SALON INTERNATIONAL DU LIVRE DE DJIBOUTI Deux journées au cœur de l’engagement : culture solidaire et hommage aux voix féminines

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SALON INTERNATIONAL DU LIVRE DE DJIBOUTI Deux journées au cœur de l’engagement : culture solidaire et hommage aux voix féminines
SALON INTERNATIONAL DU LIVRE DE DJIBOUTI Deux journées au cœur de l’engagement : culture solidaire et hommage aux voix féminines

Africa-Press – Djibouti. Le mardi 22 et mercredi 23 avril 2025, le Salon du Livre de Djibouti a vibré au rythme de deux journées riches en émotions, en engagements et en célébration du verbe.

Une matinée pour la Palestine, une parole universelle

Le mardi, la deuxième journée du Salon a été entièrement consacrée à la solidarité avec le peuple palestinien. Dès l’aube, les visiteurs ont pu explorer l’exposition permanente, avant d’assister à une matinée culturelle bouleversante organisée en partenariat avec le Complexe scolaire Al Rahma.

Sous le thème « Matinée culturelle dédiée à la Palestine », les élèves ont livré des prestations poignantes de poésie, de théâtre et de chants, exprimant à la fois la douleur et l’espoir d’un peuple meurtri.

Le discours d’ouverture du Directeur général de l’Agence Nationale pour la Promotion de la Culture, M. Mohamed Houssein Doualeh, a souligné avec force que la culture peut être une arme pacifique de résistance et de justice.

À ses côtés, le Commissaire général du Salon, M. Omar Youssouf Ali, a rappelé que la Palestine, invitée d’honneur, incarnait l’essence même du thème de l’édition 2025: « La solidarité autour du livre ». Cette matinée fut un vibrant hommage à la résilience, illustrant que les mots peuvent franchir les frontières, panser les blessures et porter la mémoire.

Une reconnaissance littéraire et un hommage aux voix féminines

Le lendemain, mercredi 23 avril, le Salon a poursuivi sur une note d’excellence avec la remise du Prix de la troisième édition du Salon International du Livre de Djibouti.

En présence de la ministre de la Jeunesse et de la Culture, du directeur général de l’ANPC, de l’ambassadeur du Japon, de l’ambassadeur à la retraite M. Aretha, ainsi que de la représentante de l’OIF à Djibouti, la romancière Choukri Osman Guedi a été consacrée pour son œuvre « Le Fantôme de la Poudrière ».

Déjà auteure de plusieurs ouvrages, Mme Choukri signe ici un roman salué pour sa justesse, son style limpide, la sincérité de ses personnages et sa résonance profonde avec l’expérience djiboutienne.

La journée s’est poursuivie avec un marathon lecture, événement fédérateur au cours duquel un roman (le rêve d’un pêcheur de Hemley Boum): un passage du roman est lu à tour de rôle et sans interruption jusqu’à son terme, symbole d’endurance littéraire et d’amour du livre.

En clôture, un panel passionnant sur “la littérature et les femmes djiboutiennes” a rassemblé un auditoire captivé. Animé par le commissaire du Salon, M. Omar Youssouf, il a réuni Mme Arafo (libraire et éditrice), Dr Amina Nouh, Mme Aïsha Robleh (ancienne ministre et dramaturge), et Choukri Osman Guedi, la lauréate du prix. Ensemble, ils ont évoqué les défis, les avancées et les espoirs pour une littérature féminine djiboutienne toujours plus visible et entendue.

Ces deux journées, mêlant l’hommage aux luttes du monde et la célébration des talents féminins nationaux, ont illustré avec éclat le rôle central du Salon du Livre de Djibouti: être une tribune vivante, engagée et profondément humaine.

