Africa-Press – Côte d’Ivoire. Dans les sédiments du Staffordshire, au Royaume-Uni, les chercheurs ont exhumé un spécimen exceptionnel de Platysomus parvulus. Cet actinoptérygien, poisson à nageoires rayonnées qui vivait il y a 310 millions d’années, possédait une configuration dentaire unique pour son époque. En effet, il était équipé de plaques dentaires disposées à la fois sur le palais et sur le squelette branchial. Grâce à elles, l’animal pouvait maintenir, écraser et déchiqueter des proies coriaces comme des coquillages. Les scientifiques parlent d’une « morsure de langue », une innovation qui fonctionnait comme une seconde mâchoire interne. Jusqu’ici, les plus vieux poissons connus dotés d’un tel système vivaient 150 millions d’années plus tard.
Un broyeur à coquillage caché dans la bouche
Une équipe internationale dirigée par Sam Giles de l’Université de Birmingham a utilisé la microtomographie à haute résolution pour reconstituer en 3D l’anatomie interne du fossile, remarquablement bien conservé. Elle a ainsi mis en évidence une plaque inférieure complexe et une plaque supérieure plus fine, toutes deux garnies d’une seule rangée de dents pointues.
Cette organisation témoigne d’un stade intermédiaire entre les poissons à simple mâchoire et ceux, plus tardifs comme les Bobasatrania, qui utilisaient exclusivement leurs dents palatines (du palais) pour broyer leur nourriture. « Notre découverte aide à comprendre comment les poissons ont évolué après l’extinction du Dévonien, en expérimentant de nouvelles formes corporelles et de nouvelles stratégies alimentaires », souligne, dans un communiqué, Sam Giles.
Une étape clé après l’extinction du Dévonien
Ces résultats, publiés dans la revue Biology Letters, s’inscrivent dans un contexte d’innovation rapide qui a suivi l’extinction de la fin du Dévonien, il y a environ 360 millions d’années. Elle a causé la disparition d’environ 75% des espèces avec un coup porté principalement chez les organismes marins. Sur la terre ferme, les plantes et animaux ont, semble-t-il, mieux résisté mais la pauvreté du registre fossile terrestre rend difficile toute évaluation précise.
« Les morsures de langue ne sont qu’une des nombreuses solutions alimentaires apparues à cette époque », rappelle Matt Friedman, l’un des auteurs de l’étude. « Elles montrent comment ces expérimentations ont façonné les écosystèmes anciens et ouvert la voie à la diversité des poissons modernes ».
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