Africa-Press – Gabon. C’est une sortie filmée qui fait l’effet d’un électrochoc dans les cercles du pouvoir. Gervais Oniane, Haut représentant du président de la République, menace de basculer dans l’opposition. Le président de l’Union pour la République (UPR) a vivement dénoncé l’empressement du gouvernement à organiser les élections sénatoriales le 8 novembre prochain, alors qu’il juge contraires aux procès-verbaux déposés par son parti les résultats proclamés des élections locales dans le département du Komo-Kango.
Alors que les auditions à la Cour constitutionnelle ont débuté lundi sur les recours liés aux législatives, c’est bien le contentieux des locales qui préoccupe le leader de l’UPR. «Lorsque le ministère de l’Intérieur annonce que les listes de candidatures pour les sénatoriales sont closes, je m’interroge», a-t-il lancé dans une vidéo enregistrée et diffusée sur les réseaux sociaux mardi 28 octobre 2025, mettant en doute la légitimité du processus en cours.
Selon Gervais Oniane, l’UPR aurait obtenu 14 conseillers sur 23 dans le Komo-Kango, soit une majorité claire. «Je dis bien 14 ! Parce que les résultats qui ont été annoncés ne sont pas conformes aux procès-verbaux que nous avons déposés», a-t-il martelé. Le collaborateur du chef de l’État conteste fermement les chiffres officiels qui placent l’UDB en tête et le PDG en deuxième position: «Vous avez annoncé que l’UDB était première et que le PDG serait deuxième, alors qu’en aucun cas, le PDG ne vient avant l’Union pour la République.»
Avec plus de 1 900 voix revendiquées, l’UPR estime avoir légitimement gagné le scrutin local dans ce département stratégique. «Vous ne pouvez pas dire que l’Union pour la République a zéro élu dans le Komo-Kango», insiste Oniane, dénonçant une falsification des résultats.
Une mise en garde politique
Au-delà des chiffres, c’est l’équilibre politique national qui pourrait vaciller. Gervais Oniane, jusque-là soutien affiché du président Brice Clotaire Oligui Nguema, n’exclut plus une rupture. «Ne transformez pas en opposant quelqu’un qui est avec vous», prévient-il, dans une phrase lourde de sens.
L’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2023 exige que le contentieux soit vidé avant toute organisation des sénatoriales, lesquelles reposent sur la base des élus locaux. «Le poste de sénateur doit pouvoir revenir à l’UPR et le poste de président du conseil départemental du Komo-Kango doit pouvoir revenir à l’UPR», affirme-t-il, appelant à «ce que les choses soient bien faites dans ce pays».
Un énième test pour la 5e République
Sa déclaration met en lumière les tensions internes qui traversent la «majorité» présidentielle depuis plusieurs mois et exacerbées lors des dernières législatives et locales. À l’approche des sénatoriales, la posture de Gervais Oniane, figure respectée du paysage politique gabonais, pose aussi une question de fond: la 5e République peut-elle garantir la transparence électorale et la justice institutionnelle? Beaucoup en doutent au regard des récents évènements. Quoi qu’il en soit, le Haut représentant du président de la République semble prêt à faire entendre sa voix au-delà des rangs du pouvoir si ses revendications ne sont pas prises en compte.
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