Africa-Press – Gabon. Au Gabon, à la clôture de la session extraordinaire du Parlement le 14 juillet, les opposants réunis au sein de la plateforme Alternance 2023 ont investi le Sénat. La veille, les parlementaires auraient nuitamment acté la modification de la loi électorale. Un état de fait jugé inacceptable tant le processus électoral est déjà entamé. Traités comme des «malpropres» à la haute chambre du Parlement, ils ont dit se tourner vers la Cour constitutionnelle pour déposer un recours. Ils ne comptent rien lâcher et promettent de défaire Ali Bongo à l’issue du scrutin d’août.
François Ndong Obiang, Alexandre Barro Chambrier, Paulette Missambo, Bertrand Zibi, Raymond Ndong Sima, Edmond Okemvele Nkogho, George Bruno Ngoussi, Mike Jocktane et bien d’autres opposants réunis au sein de la plateforme Alternance 2023 ont manifesté leur «entier dégoût» ce 14 juillet quant à la façon d’agir des parlementaires. Flairant le coup d’État électoral à l’approche du 26 août, ils ont investi l’esplanade du Sénat pour «protester contre les changements au niveau de la loi électorale intervenue hier dans la nuit. Parce qu’on ne change pas les règles du jeu à la veille d’une élection», a fait savoir Paulette Missambo. Dans la course à la présidentielle, ils ont pour la plupart formellement déposé leurs candidatures au Centre gabonais des élections (CGE) sur la base de l’ancienne loi.
La loi modifiée, dit-elle, désorganise le fonctionnement du CGE. «Cette loi va gérer les candidats qui déposeront leurs candidatures à partir d’aujourd’hui. Est-ce normal de changer les règles du jeu à la veille d’une élection ?», a-t-elle déclaré estimant qu’en tant que représentants du peuples les sénateurs ne devraient pas accepter ces changements «anticonstitutionnels». «Nous désapprouvons la manière dont les lois se font et se défont en catimini», a renchéri Alexandre Barro Chambrier. Les membres d’Alternance 23 et alliés accusent les législateurs et le gouvernement de triturer des lois pour faciliter des actes de fraudes. «Ça nous ne pouvons pas l’accepter», a martelé Barro Chambrier.
«L’impossibilité d’asseoir une transparence électorale»
Les modifications concernent la suppression des enveloppes accolées. Ce qui suppose que les électeurs pourront à nouveau sortir avec les bulletins non utilisés et monnayer leur vote. Mais aussi, la représentation des candidats dans les bureaux. «C’est un recul démocratique», a poursuivi Barro Chambrier. Alors qu’avant la loi électorale la Constitution a été modifiée, Raymond Ndong Sima crie au «coup d’État permanent», orchestré par un président en fin de mandat s’appuyant sur son parti majoritaire au Parlement dans le but de conserver le pouvoir. «Nous attirons l’attention de la communauté nationale et internationale sur ce qui est en train de se passer et nous n’allons pas laisser faire», a prévenu Barro Chambrier. «Nous l’avons dit : 2023 ce sera l’année de la vérité. Nous n’allons pas accepter cela et nous allons libérer le Gabon», a-t-il ajouté. Le regroupement se dit étonné de voir que le Parlement adopte «manu militari des lois abjectes, qui portent l’impossibilité d’asseoir une transparence électorale et font l’objet de promulgation expresse».
«Le jeu engagé par les élus de la République n’arrange en rien les prochaines échéances», a alerté François Ndong Obiang. «Que les sénateurs mesurent la hauteur de leur irresponsabilité», a-t-il ajouté. «Nous allons de ce pas déposer une requête à la Cour constitutionnelle parce que ce n’est pas normal que des acquis démocratiques soient supprimés pour remettre des dispositions qui existaient avant le dialogue d’Angondjé», a indiqué Paulette Missambo criant au «recul démocratique inacceptable». Mais avant de quitter l’esplanade du Sénat où ils n’ont pu rencontrer que le directeur de cabinet de la présidente du Sénat, ils ont dû faire face aux gendarmes et à l’impertinence de certains PDGistes.
«Ali Bongo sera défait»
«Nous sommes scandalisés. Nous sommes ici au Sénat et c’est la maison du peuple qui est ouverte à tous et il n’y a aucune raison pour que les chose se soient passées comme nous l’avons vu», a déclaré Alexandre Barro Chambrier. «La tradition gabonaise voudrait que quand on s’adresse à un aîné, on mette la forme même si on n’est pas d’accord. Je m’indigne contre cette façon de faire qui est totalement inacceptable», a renchéri Paulette Missambo. «Nous ne sommes pas venus armés. Nous sommes venus avec un discours de nationaliste et de politiciens responsables», a pour sa part dit François Ndong Obiang. Malgré la tournure des événements, ces opposants assurent qu’ils iront aux élections parce qu’ils savent qu’ils gagneront.
«Sachez que parmi nous, quelqu’un va gagner les élections présidentielles», a déclaré Barro Chambrier demandant au peuple de se mobiliser tant dit-il, c’est le peuple qui a «le pouvoir de défaire cette oligarchie qui pille, qui ruine le Gabon et qui nous amène vers les décombres». «Nous ferons tout pour que nos droits soient préservés et que celui qui gagne soit proclamé vainqueur», a-t-il dit. «Nous n’allons pas permettre qu’un candidat qui a fait sa pré-campagne aux frais de l’Etat se lève un beau matin et continue à changer les règles alors que nous sommes déjà candidats sur une loi, sur une règle. On ne change pas les règles du jeu en cours de match et nous allons le battre», a promis Barro Chambrier. «Je vous dis, Ali Bongo sera défait. Il sera défait et nous aurons l’alternance et le changement», a-t-il soutenu.
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