Découverte Des Joyaux Du Patrimoine Djiboutien

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Découverte Des Joyaux Du Patrimoine Djiboutien
Découverte Des Joyaux Du Patrimoine Djiboutien

Africa-Press – Djibouti. Dans l’écrin minéral et solaire de la Corne de l’Afrique, notre pays révèle un trésor encore trop méconnu: un patrimoine d’une densité fascinante, qui se déploie dans le silence des montagnes, au creux des forêts oubliées, et jusque dans les fonds marins cristallins. Inscrits sur la liste indicative nationale en vue d’un classement au patrimoine mondial de l’UNESCO, dix sites culturels, naturels et mixtes dessinent les contours d’un pays à la fois ancien et résolument contemporain.
La Nation vous emmène à la rencontre de ces lieux, mémoire vive d’un territoire à la croisée des mondes.
Des pierres et des hommes: la mémoire gravée du passé

À Tadjourah et Ali-Sabieh, des cercles de pierres noires, dressés dans les plaines et sur les hauteurs, veillent sur l’histoire oubliée des ancêtres: ce sont les tumulus, appelés localement Awellos. Monuments funéraires de plus de 5 000 ans, ils varient selon la position sociale du défunt, leurs formes – aplaties ou pyramidales – se fondant dans le relief comme des signatures ancestrales. Ce patrimoine fragile, menacé par les pillages, appelle aujourd’hui à une action urgente de protection et de valorisation. Non loin, au cœur du massif de Makarrassou, les gravures rupestres d’Abourma offrent un témoignage exceptionnel sur la vie des sociétés agro-pastorales anciennes. Scènes de chasse, affrontements, parades d’animaux — tout un monde d’avant l’écriture prend forme sur trois kilomètres de roches sculptées par la main de l’homme. Abourma se distingue par son étendue et la finesse de ses représentations, véritable encyclopédie visuelle d’un temps où le désert était encore verdoyant.

Djibouti-ville: carrefour historique et témoin d’une modernité naissante

Au tournant du XIXe siècle, Djibouti-ville se structure comme un pôle stratégique du commerce et de l’administration coloniale. Le transfert du gouvernorat en 1890, suivi de l’ouverture du port et de la gare en 1900, donne naissance à un paysage urbain historique d’une grande richesse. Autour de la Place Ménélik et du Plateau du Marabout, les bâtisses coloniales, mêlant influences orientales et européennes, racontent une autre facette du patrimoine: celle d’une ville ouverte sur le monde, témoin de la modernité portuaire et ferroviaire de la région.

L’or blanc et les silences salés du lac Assal

Le lac Assal, point le plus bas du continent africain (-153 m), s’étend dans un univers minéral et saisissant. Son eau, dix fois plus salée que celle des océans, fait scintiller la plaine d’une blancheur aveuglante. Depuis des siècles, le sel y est extrait à la main et transporté par des caravanes de dromadaires vers les hauts plateaux. Classé depuis 2004, ce site d’exception conjugue extrême aridité et vitalité économique ancestrale, dans un équilibre aussi fragile que fascinant.

Trésors marins et insulaires: Moucha, Maskali et les Sept Frères

À l’embouchure du golfe de Tadjourah, les îles Moucha et Maskali émergent comme des perles coralliennes du Pléistocène. Mangroves, jardins de corail, et faune marine remarquable composent un sanctuaire écologique. Requins-baleines, tortues, oiseaux marins – dont plusieurs espèces endémiques – y trouvent refuge, faisant de ces îlots des lieux prisés tant par les chercheurs que les amoureux de nature.

Plus au nord, dans la région d’Obock, les îles des Sept Frères, volcans endormis posés sur la mer, prolongent cette mosaïque insulaire. Autour d’elles, les mangroves de Godoria, les monts Mabla couverts de forêts relictuelles, et une biodiversité unique incarnée par le francolin de Djibouti composent un tableau naturaliste d’exception. Cette région, encore largement préservée, est un écrin de vie à la frontière entre terre et mer.

Le Day: ultime forêt, ultime refuge

Perchée sur les hauteurs du massif du Goda, la forêt du Day est la dernière grande formation boisée du pays. Jadis étendue sur 7 500 hectares, elle se résume aujourd’hui à moins de 900, rongée par les feux, les sécheresses et les pressions humaines. Elle abrite un microclimat singulier, qui permet à des espèces rares, comme le palmier de Bankoualé, de subsister. Le parc national, déclaré aire protégée en 2004, est aussi le dernier refuge pour certaines espèces en voie d’extinction, à l’instar du francolin de Djibouti.

Assamo et Djalélo: terres de grâce pour espèces rares

Dans les régions d’Ali-Sabieh et d’Arta, deux aires naturelles protégées, créées en 2011, incarnent la volonté de Djibouti de préserver sa faune unique. À Assamo, vit l’insaisissable antilope Beira, silhouette gracile adaptée aux zones semi-désertiques. À Djalélo, c’est la gazelle de Waller, surnommée « gazelle girafe », qui évolue dans un paysage de savane clairsemée. Ces réserves, interdites à la chasse et à la cueillette, sont des laboratoires vivants de la conservation en milieu aride.

Lac Abbé: un décor surnaturel et une mémoire enfouie

Enfin, au sud-ouest, à la frontière avec l’Éthiopie, le lac Abbé déroule ses paysages d’un autre monde. Ses cheminées de vapeur sulfureuses, qui percent la croûte terrestre comme autant de colonnes d’un temple oublié, forment un décor quasi mystique. Mais ce site est aussi profondément culturel: les fouilles des sites d’Asa Koma et Barogali ont révélé des vestiges d’habitats et de faune datant de plusieurs millénaires. Aujourd’hui, les flamants roses et les oiseaux migrateurs en font un carrefour écologique d’envergure.

Préserver, transmettre, inscrire dans la durée

À l’heure où les changements climatiques et les pressions humaines menacent les équilibres les plus subtils, Djibouti affirme, à travers cette liste indicative nationale, sa volonté de valoriser un patrimoine unique, enraciné dans des traditions millénaires et des paysages d’exception. L’inscription de ces sites sur la Liste du patrimoine mondial constituerait une reconnaissance internationale de leur valeur, mais aussi un engagement solennel à les protéger pour les générations à venir. Car ici, dans les plis de la pierre, dans les reflets de l’eau, dans les chants des oiseaux et les murmures des peuples anciens, résonne l’âme d’un pays, fière et fragile à la fois. Le patrimoine de Djibouti n’est pas seulement un héritage du passé: il est une promesse d’avenir.

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