Africa-Press – Djibouti. La Faculté d’Ingénierie de l’Université de Djibouti a abrité, le jeudi 4 novembre 2025, une conférence-débat de haute portée publique consacrée à la conception globale de la justice en République de Djibouti, sous le thème: « L’accès à la justice, défi et perspectives ». Organisé en collaboration avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ce colloque a rassemblé de nombreux étudiants de 2e et 3e année, des professeurs de droit ainsi que plusieurs représentants de la société civile. L’objectif: permettre un échange direct avec les magistrats, juges, avocats et autres professionnels sur les compétences et les services de la Cour de justice dans le contexte national.
La conférence-débat a été honorée par la présence du ministre de la Justice et des Affaires Pénitentiaires, M. Ali Hassan Bahdon, et de son homologue, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, M. Nabil Mohamed Ahmed. Ils étaient accompagnés de M. Maki Omar Abdoulkader, Secrétaire général du ministère de la Justice chargé des droits de l’Homme, ainsi que de M. Djama Mohamed Hassan, Président de l’Université de Djibouti. Plusieurs professionnels du secteur judiciaire – magistrats, avocats, greffiers et représentants d’organismes clés tels que la Cour des comptes, la Médiature et la Commission des Droits de l’Homme – ont également pris part aux échanges, partageant leurs expertises avec les étudiants.
La séance de questions-réponses a donné lieu à des discussions nourries entre les panélistes et un auditoire très engagé. Les étudiants ont soulevé des préoccupations majeures concernant la réparation des injustices historiques et les défis liés à la mobilisation internationale autour de ces questions.
La salle comble a témoigné de l’intérêt marqué des jeunes pour les enjeux judiciaires, au grand satisfecit des spécialistes du Palais de justice, qui ont tour à tour éclairé les futurs cadres du droit djiboutien.
Pour lancer la réflexion autour du thème central, la conférence s’est articulée en deux temps, permettant aux universitaires et aux praticiens d’échanger leurs points de vue sur des questions cruciales: l’accès au droit, la justice réparatrice, la légitimité des institutions, les innovations judiciaires et les défis contemporains. Ce format a offert un espace propice aux interactions et aux éclaircissements sur le fonctionnement du système judiciaire et ses impacts sociétaux. Dans son intervention, M. Ahmed Osman Hachi, Conseiller technique au ministère de la Justice et principal orateur du débat, a rappelé les fondements constitutionnels garantissant l’État de droit à Djibouti. Il a souligné que la Constitution de 1992 stipule, dans son article premier, que la République de Djibouti est démocratique, souveraine, une et indivisible, assurant l’égalité devant la loi sans distinction de langue, d’origine, de race, de sexe ou de religion.
Il a également rappelé les garanties essentielles du procès équitable, prévues aux articles 10 et 11 de la Constitution, notamment la présomption d’innocence, le droit à l’assistance d’un avocat et l’interdiction des détentions sans mandat judiciaire.
La deuxième phase de l’événement, animée par un panel d’experts issus de la Cour des comptes, de la Médiature, de la Commission des Droits de l’Homme, ainsi qu’un notaire et un huissier, a permis de présenter tour à tour le fonctionnement de leurs institutions respectives, renforçant la compréhension globale du système judiciaire.
Dans son discours préliminaire, M. Maki Omar Abdoulkader a salué l’initiative du ministre de la Justice pour le lancement et l’organisation de la Semaine Nationale de la Justice 2025, un événement visant à rapprocher la justice des citoyens à travers les thèmes de l’égalité, de l’accès au droit et de la transparence. Il a rappelé que la justice est non seulement un droit fondamental, mais aussi un combat pour la dignité, l’unité et la cohésion nationale.
Pour lui, le défi principal reste de restaurer la confiance entre les citoyens et les institutions judiciaires, en créant des ponts entre les populations les plus vulnérables et les acteurs du droit.
De son côté, M. Ali Hassan Bahdon a exprimé sa satisfaction quant au succès de la Semaine de la Justice, un moment clé qui a renforcé le dialogue entre les acteurs judiciaires et la population, dans un contexte de transition démocratique marqué par la nouvelle Constitution. Il a rappelé les principales sources du droit — la législation, la jurisprudence et la coutume — tout en appelant les professionnels de la justice à faire preuve d’intégrité, de rigueur et d’éthique:
« Vos actions et vos décisions doivent refléter les valeurs de la justice et inspirer la confiance du public », a-t-il déclaré.
Le ministre de l’Enseignement supérieur a quant à lui salué la qualité des interventions et l’engagement des étudiants, soulignant que cette rencontre contribue à démystifier la justice et à impliquer les jeunes dans la recherche de solutions aux enjeux sociétaux.
Cette conférence a ainsi permis aux étudiants de droit de poser des questions, d’obtenir des conseils gratuits et de mieux comprendre leurs droits ainsi que le fonctionnement des institutions. Elle illustre l’engagement de Djibouti en faveur d’une justice plus accessible, plus transparente et plus proche du peuple.
Saleh Ibrahim Rayaleh
La Justice à Djibouti: entre transparence, modernisation et proximité avec le citoyen
La justice à Djibouti occupe une place centrale dans le fonctionnement de l’État de droit et la préservation des droits des citoyens. Rendue au nom du peuple djiboutien, elle repose sur un système judiciaire structuré, composé de tribunaux de première instance, de la Cour d’Appel, de la Cour Suprême, ainsi que d’institutions spécialisées telles que la Cour des Comptes, le Médiateur de la République et la Commission Nationale des Droits de l’Homme. Depuis plusieurs années, le gouvernement djiboutien, sous l’impulsion du ministère de la Justice et des Affaires Pénitentiaires, s’engage dans une politique de modernisation et de transparence du système judiciaire. Cette démarche vise à rendre la justice plus accessible au citoyen et à renforcer la confiance du public envers ses institutions. L’organisation d’événements comme la Semaine de la Justice et les journées portes ouvertes au Palais de Justice illustre cette volonté de rapprocher les magistrats et les juridictions du grand public.
La formation et la sensibilisation des acteurs judiciaires, des avocats, huissiers et greffiers sont également des priorités. Elles garantissent un fonctionnement efficace et professionnel de la justice, tout en respectant les principes fondamentaux du droit et l’égalité de tous devant la loi. Par ailleurs, des programmes de formation continue pour les magistrats et le personnel judiciaire contribuent à améliorer la qualité des services et l’efficacité des procédures.
La justice djiboutienne se veut également un vecteur de cohésion sociale. À travers ses missions, elle protège les droits des citoyens, régule les relations sociales et économiques et veille au respect des lois. Dans ce cadre, elle joue un rôle clé dans la prévention des conflits, la réparation des torts et la promotion de la paix sociale.
En ouvrant ses portes et en multipliant les initiatives de dialogue avec la population, la justice à Djibouti cherche à devenir un espace transparent, pédagogique et participatif. Elle rappelle à chacun que l’État de droit est un pilier fondamental de la société et que la justice n’est pas seulement une institution, mais un service public essentiel, au service de tous les citoyens.
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