SEEG: Dix DG En Sept Ans, Gouvernance Instable

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SEEG: Dix DG En Sept Ans, Gouvernance Instable
SEEG: Dix DG En Sept Ans, Gouvernance Instable

Africa-Press – Gabon. Minée par des crises successives, lestée de dettes et prisonnière d’une instabilité managériale chronique, la Société d’électricité et d’eau du Gabon (SEEG) tente de se réinventer sous la houlette de son nouveau dirigeant, Steeve Saurel Legnongo. En sept ans, dix directeurs généraux se sont succédé, chacun héritant d’un système affaibli, sans le temps ni la latitude pour imprimer une vision durable.

Il y a des entreprises qui avancent dans le tumulte, et d’autres qui y survivent. La SEEG appartient à la seconde catégorie. En sept ans, la société a connu plus de bouleversements internes qu’en trois décennies d’existence. Une succession vertigineuse de directeurs généraux, des crises de gouvernance à répétition et une confiance publique en lambeaux: tel est le décor que Steeve Saurel Legnongo a trouvé à son arrivée.

Une instabilité managériale qui coûte cher

Jean-Pierre Duboze Lasseni (octobre 2018 – avril 2019), Bernard Gervais de Souza (avril 2019 – janvier 2020), Alain Patrick Kouma (février 2020 – février 2022) ; Gustave Aimé Mayi (février 2022 – mai 2023), Ousmane Cissé (22-25 mai 2023), Sylvère Biteghe (mai 2023 – septembre 2023, intérim), Joël Lehman Sandoungout (octobre 2023 – août 2024), Jean Liévin Idoundou Manfoumbi (septembre – décembre 2024, administration provisoire), Steeve Saurel Legnongo (décembre 2024 – mai 2025, administration provisoire), et Steeve Saurel Legnongo (depuis juin 2025, Administrateur Directeur Général).

Le constat est brutal: «En l’espace de sept ans, dix Directeurs généraux se sont succédé à la tête de l’entreprise, rendant impossible toute vision stratégique à long terme et toute mise en œuvre cohérente des projets structurants», a expliqué Steeve Saurel Legnongo dans une interview à L’Union le 27 septembre. Cette valse incessante des dirigeants a laissé l’entreprise exsangue, privée de direction stable et de continuité opérationnelle.

Conséquence: les grands chantiers énergétiques ont été retardés, les dettes accumulées et les performances globales dégradées. «La SEEG traverse une crise multidimensionnelle, marquée par des dysfonctionnements structurels, une gouvernance instable et une dégradation préoccupante de la qualité du service», admet l’actuel dirigeant, lucide.

À cette instabilité s’ajoute un problème de fond: l’affaiblissement des capacités techniques et opérationnelles. Le manque de formation, la fuite des compétences et la dépendance aux prestataires externes ont réduit la marge d’autonomie d’une société pourtant stratégique pour la nation.

Une équation financière et morale difficile

Sur le plan financier, le diagnostic n’est guère plus encourageant. L’entreprise ploie sous une dette importante envers plusieurs partenaires stratégiques, tandis que les fraudes massives, évaluées à plusieurs dizaines de milliards de francs CFA par an, aggravent la trésorerie.

À cela s’ajoute une perception sociale dégradée: pour beaucoup de Gabonais, la SEEG est devenue le symbole d’un service public défaillant, perçu comme distant, opaque et peu réactif. Steeve Saurel Legnongo en est conscient: «Nous devons restaurer la confiance des usagers. Cela ne peut se faire sans une vision claire, des engagements concrets et une volonté collective de transformation.»

Rebâtir sur la stabilité et la transparence

Le nouveau patron s’attelle à reconstruire sur des bases solides: gouvernance rénovée, planification stratégique, audits indépendants et réhabilitation des compétences internes. Il veut faire de la SEEG une entreprise publique moderne, orientée vers la performance et la reddition de comptes.

«À court terme, nous devons stabiliser notre réseau et améliorer la réactivité face aux coupures. À moyen terme, moderniser nos installations. Et à long terme, repenser notre modèle énergétique pour le rendre plus résilient», résume-t-il dans son interview à L’Union.

Sous sa direction, la SEEG espère enfin passer du mode survie à celui de la transformation. Pour y parvenir, il lui faudra non seulement de la rigueur, mais aussi du courage politique. Car dans un pays où l’eau et l’électricité sont perçues comme des droits, la gouvernance de la lumière n’a plus droit à l’ombre.

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