Africa-Press – Gabon. Écartée de la liste officielle des locales 2025 par le ministère de l’Intérieur, Haresse Kengue, candidate dans le 6e arrondissement de Libreville, a mené le 22 août un bras de fer nocturne, marqué par un bivouac sur les lieux, des lives et des pleurs, contre l’administration électorale. Le lendemain, son nom réapparaissait dans les colonnes de L’Union. Une réhabilitation in extremis qui, si elle répare une injustice apparente, soulève néanmoins des interrogations sur la transparence et la crédibilité du processus électoral.
En attendant l’issue des recours initiées par les partis politiques et personnalités dont les listes ou les noms et les dossiers de candidatures ont été rejetés par le ministère de l’Intérieur et la Commission nationale d’organisation et de coordination des élections et du référendum (CNOCER), une scène pour le moins suréaliste vient d’entacher le processus électoral au Gabon: Haresse Kengue, candidate pour les locales dans le 6e arrondissement de Libreville, avec la liste «Le 6e mérite mieux», s’est vue réintégrer dans la compétition électorale après leur exclusion du document initial, publié la veille.
«Une stratégie du sensationnel et de l’émotionnel qui a fonctionné»?
Peu connue du paysage politique national, la jeune dame ne s’est pas laissée conter et impressionnée. Elle a opté pour une revendication et dénonciation publiques de ce qu’elle considèrait comme une injustice. Devant le ministère de l’Intérieur où elle a campé et sur les réseaux sociaux, avec ses colistiers, elle a vigoureusement contesté son exclusion, créant un gigantesque buzz sur la toile gabonaise. «Ironie du sort, ses larmes lui ont en effet valu une popularité grandissante», commentent certains internautes lorsque d’autres estiment simplement qu’elle a misé sur «une stratégie du sensationnel et de l’émotionnel qui a fonctionné».
Qu’à cela ne tienne, selon les concernés, tous les documents exigés pour la composition des dossiers avaient été déposés dans les délais impartis et les dossiers reconnus complets. Pourtant, leurs noms n’ont pas figuré sur la liste officielle publiée par le ministère de l’Intérieur. «Mon dossier est dans les normes. Il était tellement bien classé que la Commission sise au 6e arrondissement avait félicité mes collaborateurs. Hier, le dossier d’un colistier a été retiré. Aujourd’hui, le directeur des élections me fait comprendre qu’il manque l’attestation NIP de deux colistiers. Or, le dossier avait été déposé au complet», a-t-elle dénoncé sur tous ses réseaux.
Quoi qu’il en soit, contre toute attente, à l’issue de son combat et de sa bruyante manifestation devant le ministère de l’Intérieur en signe de protestation, mais aussi grâce à ses «lives» sur Internet, son nom et sa liste sont parus ce samedi sur les listes publiées par l’institution en charge de l’organisation des élections. «Après une période de remise en question et de réajustement, le processus de remaniement s’est opéré, permettant ainsi au «6e mérite mieux» de retrouver toute sa place dans cette échéance démocratique importante», a-t-elle annoncé samedi matin, se disant «plus déterminée que jamais» à défendre les intérêts du 6e arrondissement.
Que dire des autres candidats qui se sont tournés vers la Cour constitutionnelle?
Il reste que sa réhabilitation et celle de ses colistiers, sans aucune communication et justifications de l’instance en charge de l’organisation de ces scrutins, jette, d’emblée, du discrédit sur le processus électoral dans son ensemble. «Son nom a été remis sur la liste sans même la décision de la Cour constitutionnelle? Pourquoi avait-il été retiré? Que dire des autres candidats qui se plaignent pour la même raison et qui se sont tournés vers la Cour constitutionnelle? Pourquoi l’institution n’a-t-elle pas attendue le rendu de la Cour avant de faire des réajustements?», s’interrogent bien d’observateurs.
Commentant l’attitude de la jeune dame qui, inéluctablement, fait ses premiers pas en politique, les observateurs notent que «quand l’administration n’est pas correcte, la voix non-conventionnelle (réseaux sociaux) est plus efficace et c’est historiquement démontré».
Par ce combat gagné, estiment de nombreux Librevillois ayant suivi cet épisode du processus électoral, «Haresse Kengue a déjà démontré son leadership. Ce que d’autres acteurs politique n’ont pas dans leur CV». Elle s’est donc dite surtout «plus forte et plus déterminée que jamais». «Soyons prêts, parce que ce qui vient de se passer montre que la véritable bataille se jouera sur le terrain. Le 6e arrondissement mérite mieux», a-t-elle déclaré chez nos confrères de L’Union.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Gabon, suivez Africa-Press