Africa-Press – Gabon. Né d’un désir d’intensifier les prolongations, le but en or a marqué l’univers du football avec des moments d’une rare intensité dramatique. De sa naissance officielle en 1993 à son ultime résonance en 2003, cette règle, à la fois exaltante et controversée, aura inspiré autant d’émotions que de débats passionnés avant son abandon définitif.
Nous sommes le 30 juin 1996, au stade de Wembley, pour la finale de l’Euro entre l’Allemagne et la République tchèque. Le score est toujours nul à l’issue du temps réglementaire, et le suspense atteint son paroxysme à la 95e minute. Lors d’une action décisive en prolongation, Oliver Bierhoff, entré quelques instants plus tôt, se détache dans la surface de réparation et transforme une passe pour inscrire ce qui deviendra le tout premier but en or officiel de l’histoire du football. Le stade explose de joie tandis que l’arbitre siffle la fin immédiate du match, offrant à l’Allemagne un titre majeur dans une ambiance électrique et fébrile. Le monde vient ainsi d’assister à la naissance spectaculaire d’une règle révolutionnaire, la première équipe à marquer en prolongation gagne instantanément, infligeant une défaite par mort subite à son adversaire.
Cette règle audacieuse, officialisée par la FIFA à la suite d’une réflexion menée par l’International Football Association Board (IFAB) au début des années 1990, cherchait à dynamiser des prolongations souvent perçues comme longues et prudentes. En s’inspirant du concept de « mort subite » déjà éprouvé dans des sports comme le hockey sur glace ou le football américain, le but en or visait à stimuler l’agressivité offensive et à offrir une conclusion à la fois dramatique et expéditive aux matchs à haute tension. Son introduction en 1993 dans des compétitions juniors précéda son adoption dans les grandes compétitions internationales, notamment à l’Euro 1996, qui offrit au public un premier exemple éclatant de la puissance émotionnelle de cette règle.
Parmi les moments forts qui ont jalonné l’histoire du but en or, plusieurs rencontres restent gravées dans les mémoires pour leur intensité dramatique et leur enjeu décisif. Ainsi, lors des huitièmes de finale de la Coupe du monde 1998, Laurent Blanc a offert à la France une qualification historique en inscrivant le premier but en or dans un Mondial senior, brisant le score à la 113e minute face au Paraguay. Plus tard, à l’Euro 2000, la demi-finale entre la France et le Portugal a vu Zinédine Zidane transformer un penalty crucial en but en or, propulsant les Bleus en finale. Cette dernière a d’ailleurs été remportée par la France grâce à un but en or spectaculaire de David Trézéguet face à l’Italie, un moment qui a marqué une des pages les plus glorieuses du football français. Par ailleurs, la Coupe du monde 2002 a également connu son lot de frissons avec Henri Camara qui a qualifié le Sénégal aux dépens de la Suède grâce à un but en or marqué à la 104e minute. Ces instants emblématiques illustrent combien cette règle, malgré les polémiques, a souvent été le théâtre de séquences footballistiques d’une rare intensité, où l’émotion et le destin furent scellés en un éclair.
Cependant, au fil du temps, les critiques se sont multipliées. Le but en or, en mettant fin brutalement à une rencontre dès le premier but marqué en prolongation, a été jugé peu équitable par beaucoup. Il laissait l’équipe adversaire sans la moindre chance de riposte, ce qui pouvait paraître injuste surtout après 90 minutes âprement disputées. Par ailleurs, cette règle encouragea parfois une prudence excessive, les équipes préférant se protéger plutôt que d’oser attaquer pour éviter une défaite soudaine. Ces effets paradoxaux, associés à des contraintes pratiques de gestion du temps et de l’organisation, pousseront l’IFAB à expérimenter la règle du « but en argent », elle aussi abandonnée par la suite. Finalement, en 2004, le but en or fut officiellement retiré, au profit des prolongations classiques suivies de tirs au but, une formule jugée plus équilibrée et acceptable.
Le dernier but en or officiel dans un grand tournoi international reste celui inscrit par Thierry Henry lors de la finale de la Coupe des Confédérations 2003 entre la France et le Cameroun. À la 97e minute, sa frappe délivra les Bleus et scella une dernière fois une règle qui aura profondément marqué son époque.
Le but en or aura laissé une empreinte indélébile dans l’histoire du football, symbole d’audace et de passion. S’il fut abandonné, son héritage dramaturgique transcende le temps, nous rappelant que dans le football, parfois, une seule seconde suffit à écrire la légende.
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