Il était une fois une banque d’Afrique

24
Il était une fois une banque d’Afrique
Il était une fois une banque d’Afrique

Africa-Press – Djibouti. On n’est jamais mieux servi que par soi-même. » Un adage qui s’impose au fil des pages de La saga Bank of Africa – Du Mali à Madagascar, paru en décembre 2022 et écrit par l’économiste africanophile Paul Derreumaux, cofondateur du groupe bancaire panafricain. Né au Mali à la fin de 1982 dans un immeuble vétuste de la rue Kassé-Keita, dans le quartier de Niaréla, à Bamako, Bank of Africa Mali est devenu, quarante ans plus tard, un groupe tentaculaire implanté dans 18 pays.

Accents utopiques

L’aventure Bank of Africa a commencé après qu’un homme, « le ministre », a formé un vœu : créer, au Mali, une banque commerciale privée avec des capitaux africains. Un souhait aux accents utopiques, notamment parce qu’à l’époque le Mali ne fait plus partie de l’Union monétaire ouest-africaine dont la monnaie commune, le franc CFA, gage d’une certaine stabilité aux yeux des investisseurs. Mais qu’importe. L’autoproclamée « banque d’Afrique » éclora « de l’idée d’un homme et de l’énergie d’un trio ».

L’homme en question, Mohamed Tiécoura Diawara (MTD), un Malien ayant grandi en Côte d’Ivoire, a été ministre du Plan sous Félix Houphouët-Boigny, et a fondé le Club de Dakar, un cercle de référence pour les questions de sous-développement. MTD a aussi mangé son pain noir quand, en 1984, il s’est retrouvé au centre d’une gigantesque affaire – révélée dans nos colonnes – de détournement de fonds au sein de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (alors CEAO). Un scandale qui aurait pu sonner le glas pour le jeune établissement.

Mais l’histoire se poursuivra grâce à un autre membre du trio, Boureima Sylla. Ce commerçant malien d’origine soninké a su entendre, avec discernement, les difficultés de ses compatriotes investisseurs et commerçants qui cherchaient « une réponse adéquate aux difficultés rencontrées quotidiennement pour le financement de leurs activités ». L’auteur de l’ouvrage, cheville ouvrière de l’extension du réseau Bank of Africa, posera la première brique de l’édifice, dirigera le groupe et prendra la présidence du conseil de l’ensemble des filiales qui naîtront par la suite.

Les leçons des déboires

Des rêves d’origine à la consolidation d’une banque présente « de Dakar à Madagascar », avec dix filiales d’ouest en est du continent et alors que la Banque marocaine du commerce extérieure (BMCE) s’apprête à entrer dans son capital, l’économiste offre une boîte à outils pour entreprendre au sud du Sahara. Tout est abordé : du choix des « recrues » et de leur formation, science de l’identité visuelle, partenariats, relations avec les États dans une période jalonnée de crises…

Si davantage de récits relatifs tels que celui-ci avaient existé, peut-être que certains aventuriers de la finance ne se s’y seraient pas risqués. Derreumaux a su retirer les leçons des pires déboires connus par l’établissement, dont le plus marquant reste l’affaire de la « furia batave » (un bras de fer avec un des actionnaires de la banque), qui signe la fin de l’ère Bank of Africa, version originale. Même si BMCE, qui finit par racheter Bank of Africa le 1er janvier 2011, après une prise de contrôle en 2008, fera finalement sien le nom de la banque du Mali plus tard. À contre-courant de la pratique, qui veut que le racheté abandonne son nom commercial au profit de celui de l’acheteur.

Un récit où l’on croise d’autres futurs grands groupes financiers du continent. Ainsi d’Ecobank, littéralement « la banque des Communautés de la Cedeao » (Ecowas en anglais), ou du futur géant marocain des assurances Saham, qui rachète au fondateur de Colina, Michel Pharaon, la totalité de ses parts, dont une partie a appartenu un temps à Bank of Africa. Pour ceux qui aiment l’entrepreneuriat, ce livre constitue un bon point de départ.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Djibouti, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here