Investiture du Président de la Commission de l’Union Africaine, SEM Mahmoud Ali Youssouf : Un homme, un continent, une destinée Dossier réalisé par A.A.-MAHE

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Investiture du Président de la Commission de l’Union Africaine, SEM Mahmoud Ali Youssouf : Un homme, un continent, une destinée Dossier réalisé par A.A.-MAHE
Investiture du Président de la Commission de l’Union Africaine, SEM Mahmoud Ali Youssouf : Un homme, un continent, une destinée Dossier réalisé par A.A.-MAHE

Africa-Press – Djibouti. Le jeudi 13 mars 2025 restera sans nul doute, gravé à jamais dans la mémoire de tous les Djiboutiens puisque désormais, un enfant du pays trône à la tête de la Commission de l’Union Africaine.
En effet, c’est ce jour-là que notre ancien Ministre des Affaires Etrangères, SEM Mahmoud Ali Youssouf, a été investi dans sa nouvelle fonction au cours d’une cérémonie de passation qui s’est déroulée au siège de l’Union Africaine à Addis-Abéba.
Cette cérémonie d’investiture s’est déroulée en présence du Président en Exercice de l’UA, SEM Joao Manuel Goncalves, Président de la République d’Angola et du Président de la République Fédérale et Démocratique d’Ethiopie, SEM Taye Atske SAelassie. Ainsi que de tous les représentants permanents accrédités auprès de l’UA dont, l’Ambassadeur de la République de Djibouti en Ethiopîe, SEM Abdi Mahmoud Eybe.
Dès son élection le 15 février 2025, l’image du diplomate Djiboutien a rallumé une étincelle d’espoir dans le cœur de ce peuple africain qui s’est remis soudain, à y croire. Un peuple en quête de nouveau leadership, porteur de nouvelles visions et intègre. Si cette nomination suscite déjà une grosse attente à bien des égards, le parcours hérité reste semé d’embûches. Pourra-t-il défier et franchir avec aisance les innombrables obstacles qui vont se dresser sur son chemin ? Pourra-t-il réussir à faire de cette union, prônée depuis la création de l’organisation, une réalité continentale ? L’avenir nous le dira. Mais en attendant, qui est vraiment cet homme et que représente-t-il pour une Afrique tumultueuse et en pleine mutation ? Ecce homo ! Plongeons donc dans l’univers de ce personnage fascinant et explorons les défis qui l’attendent.

Diplomate chevronné et homme d’État respecté, SEM Mahmoud Ali Youssouf, malgré l’entame des premiers jours de son investiture, n’est pas un inconnu sur la scène continentale et internationale. 25 années durant, il a su se transformer, s’enrichir et acquérir une solide expérience qui lui a permis de hisser la diplomatie de son pays vers les sommets. Tout au long de ces décennies et plus, il a été l’un des artisans de la stratégie géopolitique de Djibouti. Suivant avec beaucoup d’habileté, la voie tracée par son mentor, SEM Ismaïl Omar Guelleh à qui, il voue un profond respect et une grande reconnaissance. La diplomatie Djiboutienne est aujourd’hui très appréciée et même, très respectée de par le monde. Avec l’audace de ses responsables, Djibouti a réussi à évoluer au milieu d’une Corne de feu, ravagée par les conflits armées et les guerres civiles. Traduisant avec abnégation l’indéfectible neutralité de son pays, Mahmoud Ali Youssouf a joué un rôle déterminant dans les négociations de paix régionales et continentales. Un rôle qui lui a valu le respect de ses pairs et une réputation d’homme de dialogue. Pentalingue, le nouveau président de la Commission de l’Union Africaine possède des facilités innées pour les langues. En plus des langues Afars et Somalis, tout le monde sait maintenant qu’il parle et écrit le français, l’arabe et l’anglais. Malgré tout ce potentiel linguistique, Mahmoud ne se contente pas de parler uniquement. Il sait également écouter. Et c’est peut-être cette qualité rare qui a séduit les dirigeants africains lors de son élection à la tête de la Commission de l’UA.

Dans un continent où les égos surdimensionnés et les discours creux sont légions, le nouveau Président de la Commission de l’UA incarne une forme de modestie et de pragmatisme qui tranche avec l’image traditionnelle des leaders africains. Tout en démontrant avec panache, la maîtrise parfaite des dossiers importants, et même brûlant, de l’Union. Mahmoud Ali Youssouf arrive à la tête de la commission de l’Union Africaine à un moment délicat. Souvent critiquée pour son inefficacité et son manque de vision, l’organisation est confrontée à des défis colossaux. Les conflits armés persistent dans plusieurs régions, les crises économiques s’aggravent et étouffent les pays sous le poids des dettes, pendant que les changements climatiques menacent des millions de vies. Sans oublier les ingérences étrangères qui, profitant de cette main tendue pour l’éternité, continuent de miner la souveraineté des États africains.

Une institution en quête de légitimité et d’impact

Notre héros hérite donc d’une institution en quête de légitimité et d’impact. Cependant, il ne part pas de zéro. Son prédécesseur Moussa Faki Mahamat, bien que critiqué, a posé des bases solides en matière d’intégration régionale et de réformes institutionnelles. Il faudra donc capitaliser ces acquis pour impulser une nouvelle dynamique. Il ne doit pas s’étouffer, ni s’essouffler entre continuité et rupture. Il doit tout simplement oser ! Oser déployer son programme et le développer par ordre de priorité.

