormais dans nos colonnes.
“Je ne dis pas que cela ne peut pas exister, mais, à ma connaissance, nous n’avons aucun indice, aucun écrit ni vestige archéologique attesté qui témoigne de cette technologie en Égypte ancienne”, pose Emmanuel Laroze, architecte et spécialiste des constructions antiques au Centre National de la Recherche Scientifique, au cours d’un entretien accordé à La Recherche. Selon lui, l’étude hydrologique à l’origine de cette hypothèse qui déconcerte les égyptologues depuis quelques semaines, relève d’un domaine éloigné de celui des techniques de construction.
Une iconographie en faveur des rampes et des traineaux
D’après Emmanuel Laroze, aucun dessin ou écrit égyptien datant de cette époque ne mentionne un système hydraulique comme celui que décrivent les auteurs de l’étude publiée dans Plos One. “L’iconographie égyptienne témoigne fréquemment de procédés différents qui utilisent des rampes et des traineaux. Les représentations de statues ou de charges lourdes – comme des obélisques ou des colonnes – fixées et tirées sur des traineaux sont nombreuses”, argumente Emmanuel Laroze.
Par ailleurs, ces preuves archéologiques s’étalent sur les trois millénaires de Dynasties égyptiennes, témoignant de la pérennité des moyens de transports de matériaux utilisés par les Égyptiens au cours du temps.
Un monte-charge pour des charges “légères”, dans quel intérêt ?
Un autre argument avancé par Emmanuel Laroze est que contrairement aux pyramides qui ont été construites postérieurement à celle de Djoser, les matériaux utilisés sur le plateau de Saqqarah sont bien moins lourds: environ 300 kilos.
Pourtant, les Égyptiens étaient capables de transporter des dizaines de tonnes grâce aux traineaux glissés le long de rampes inclinées. “Pourquoi auraient-ils cherché à utiliser une autre technique que celle qu’ils maîtrisaient parfaitement ? se questionne l’architecte. Mettre en place un système hydraulique aussi sophistiqué pour monter des charges peu lourdes paraît absurde, d’autant qu’aucune preuve ne montre qu’un système hydraulique a été réutilisé par la suite.”
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Côte d’Ivoire, suivez Africa-Press