Pourquoi GSMA, lobby mondial des télécoms, investit la tech africaine

7
Pourquoi GSMA, lobby mondial des télécoms, investit la tech africaine
Pourquoi GSMA, lobby mondial des télécoms, investit la tech africaine

Africa-Press – Djibouti. Connexion pour tous, adoption de normes mondiales, soutien aux gouvernements. Depuis près de trente ans, l’association Global System for Mobile Communication (GSMA), forte de ses 750 opérateurs membres issus de 220 pays, plaide la cause des télécoms dans le monde. Alors que son travail a, par exemple, permis aux pays membres de l’OCDE de revendiquer un taux d’adoption de la 4G de plus de 100%, l’association s’attache à combler le fossé de la connectivité dans les régions retardataires, comme l’Asie du Sud-Est ou l’Afrique.

Sur le continent africain, au quotidien, une vingtaine de personnes font du lobbying auprès des autorités gouvernementales. Elles rédigent également des études d’impact ou de veille sur le développement du marché du mobile ou sur la connectivité. Depuis quelques années, la GSMA s’aventure en outre dans l’écosystème innovant africain. Et ce, à un niveau de détail inédit.

Fonds d’innovation

« Les premiers soutiens financiers que nous avons apportés, en 2012, étaient essentiellement dirigés vers des ONG ou des opérateurs télécoms. Le virage vers les start-up s’est fait entre 2016 et 2017 », explique Max Cuvellier, directeur de la fondation Mobile for Development, qui dépend de la GSMA et qui comprend notamment le fonds de la GSMA pour l’innovation (GSMA Innovation Fund). Ce dernier – abondé par des fonds issus des coopérations britannique, suédoise ou allemande – fonctionne sur les mêmes principes qu’un investisseur en capital-risque. Seule différence : ses investissements ne se font pas systématiquement en contrepartie d’une part au capital de la jeune pousse bénéficiaire.

« Actuellement, le fonds d’innovation accompagne entre 15 et 20 start-up sur le continent », explique ce français diplômé de HEC et installé à Londres. En 2022, GSMA Innovation Fund aurait, selon lui, examiné 500 candidatures et accordé des bourses – comprises entre 150 000 et 200 000 dollars – à onze jeunes pousses africaines.

Au fil des ans, aux yeux des investisseurs en capital-risque, GSMA Innovation Fund a endossé le rôle de façonneur d’entreprises innovantes à potentiel, à l’image de Twiga Foods, l’une des références est-africaine en matière de place de marché pour les agriculteurs. Soutenue par GSMA à partir de 2017, la start-up kényane a levé depuis plus de 157 millions de dollars auprès de références continentales en capital-risque comme TLCom, de bailleurs internationaux comme IFC ou de banques comme Goldman Sachs.

Soutenir indirectement la demande en connectivité

« Le principal indicateur de notre succès reste la levée en capital qu’est capable de réaliser une start-up auprès d’investisseurs privés à l’issue de notre accompagnement », estime le Français qui, avec son compatriote et ami Maxime Bayen, directeur des investissements chez Catalyst Fund, a créé la plateforme de suivi des levées de fonds africaines, Africa : The Big Deal.

En Côte d’Ivoire, GSMA Innovation Fund a également contribué, à partir de 2018, à l’essor de Coliba, une start-up spécialisée dans le recyclage de déchets, fondée par Genesis Ehimegbe et Yaya Bruno Koné. Celle-ci est en passe de conclure une levée de fonds de 11,5 millions d’euros pour construire une usine de recyclage, consolider sa présence au Ghana et lancer ses activités dans de nouveaux pays.

Pour le lobby des télécoms, soutenir le maillage local d’entreprises innovantes permet indirectement de soutenir la demande de connectivité. « Nous le faisons parce que peu d’acteurs peuvent se positionner sur cette phase de développement des jeunes pousses, et parce que nous pouvons mettre ces dernières en relation avec les opérateurs télécoms qui cherchent en permanence à nouer des partenariats avec des acteurs locaux », justifie Max Cuvellier. Cela a d’ailleurs été le cas entre Coliba et les deux principaux opérateurs de Côte d’Ivoire : Orange et MTN.

MWC Africa

Fort de ce rôle de catalyseur, la GSMA, qui est également l’organisatrice du Mobile World Congress, la grand-messe annuelle des télécoms qui se tient depuis 2013 à Barcelone (Espagne), a décidé de décliner l’événement sur le continent. En octobre 2022, le Mobile World Congress Africa (MWC Africa) a réuni près de 1 000 entreprises du secteur à Kigali. Pour l’association, l’objectif est double : « Être une plateforme de conversation pour les différents acteurs du numérique, ce qui nous permet de capter des fonds supplémentaires issus de la commercialisation des espaces d’exposition pendant l’événement afin de financer le reste de nos activités », explique Angela Wamola, directrice de l’Afrique subsaharienne chez GSMA et ex-directrice de la stratégie de Safaricom.

Le choix de Kigali comme lieu de cette première édition a été favorisé par la présence du siège de Smart Africa sur place. L’Alliance, qui veut dynamiser le secteur du numérique sur le continent, est en effet partenaire à l’événement. En retour, la GSMA épaule l’institution que dirige Lacina Koné dans les travaux qu’elle mène dans le cadre de la Commission sur le large bande pour le développement durable (Broadband Commission) de l’Union internationale des télécommunications (UIT).

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Djibouti, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here