Africa-Press – Côte d’Ivoire. Dans le sillage des premières grandes pluies de l’année, une mobilisation discrète mais décisive se déploie dans plusieurs villes ivoiriennes. Depuis le mois de juin 2025, le ministère de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité, sous l’impulsion de Bouaké Fofana et dans la vision du président Alassane Ouattara, a engagé une campagne nationale de drainage et de curage des caniveaux. Derrière cet effort, une ambition claire: éviter que les eaux de pluie ne se transforment en torrents destructeurs, protéger les infrastructures et, surtout, préserver des vies.
Les opérations se succèdent dans des communes stratégiques comme Abobo, Yopougon, Marcory et Port-Bouët à Abidjan, mais aussi dans des villes de l’intérieur telles que Yamoussoukro, San Pedro et Korhogo. Les équipes techniques, appuyées par des entreprises privées, creusent, dégagent et collectent des tonnes de déchets, redonnant aux réseaux d’évacuation leur fonction première. Chaque sac d’ordures retiré, chaque canal libéré incarne une bataille remportée contre les inondations.
À Marcory, le responsable de Kamoro Entreprise, N’Guessan N’Guessan Sébastien, décrit un chantier presque bouclé. Son équipe a concentré ses efforts sur les zones sensibles, autour de l’église Sainte-Thérèse, de la Rue Paul Langevin et du boulevard du Cameroun. Le taux d’avancement est estimé à 95 %, malgré la présence persistante de déchets ménagers et plastiques qui saturent encore les canaux. Plus au centre du pays, à Yamoussoukro, Diakité Yacouba, patron d’ETS Diakité Services, salue les progrès mais dénonce certaines pratiques. Selon lui, les dépôts sauvages d’ordures et l’occupation anarchique des caniveaux par des stations de lavage-auto aggravent la vulnérabilité de la capitale politique face aux inondations. Pour éviter de retomber dans les mêmes difficultés, il plaide pour un curage régulier, au moins deux fois l’an, avec l’appui permanent de l’État.
Les témoignages des riverains confirment ce double constat: si l’action du ministre est saluée pour son efficacité et son impact visible, l’incivisme demeure le talon d’Achille. Dans plusieurs quartiers, les caniveaux restent perçus comme des dépotoirs provisoires. Pkan Victorine, habitante de Koumassi, le dit sans détour: « Tant qu’il n’y aura pas de sanctions, les populations ne vont jamais changer. » L’adhésion citoyenne ne semble donc possible que si les campagnes de sensibilisation s’accompagnent d’un dispositif coercitif crédible, respecté et appliqué avec équité.
Les habitants interrogés reconnaissent pourtant que cette dynamique marque un tournant. En combinant curage des caniveaux, opérations de nettoyage et organisation de la Semaine nationale de la propreté, le ministère de Bouaké Fofana redessine peu à peu l’imaginaire collectif de la salubrité en Côte d’Ivoire. Mais pour que ce changement devienne durable, il faudra que l’effort technique s’accompagne d’une véritable révolution des comportements. Dans ce dialogue entre l’État et les citoyens se joue désormais l’avenir d’un pays qui veut bâtir des villes où l’eau circule librement, où les ordures trouvent leur place ailleurs que dans les canaux, et où la propreté cesse d’être une exception pour devenir une norme partagée.
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