Africa-Press – Gabon. Le raccordement du navire-producteur d’électricité KarPowerShip, d’une capacité de 150 MW, connaît un léger retard lié à des contraintes techniques sur la partie gaz. La SEEG se veut toutefois rassurante: les tests sont en bonne voie et la situation devrait se normaliser dans les deux semaines.
Depuis plusieurs jours, les habitants du Grand Libreville et de ses environs vivent au rythme de coupures d’électricité récurrentes. Une situation difficile pour les ménages comme pour les entreprises, dans un contexte où la demande en énergie ne cesse de croître. Ces délestages ne sont pourtant pas le fruit d’une panne imprévue, mais bien la conséquence d’une opération stratégique: le remplacement du navire de production KarPowerShip fonctionnant au fuel lourd (70 MW) par une nouvelle unité flottante de 150 MW, alimentée cette fois au gaz.
Une opération stratégique mais délicate
Initialement programmés pour s’achever le 15 septembre 2025, les travaux de raccordement au réseau de la SEEG se poursuivent encore, selon un calendrier réajusté. La raison principale? Des contraintes techniques liées à la sécurité du raccordement gaz. «Côté électricité, les opérations se sont correctement déroulées. Le bateau injectera 75 mégawatts côté Bissegué et 75 mégawatts côté centrale Owendo SEEG. Cette partie est déjà opérationnelle», a indiqué Arna Ndoutoumou, directeur technique de la SEEG.
La difficulté se situe donc du côté de l’approvisionnement en gaz, indispensable au fonctionnement du navire. Pour cela, un poste de régulation et de comptage gaz (RMS) a été construit puis raccordé au navire par une conduite d’environ 120 mètres. « Les essais de mise sous pression ont montré certaines défaillances qu’il a fallu corriger. Mais le système a désormais été validé: le pipe, conçu pour fonctionner à 45 bars, a été testé jusqu’à 51 bars avec succès », a précisé le responsable technique.
La phase décisive du commissioning
Une fois le raccordement sécurisé, place désormais au commissioning, soit la phase de tests progressifs des équipements du navire. KarPowerShip est équipé de quatre moteurs de 45 MW chacun, qui doivent être vérifiés un par un. «Chaque machine sera testée individuellement et progressivement chargée. Cette étape prendra environ quinze jours», explique M. Ndoutoumou.
Ces tests sont indispensables non seulement pour garantir la performance des équipements, mais surtout pour sécuriser les populations environnantes. «Nous sommes dans une zone habitée. La sécurité prime: il n’est pas question d’exposer les riverains à un risque d’explosion», a-t-il insisté.
Des délestages jugés inévitables
Ce basculement énergétique entraîne inévitablement une baisse temporaire de la capacité injectée dans le réseau, d’où les délestages observés ces derniers jours. Une contrainte que la SEEG reconnaît, mais qu’elle considère comme un passage obligé. «Réduire la production était nécessaire pour assurer ces opérations dans de bonnes conditions. Mais à mesure que les tests machines vont débuter, les coupures vont s’espacer, jusqu’à disparaître totalement», a assuré Arna Ndoutoumou.
Les habitants devront donc encore patienter une dizaine de jours avant le retour à la normale. «On a 15 jours de tests et de montées progressives en capacité. À la fin de cette période, il n’y aura plus de délestages liés au chantier de KarPowerShip», a-t-il ajouté, tout en reconnaissant que des incidents ponctuels pourraient subsister, sans lien avec ce projet.
Un renforcement attendu de l’offre énergétique
À terme, l’entrée en service complète du navire représente un véritable atout pour l’approvisionnement électrique du Grand Libreville. En doublant la puissance installée par rapport à l’ancienne unité flottante, la SEEG espère répondre à la demande croissante d’une capitale en pleine expansion démographique et économique.
Le recours à un carburant plus propre que le fuel lourd constitue également une avancée dans la stratégie de transition énergétique du pays. En optant pour le gaz, la SEEG et son partenaire KarPowerShip entendent réduire l’empreinte environnementale de la production d’électricité tout en améliorant l’efficacité du réseau.
Une promesse de stabilité énergétique
Dans un contexte marqué par des besoins sans cesse plus importants en énergie, cette montée en capacité est perçue comme une étape essentielle pour sécuriser l’approvisionnement de Libreville et de ses environs. «Cette opération est stratégique, car elle permettra de satisfaire durablement la demande, tout en améliorant la fiabilité du réseau», souligne la direction technique de la SEEG.
Si la patience est encore de mise pour les usagers, l’espoir d’un retour à une fourniture stable et renforcée d’électricité se dessine. Et la fin annoncée des délestages d’ici la mi-octobre constitue déjà une première éclaircie dans le quotidien des Librevillois.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Gabon, suivez Africa-Press