Africa-Press – Gabon. Ils n’auraient pas dû. Pour la promotion de son dernier single, Eboloko et sa compagne ont cru bon d’inventer une séparation sur fond de violences conjugales. Accusé de banaliser un phénomène occasionnant de nombreuses victimes aussi bien au Gabon qu’en dehors du pays, le jeune artiste gabonais pourrait bientôt devoir s’expliquer devant la justice après l’annonce, ce mercredi 5 novembre 2025, d’une plainte du Collectif des féministes du Gabon auprès du procureur de la République à Libreville.
C’était une mauvaise idée, et il pourrait bien le payer cher. Ce mercredi, le Collectif des féministes du Gabon a annoncé, dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, le dépôt d’une plainte officielle auprès du procureur de la République contre l’artiste Eboloko. En cause: «la mise en scène publique et médiatique ayant détourné les violences faites aux femmes à des fins promotionnelles dans le cadre de la sortie d’un clip musical».
Le collectif dit avoir également saisi le ministère de la Femme dans le but d’amener l’État à remplir son obligation de protection des victimes de violences conjugales et à jouer son rôle de régulateur des contenus portant atteinte à la dignité de ces victimes. «La violence n’est pas du marketing. La parole des victimes n’est pas du spectacle», lit-on dans le communiqué qui compte six signataires, dont une survivante et un médecin.
S’il rappelle qu’Eboloko, à travers sa compagne, s’est mis sous le coup des sanctions prévues en cas de violation de l’article 23 de la loi 006/2021 du 6 septembre 2021 portant élimination des violences faites aux femmes, interdisant toute représentation dévalorisante, dégradante ou banalisant la violence à l’encontre des femmes, le Collectif des féministes du Gabon ne souhaite pas néanmoins la prison pour le jeune artiste. Pour avoir «utilisé la fausse dénonciation de violences conjugales comme stratégie de communication», l’auteur et interprète de «Satanana» pourrait être contraint de présenter des excuses publiques. Mais les plaignants espèrent aussi qu’à la suite de cet incident, il sera mis en place «un programme de sensibilisation des artistes et créateurs de contenus» sur le sujet des violences faites aux femmes.
Au Gabon, les violences à l’égard des femmes restent un fléau majeur. Selon les données citées par le collectif, «89,9 % des femmes gabonaises ont déjà été victimes de violences». Jugé préoccupant, ce chiffre souligne l’urgence d’une mobilisation collective et d’une responsabilisation des figures publiques. «Il est inadmissible que des personnalités publiques banalisent ou justifient les violences faites aux femmes», a commenté une victime anonyme.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Gabon, suivez Africa-Press