FOCUS SUR LES EDITEURS NATIONAUX

Dans un paysage littéraire djiboutien en plein essor, trois maisons d’édition jouent un rôle fondamental dans la structuration et la valorisation de la création locale: Discorama, Deeqsan et Le Francolin. Portées par des passionnés de littérature, ces structures éditoriales indépendantes incarnent à la fois des foyers de création, des tremplins pour les auteurs émergents, et des garantes de la diversité linguistique du pays. À leurs côtés, le Ministère de la Jeunesse et de la Culture de la République de Djibouti déploie des efforts constants pour soutenir, professionnaliser et promouvoir l’ensemble de la chaîne du livre. C’est une dynamique résolue en faveur du rayonnement culturel national que nous présentons ici, à travers l’étude de ces trois piliers de l’édition djiboutienne.

La chaîne du livre à Djibouti: une architecture encore fragile mais en évolution

La chaîne du livre repose sur une série d’acteurs complémentaires qui interviennent de la naissance à la diffusion d’un ouvrage: l’auteur, l’éditeur, le maquettiste, l’imprimeur, le diffuseur, le libraire et enfin, le lecteur. Cette architecture, si fluide dans les écosystèmes littéraires bien établis, reste encore perfectible à Djibouti, où plusieurs maillons souffrent d’un manque de structuration ou de moyens. Néanmoins, deux piliers demeurent essentiels dans ce dispositif: l’auteur, source première de la création, et l’éditeur, passeur, bâtisseur et accompagnateur de l’œuvre.

Dans ce contexte, le rôle des maisons d’édition locales est crucial: elles assurent la transformation d’un manuscrit en livre abouti, prêt à rencontrer son public, tout en garantissant un accompagnement éditorial attentif. C’est à travers elles que se construit la littérature djiboutienne contemporaine. Trois maisons, en particulier, se distinguent par leur engagement, leur diversité éditoriale et leur ancrage local: Discorama, Deeqsan et Le Francolin. Le Ministère de la Jeunesse et de la Culture, conscient de leur rôle stratégique, leur apporte un soutien actif et multiforme, de la promotion des œuvres à leur diffusion, en passant par l’accompagnement institutionnel.

Discorama: une maison d’édition littéraire à l’écoute des langues nationales

Créée en 2007 par Kalpesh Dudhela, Discorama est une maison d’édition indépendante opérant en République de Djibouti. Installée dans la Zone Industrielle Sud (ZIS Boulaos), cette structure, forte de cinq employés permanents, a commencé son activité en publiant des cartes postales avant de s’orienter pleinement vers l’édition littéraire.

Discorama se spécialise aujourd’hui dans la littérature d’expression française (80 % de son catalogue), tout en valorisant l’édition en langues nationales, notamment le somali (16 %) et l’afar (2 %). Elle édite romans, nouvelles, pièces de théâtre, et se consacre également à la littérature jeunesse. Bien qu’elle n’ait pas encore introduit l’édition bilingue, elle reste ouverte à cette évolution.

La maison dispose d’un comité de lecture rigoureux qui sélectionne les manuscrits selon des critères littéraires exigeants. Elle accorde une attention particulière à l’accompagnement de l’auteur tout au long du processus éditorial: de la mise en page à la promotion sur les réseaux sociaux. Ses ouvrages, diffusés localement et lors d’événements littéraires, sont imprimés entre 300 et 1000 exemplaires, avec des prix oscillants entre 2 000 et 4 500 DJF.

Discorama milite pour un soutien accru du secteur public, regrettant l’absence de subventions structurelles pour l’édition locale. Elle plaide pour une politique culturelle plus ambitieuse, notamment en matière de promotion des auteurs djiboutiens et de diffusion de leurs œuvres dans les établissements scolaires et institutions publiques.

Deeqsan: maison du patrimoine et des voix djiboutiennes

Fondée en 2022, Deeqsan Éditions s’inscrit dans une perspective de transmission, de mémoire et de modernité. Elle s’attache à publier des textes à forte valeur culturelle, en mettant en lumière la richesse du patrimoine littéraire djiboutien, notamment à travers les contes, récits populaires, essais et œuvres de fiction contemporaine.

