Africa-Press – Djibouti. C’est l’un des sons les plus emblématiques du monde animal: le rugissement d’un lion, un cri rauque reconnaissable entre tous. « Les rugissements constituent un comportement important, insiste auprès de Sciences et Avenir le chercheur Jonathan Growcott, de l’Université d’Exeter (Royaume-Uni). Ils servent non seulement de signaux aux autres lions de la troupe pour indiquer leur position, mais aussi, pour les lions hostiles, à marquer les limites de leur territoire ». Et ils ont une autre particularité, inconnue jusqu’alors. Une étude menée par Jonathan Growcott révèle en effet qu’il n’existe pas un mais deux rugissements propres au lion d’Afrique.
Les chercheurs britanniques à l’origine de cette découverte ont notamment récolté des données audio dans le parc national de Nyerere (Tanzanie). L’objectif était aussi de voir s’il était possible de réaliser un décompte des félins grâce à ces données, le rugissement constituant la signature vocale d’un individu. « On considère depuis longtemps que les rugissements des lions peuvent transmettre des informations relatives à la taille du groupe, à l’âge ou à l’individu », remarque le chercheur britannique. L’équipe de recherche a disposé des microphones et analysé les données grâce à une méthode de machine learning, une branche de l’intelligence artificielle.
Des rugissements intermédiaires
Les résultats de l’étude, dévoilés le 20 novembre dans la revue Ecology and Evolution, révèlent « pour la première fois que les lions produisent quatre types de cris au cours d’une séquence de rugissements, dont deux types de rugissements distincts ». Ces félins utilisent ainsi le grognement, le gémissement et des rugissements: ceux dits puissants et ceux que les chercheurs ont baptisés les « rugissements intermédiaires ». « Ces rugissements peuvent être classés avec une précision de 84,7 % », assurent les chercheurs.
L’identification des lions grâce à ces données est également facilitée. « Jusqu’à présent, l’identification de ces rugissements reposait largement sur le jugement d’experts, ce qui introduisait un risque de biais humain, remarque dans un communiqué Jonathan Growcott. Notre nouvelle approche, basée sur l’intelligence artificielle, promet un suivi plus précis et moins subjectif, un atout essentiel pour les défenseurs de l’environnement qui œuvrent à la protection des populations de lions en déclin ».
Une fonction particulière?
La fonction du rugissement intermédiaire est loin d’être totalement comprise: joue-t-il un rôle dans la communication différent des rugissements plus puissants? « Malheureusement, nous ne sommes pas plus avancés dans la compréhension des différences de communication entre ces deux types de rugissements », avoue Jonathan Growcott. De prochaines études devraient permettre d’y voir plus clair.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Djibouti, suivez Africa-Press





