Africa-Press – Djibouti. Dans les années 1990, j’ai assisté au rapide développement du World Wide Web. Soudain, il n’était plus nécessaire de passer par les télévisions, radios, journaux ou revues: chacun pouvait accéder directement à l’information, publier, chercher, partager. Un outil formidable de démocratie, court-circuitant les traditionnels points d’étranglement de l’information.
Nous voici submergés de contenus, de publicités, (…) de désinformation
Pour la première fois, les individus pouvaient espérer prendre le contrôle, s’informer au plus près des événements, sans intermédiaires. Se profilait un âge d’or pour la liberté d’expression. Las. 25 ans plus tard, l’outil merveilleux a été dévoyé. Nous voici submergés de contenus, de publicités, de photos de chats mignons, et surtout, d’une marée montante de désinformation, désormais automatisée et amplifiée par les intelligences artificielles génératives.
Chacun vit dans sa version de la réalité
Les bulles informationnelles rétrécissent notre monde, et l’ancienne dictature des médias a cédé la place à celle des plateformes, programmes et filtres invisibles qui choisissent pour nous ce que nous devons voir – ou ignorer. L’outil de libération est devenu un instrument de fragmentation, où chacun vit dans sa version de la réalité.
Scientifiques et journalistes partagent le même idéal, celui de chercher à approcher la vérité. Mais dans cette jungle numérique, comment discerner le vrai du faux, l’important de l’anecdotique? Comment restaurer une culture du discernement dans un monde saturé d’infox? C’est la question urgente de notre époque.
Par Claire Mathieu, directrice de recherche au CNRS, Institut de recherche en informatique fondamentale (CNRS/université Paris Cité).
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