Son ambition est double: proposer un espace éditorial exigeant pour les plumes émergentes et consolider un fonds documentaire en lien avec les réalités sociales, linguistiques et historiques du pays. Deeqsan publie en français, somali et afar, avec une volonté affirmée de soutenir la création dans les langues nationales.

Grâce à son comité éditorial composé de chercheurs, écrivains et traducteurs, Deeqsan travaille dans une logique de qualité et de durabilité. Elle projette également la création de ressources numériques et d’archives audiovisuelles, en lien avec les initiatives de collecte du patrimoine oral, soutenues par le Ministère de la Jeunesse et de la Culture.

Le Francolin: une maison d’édition ancrée dans l’innovation et l’ouverture

Créée en 2019 par Arafo Salah, Le Francolin est une maison d’édition associative située à Gabode II. Forte de quatre employés permanents, elle se distingue par la diversité de son catalogue et par sa capacité à embrasser l’ensemble des genres littéraires: poésie, littérature générale, bandes dessinées, albums jeunesse.

Le Francolin fait figure de pionnière dans l’édition bilingue à Djibouti. En plus des publications en français (80 %), elle accorde une place significative aux langues nationales: 15 % en somali et 15 % en afar, avec des éditions bilingues français-somali et français-afar. Cette pluralité linguistique constitue un atout dans un pays où les langues jouent un rôle identitaire fort.

Le processus éditorial s’appuie sur un comité de lecture et des appels à projets. L’équipe accompagne les auteurs à toutes les étapes: réécriture, correction, illustration, mise en page, communication. Les tirages, compris entre 500 et 1 000 exemplaires, sont écoulés via les librairies locales, les salons littéraires, la vente en ligne et, fait notable, par le biais de distributeurs internationaux.

Le Francolin participe à plusieurs salons du livre prestigieux, notamment à Paris et à Abidjan, et entretient des partenariats avec des maisons africaines et européennes telles que L’Harmattan, Alep Éditions, ou encore l’Institut Français de Djibouti.

Un ministère mobilisé pour soutenir et structurer le secteur éditorial national

Le Ministère de la Jeunesse et de la Culture joue un rôle fondamental dans le développement des trois maisons d’édition nationales. Conscient des nombreux défis auxquels celles-ci sont confrontées — qu’il s’agisse des coûts élevés de l’impression, de l’accès limité aux circuits de diffusion, ou encore du besoin de formation pour les auteurs et les éditeurs —, le Ministère leur apporte un soutien actif, tant sur le plan logistique qu’institutionnel.

Ce soutien se concrétise notamment par l’organisation régulière de salons du livre, l’acquisition d’ouvrages destinés aux bibliothèques publiques, l’accompagnement des professionnels du secteur dans leur montée en compétence, ainsi que par la mise en œuvre de politiques publiques incitatives. Dans une perspective d’avenir, le Ministère entend renforcer cet appui par la création de mécanismes de subvention pérennes, la promotion de la mise en réseau régionale des acteurs du livre, et l’intégration progressive des ouvrages nationaux dans les programmes scolaires.

Le principal levier d’action du Ministère dans le domaine culturel réside dans la Direction de la Culture, placée sous la houlette de Madame Fadoumo Abdi Issé, plus connue sous le nom de Filsan. Cette direction comprend notamment le Service du livre, maillon essentiel de la politique éditoriale nationale. Chaque année, ce service reçoit les manuscrits d’une cinquantaine d’auteurs djiboutiens émergents, de tous âges. Les manuscrits les plus prometteurs sont sélectionnés, révisés, mis en forme, puis publiés.

À l’initiative de Madame la Ministre de la Culture, la Direction de la Culture prend également l’initiative d’éditer des ouvrages dans des domaines jugés pertinents pour le lectorat national, en mettant un accent particulier sur la préservation et la valorisation du patrimoine oral djiboutien: chansons, poèmes, pièces de théâtre en langues nationales, contes et légendes traditionnels.

Ci-dessous figure un échantillon des ouvrages publiés par le Ministère de la Jeunesse et de la Culture:

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