Pour les pays pauvres, bientôt le printemps de la dette ?

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Pour les pays pauvres, bientôt le printemps de la dette ?
Pour les pays pauvres, bientôt le printemps de la dette ?

Africa-Press – Djibouti. Le 12 avril, dans le cadre des réunions de printemps de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI), se sont réunis les pays débiteurs, les représentants du secteur privé et les institutions financières internationales, pour discuter des moyens d’accélérer et de rationaliser les efforts de restructuration de la dette.

À ce jour, et d’après les déclarations de Kristalina Georgieva, la patronne du FMI, 15 % des pays à faibles revenus subissent déjà une crise de la dette et 40 % se rapprochent de cette situation.

Avancement du dossier zambien

Cette rencontre a précisément porté sur les mesures qui peuvent être prises dès à présent pour rendre plus efficaces les processus en cours. Et ce, y compris pour le Cadre commun instauré par le G20 et les créanciers membres du Club de Paris, qui a pris le relais à l’Initiative de suspension du service de la dette (ISSD) adoptée d’urgence au plus fort de la crise de Covid-19.

Seul le Tchad a pu en bénéficier à ce jour, mais de « bonnes nouvelles » concernant la Zambie pourraient néanmoins être annoncées la semaine prochaine, à en croire les déclarations de Ceyla Pazarbasioglu, responsable de la stratégie du FMI. « La plupart des questions en suspens avec la Chine ont été résolues dans le cas spécifique de la Zambie, ce qui est porteur d’espoir », a-t-elle développé. La dette du pays d’Afrique australe, qui s’élève à plus de 13 milliards de dollars, est détenue à 30 % par Pékin. Pas de précisions concernant les cas de l’Éthiopie et du Ghana, qui ont formulé des demandes similaires.

Interrogée par Jeune Afrique, Catherine Patillo, directrice adjointe du département Afrique au FMI, a souligné que « l’endettement des pays africains dépend à la fois de facteurs externes et internes. Chaque situation doit donc être examinée au cas par cas, ce qui explique les délais différents dans le traitement des dossiers. La résolution du dossier du Tchad, et l’avancement de celui de la Zambie, témoignent de l’efficacité du Cadre commun », estimant l’institution « confiante » pour les autres pays concernés.

L’impératif de la coordination

Sans proposer de plan d’action concret à ce stade des discussions, les différents participants se sont toutefois accordés pour dire qu’un meilleur partage de données macroéconomiques doit impérativement être effectué pour faciliter la coopération entre les États et les créanciers.

LA BM ET LE FMI ONT ÉMIS LA POSSIBILITÉ D’AUGMENTER LEUR NIVEAU DE PRÊTS ANNUELS STATUTAIRE

En amont des réunions de printemps, David Malpass, président sortant de la BM, a justement indiqué que les processus de restructuration de la dette nécessitaient l’établissement de calendriers clairs pour les diverses étapes telles que la formation des comités de créanciers, la fourniture de garanties de financement et la signature des accords de restructuration proprement dits. Le FMI et la Banque mondiale se sont à cet égard engagés à publier des orientations sur le partage de l’information.

Les participants ont également souligné la nécessité pour les Banques multilatérales de développement (BDM) de faire preuve de plus de volontarisme dans la gestion de l’endettement, notamment par un appui budgétaire nécessaire à la poursuite du développement des pays les plus pauvres.

Un appel au déblocage de nouveaux fonds a été formulé, la question du financement de l’économie mondiale étant au cœur de ces réunions de printemps. Dans le cadre de réformes internes aux institutions, la BM et le FMI ont présenté de nouveaux instruments de financement et émis la possibilité d’augmenter leur niveau de prêts annuels statutaire.

Les conditions de Pékin

D’ici au 16 avril, seront organisés d’autres ateliers et rencontres sur les principes relatifs aux dates de clôture, à la suspension formelle du service de la dette, au traitement des arriérés et au périmètre de la dette à restructurer.

En parallèle, le ministre japonais des Finances, Shunichi Suzuki, a déclaré que le Japon, la France et l’Inde allaient mettre en place une nouvelle plateforme de coordination pour la restructuration de la dette, soulignant au passage qu’il serait « très bien » que Pékin rejoigne l’effort.

Pour l’heure, la Chine n’a fait aucune déclaration en ce sens. Toutefois, l’agence Reuters a rapporté que Pékin était prêt à revenir sur sa demande de partage des pertes par les banques multilatérales de développement lors des processus de restructuration en échange d’un accès privilégié aux analyses de viabilité de la dette élaborées par FMI et la Banque mondiale.

Les institutions multilatérales sont, selon l’usage, exemptées de participation aux processus d’allègement de la dette. Mais Pékin avait demandé à ces dernières de déroger à la règle.

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