Marina Lévy Sur Starfish Pour Décideurs Et Public

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Marina Lévy Sur Starfish Pour Décideurs Et Public
Marina Lévy Sur Starfish Pour Décideurs Et Public

Africa-Press – Djibouti. Le premier baromètre de l’état de santé de l’océan global, baptisé Starfish, a été publié le 8 juin. Sa parution sera désormais annuelle lors de la rituelle « journée de l’océan ». Avec Pierre Bahurel, le directeur de Mercator Océan, Marina Levy, chercheuse au Laboratoire d’océanographie et du climat (Locean, IPSL/CNRS/CEA) est l’un des créateurs de cette « étoile de mer » qui déroule en cinq branches l’état actuel de l’océan.

« Donner une image globale de l’océan aussi compréhensible que possible »
Pourquoi publier un baromètre de l’océan aujourd’hui?

C’est la prise de conscience qu’il existe un vaste savoir sur l’océan, mais il n’est pas disponible pour le grand public et il est de plus dispersé. Le besoin de rassembler les connaissances scientifiques va croissant depuis quelques années, avec les progrès accomplis par les travaux sur les données climatiques de plus en plus nombreuses sur l’océan, mais aussi sur la vie biologique. Pierre Bahurel et moi-même avons reçu commande de la création d’un « indicateur » par la présidence de la République via l’ambassadeur pour les océans Olivier Poivre d’Arvor. C’est une volonté politique de doter les gouvernants de données vérifiées et sûres pour qu’ils prennent des décisions fondées sur la science. Cela fait partie d’un ensemble qui comprend la création de la plateforme scientifique Ipos, de l’alliance des universités marines, du programme d’observation Neptune.

C’est aussi un effort des scientifiques vers le grand public?

Oui, d’où l’idée des cinq branches de l’étoile de mer. Nous voulons donner une image globale de l’océan aussi compréhensible que possible. Pour cela, nous avons rapidement décidé d’aller au-delà de la description de l’état physique, biochimique et de biodiversité de la mer pour aborder la question des pressions exercées par l’humain, mais aussi des bienfaits apportés par l’océan. Qu’est-ce qu’on fait à cet écosystème? Et que nous rapporte-t-il à nous les humains? Cela ressemble à la relation de deux personnes qui se font réciproquement du bien et du mal. Starfish a pour ambition de décrire le plus scientifiquement possible cette interdépendance.

« Tous les ans, nous ferons un point sur l’évolution des connaissances sur l’océan »
Cet outil est-il aussi destiné à mesurer les progrès dans la connaissance de l’océan?

En trente ans, la communauté scientifique a fortement progressé sur la connaissance de l’état de l’océan, notamment avec le lancement de nombreux satellites qui alimentent le « jumeau numérique » de l’océan par Mercator Ocean. Nous nous sommes par ailleurs appuyés sur les rapports du Giec de plus en plus précis sur le rôle climatique de l’océan, sur ceux de l’IPBES compilant les études sur la vie océanique, sur ceux de la FAO pour la pêche, de l’OCDE pour le poids économique global des ressources marines, et même des compagnies de réassurance pour chiffrer les dégâts occasionnés sur les littoraux du monde. Starfish a été publié dans State of the planet, une revue scientifique à comité de relecture. Voilà la base scientifique sur lequel va s’appuyer la parution annuelle de ce baromètre.

Quels sont les sujets qu’il faudra approfondir dans les prochaines années?

Il y a de nombreux sujets où l’on manque de données. Je pense à la pollution par les plastiques. On sait combien de tonnes sont produites tous les ans, mais on ignore quel volume total finit dans la mer et où. De même, l’eutrophisation des eaux littorales est une pollution qui explose au niveau mondial mais dont on peine à mesurer l’ampleur. Or, l’eutrophisation a un impact sévère sur la biodiversité des côtes et sur la santé humaine. Enfin, les fonds marins vont devoir faire l’objet de recherches accrues. On en connaît si peu, des espèces qui vivent à ces profondeurs ! En amont de l’Unoc, la communauté scientifique a fait dix recommandations, dont celle-ci: interrompre les usages nuisibles des fonds marins et approfondir la connaissance des abysses.

Comment pourrait évoluer ce baromètre?

Tous les ans, nous ferons un point sur l’évolution des connaissances à travers les publications, avancées scientifiques, recensements des articles majeurs qui auront été publiés dans l’année et que nous mettrons ainsi en exergue. Ainsi, pour ce premier baromètre, nous avons utilisé des données de la FAO qui seront actualisées dans les semaines qui viennent. Le prochain baromètre inclura ces nouvelles données sur les ressources marines. On espère que la publication de Starfish sera l’occasion de discuter des résultats, bons et mauvais, et d’apporter des éclairages sur des sujets émergents. Par ailleurs, nous espérons que notre baromètre permettra, lors de la prochaine réunion de l’Unoc dans trois ans, de faire un point sur les avancées et les échecs et de même en 2030, quand il faudra faire le bilan des Etats dans la réalisation de l’Objectif du développement durable (ODD) 14 sur la santé des océans.

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