Ogre Cosmique: Planète en Formation Gourmande en Gaz

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Ogre Cosmique: Planète en Formation Gourmande en Gaz
Ogre Cosmique: Planète en Formation Gourmande en Gaz

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Les premières observations d’objets planétaires dont la masse est inférieure à treize fois celle de Jupiter, ou 0,013 fois celle du Soleil, datent de l’an 2000. Ce seuil correspond à la limite de fusion de l’hydrogène léger en hélium, nécessaire pour qu’une étoile s’illumine. De tels outils permettent de détecter des corps célestes très peu visibles et lointains sur une longue durée, typiquement de plusieurs heures à plusieurs années.

Cha 1107-7626 fait partie des objets planétaires dits « errants », désignant tout corps céleste n’effectuant aucune orbite autour d’une étoile. Située à 620 années-lumière de la Terre dans la constellation du Caméléon, cette planète peut être assimilée à une géante gazeuse, avec une masse comprise entre cinq et dix fois la masse de Jupiter. Sa taille est déduite mathématiquement à partir de paramètres physiques comme la luminosité totale et la température de surface.

Cependant, Cha 1107-7626 n’est pas une planète à proprement parler: elle est encore en train de se former, en capturant de la matière (accrétion) au sein d’un disque de gaz et de poussières, ce qui en fait un jeune corps céleste. L’âge est particulièrement difficile à estimer du fait de son incertitude associée: « Les âges sont plus incertains que les masses, car l’estimation de la luminosité est plus incertaine que la température effective […] Les objets sont plus jeunes que quelques millions d’années, quantifier des âges inférieurs à cette échelle est davantage difficile », comme le rapporte à Sciences et Avenir Leonardo Testi, astrophysicien à l’université de Bologne (Italie) et co-auteur de cette étude internationale publiée le 2 octobre 2025 dans The Astrophysical Journal Letters.

Objet errant le plus massif

L’observation de la planète errante a été permise grâce à la puissance technologique conjointe du Very Large Telescope (VLT) de l’Observatoire européen austral (ESO) – situé au Chili – et du télescope spatial James Webb.

En outre, ces équipements analysent la structure du disque, notamment visible dans l’infrarouge, car la morphologie des lignes d’émission de certaines molécules sont plus facilement observables et sont étudiées à partir de la méthode de la spectroscopie (étude de la lumière de l’étoile hôte absorbée par les molécules). Les résultats obtenus indiquent que la planète en mouvement libre absorbe une quantité impressionnante de gaz et de poussières, représentant une masse ingérée record de dix millionièmes de fois celle de Jupiter, ce qui équivaut à six milliards de tonnes.

Ce processus d’accrétion (voir la vidéo ci-dessous) participe ainsi à sa croissance, comme nous l’enseignent les modèles de formation des planètes, et change notre vision sur ces dernières: « Le commun des mortels imaginent les planètes comme des mondes calmes et stables. Néanmoins, avec cette découverte, nous voyons que les objets de masse planétaire flottant librement dans l’Espace peuvent être des lieux vivants », comme l’explique Víctor Almendros-Abad – astrophysicien à l’Observatoire Astronomique de Palerme (Italie) et auteur principal de l’étude – dans un communiqué de l’ESO.

Une accrétion variable de matière

Malgré ce taux de croissance gargantuesque, les chercheurs ont remarqué que ce dernier variait considérablement, notamment par l’observation d’un sursaut entre juin 2025 et août de la même année. C’est la première fois qu’un pic d’accrétion, engendré par le champ magnétique de la planète, est constaté chez un objet avec une masse aussi faible et constitue « l’épisode le plus fort jamais enregistré pour un objet de masse planétaire », d’après Víctor Almendros-Abad.

Bien que l’origine des corps errants demeure toujours un mystère, les observations de Cha 1107-7626 semblent indiquer des similitudes d’évolution entre ce corps céleste et des jeunes étoiles en raison du maximum d’accrétion exercé: « Cette découverte trouble la transition évolutive entre les étoiles et les planètes et nous fournit un aperçu des premiers instants de la formation des planètes errantes », explique Belinda Damian, astronome à l’Université Saint-Andrews (Royaume-Uni) et co-autrice du papier de recherche, dans le même communiqué.

Aussi présent lors de la formation des étoiles, le phénomène d’accrétion maximale apparaît comme un critère déterminant dans leur évolution et peut générer des changements physico-chimiques sur le disque, ce qui affecte les premiers stages de la naissance des planètes. Des observations avec le futur Extremely Large Telescope (ELT) permettront de mieux comprendre le comportement des disques d’accrétion dans le cas de planètes géantes gazeuses.

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