Mais, l’Afrique pourra-t-elle faire de cette union qu’elle prône, une réalité ? Pourra-t-elle privilégier le collectif, l’intérêt général et parler d’une même voix pour mieux avancer ? Est-elle prête enfin à sortir la tête de l’eau et à hisser sa dignité toujours plus haut ? S’il est vrai que l’union fait la force, il faudra que l’Afrique le démontre sur le terrain et qu’elle dépasse ses divisions internes, ses conflits et ses rivalités qui l’empêchent justement d’atteindre ce niveau de dignité qui lui fait défaut et qu’elle restaure sa fierté. Il faudra barrer la route à toute ingérence extérieure et cesser de jouer le jeu des puissances étrangères.

Esquissant les grandes lignes de son mandat, le Président entrant de la Commission de l’UA, a fait apparaître dans son discours d’investiture, trois priorités qui sont essentielles à ses yeux: la paix, l’intégration économique, la jeunesse et l’innovation.

Le Président Mahmoud Ali Youssouf a rappelé qu’aucun développement n’est possible sans une solide stabilité. Il a promis de renforcer les mécanismes de prévention des conflits et de soutenir les initiatives locales de paix. Sa connaissance intime des dynamiques régionales pourrait s’avérer précieuse dans ce domaine. Conscient des limites des frontières héritées de la colonisation, il a insisté sur la nécessité d’accélérer la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et de faciliter enfin, la libre circulation des biens et des personnes. Il reste convaincu que l’Afrique ne pourra pas peser lourd sur la scène mondiale si elle ne parle pas d’une seule voix et qu’elle n’agit pas comme un bloc économique uni. L’Afrique est un continent qui regorge de richesses naturelles. Mais, sa vraie richesse reste sa jeunesse. Cette jeunesse, âgée de moins de 25 ans, représente en effet plus de 60 % de sa population et fait de l’Afrique, le continent le plus jeune du monde. Mahmoud Ali Youssouf mise non seulement sur cette jeunesse mais, il en fait sa priorité et promet de déployer les efforts nécessaires pour que l’Afrique investisse dans l’éducation, l’emploi et l’innovation technologique.

Depuis, ce discours résonne très fort. Tout particulièrement auprès des nouvelles générations lassées des promesses non tenues.

Ce qui frappe chez notre héro national, c’est son style. Loin des envolées lyriques et des postures grandiloquentes, il privilégie un ton direct et pragmatique. Lors de son discours, il n’a pas hésité à pointer du doigt les échecs passés de l’UA, tout en appelant à un sursaut collectif. « Nous ne pouvons plus nous contenter de demi-mesures et de déclarations d’intention. L’Afrique mérite mieux et le monde attend de nous que nous assumions nos responsabilités », a-t-il déclaré jeudi, sous les applaudissements.

Ce mélange de franchise et de détermination pourrait bien être sa marque de fabrique. Même si l’on peut craindre que son approche pragmatique et volontaire ne se heurte aux réalités politiques de ce continent où, les intérêts nationaux priment souvent sur les objectifs communs. Cependant, le nouveau Président de l’Union Africaine possède toutes les qualités et l’expérience pour convaincre ; surmonter un par un, les obstacles qui ne manqueront pas de surgir et réussir sa stratégie dans l’intérêt du peuple africain. En premier lieu, il devra composer avec les divisions internes de l’UA et mettre fin à ces rivalités entre États membres qui freinent souvent les avancées. Ensuite, il devra faire face aux pressions extérieures. Notamment de la part des grandes puissances qui voient d’un mauvais œil toute velléité d’autonomie africaine. Car, comme il n’a cessé de répéter tout au long de sa campagne, l’argent reste le nerf de la guerre. Il devra donc convaincre les Etats membres à mettre la main à la poche pour faire évoluer l’organisation vers une réelle autonomie financière. Il faudra également assouplir la bureaucratie et rendre l’institution beaucoup plus accessible pour qu’elle puisse incarner les aspirations des peuples et devenir plus humaine. Parviendra-t-il à redonner du sens à cette organisation et à en faire un véritable outil de transformation ? Nous en sommes convaincus. Dès la fin de la cérémonie de passation du pouvoir, le Président Mahmoud Ali Youssouf a tenu la première réunion de son cabinet et survoler les traits dominants de la mission qui les attends.

Mahmoud Ali Youssouf incarne à la fois les espoirs et les contradictions de l’Afrique. Homme de dialogue dans un continent en proie aux conflits ; pragmatique dans un monde où les idéologies divisent ; il représente certainement, le type de leadership dont l’Afrique a besoin pour entrer dans une nouvelle ère. Mais le chemin sera long et semé d’embûches.

Car, malgré ses brillantes qualités pour réussir, il ne pourra rien sans le soutien des États membres et des peuples africains. Son investiture n’est donc pas une fin, mais un début.

Un début qui pourrait marquer un tournant décisif pour l’Union Africaine à condition… que les mots se transforment en actes. En attendant, Ismaïl Omar Guelleh ne pourra que savourer avec beaucoup de satisfaction, les succulents fruits de son manguier géant !

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