Africa-Press – Gabon. Le quartier Itonda, situé dans le 3e arrondissement de Port-Gentil, est profondément bouleversé par le décès tragique d’une jeune fille de 18 ans survenu récemment. Ce drame poignant met en lumière une réalité douloureuse: celle des nombreuses adolescentes confrontées aux violences familiales et contraintes à des mariages imposés, un fléau qui ne peut plus être ignoré.
Reconnue pour son intelligence et sa détermination, A.D.M avait brillamment obtenu son baccalauréat scientifique en 2023. Elle nourrissait l’ambition de poursuivre ses études universitaires afin d’assurer un avenir meilleur à sa famille. Cependant, ce projet légitime s’est heurté à l’autorité rigide de son père, un commerçant d’origine malienne, qui ne la voyait que comme une simple gestionnaire pour sa quincaillerie.
« Son père refusait catégoriquement qu’elle continue ses études. Selon lui, elle devait se consacrer entièrement au magasin », confie un voisin encore profondément affecté.
Derrière les murs de leur foyer, la jeune fille mineure subissait, d’après plusieurs témoins, des violences physiques et psychologiques presque quotidiennes.
« Il la frappait fréquemment, parfois même devant les clients. Il l’humiliait sans cesse, l’accusait injustement de vol et criait sur elle sans raison », relate un proche souhaitant rester anonyme.
Ce climat oppressant a considérablement fragilisé la jeune fille, déjà marquée par la situation difficile de ses mères, elles-mêmes victimes de violences conjugales. Emprisonnée dans un environnement où la peur règne en maître, elle a fini par sombrer dans le désespoir. Le jour tragique du drame, sous le regard impuissant de sa petite sœur, elle aurait ingéré du poison (Rat Stop). Transportée en urgence à l’hôpital, elle n’a malheureusement pas survécu quelques instants plus tard.
Interrogé puis relâché, le père a expliqué le geste de sa fille en affirmant qu’elle avait volé 600 000 F CFA pour financer ses études, une version que la majorité des habitants du quartier trouvent difficilement crédible.
« Elle n’avait jamais quitté la boutique. À quel moment aurait-elle pu retirer de l’argent ou voir un ami? », s’interroge Bruny Assengone, une voisine.
Par ailleurs, beaucoup dénoncent la rapidité avec laquelle le père a obtenu l’autorisation d’inhumer le corps, sans qu’une enquête approfondie ait été menée.
Selon certaines sources, la jeune fille aurait laissé une lettre expliquant les raisons de son acte. Ce document a-t-il été remis aux autorités? Personne ne le sait. De nombreuses zones d’ombre subsistent et le sentiment d’injustice ne cesse de croître parmi les habitants.
Ce drame révèle une réalité encore trop répandue dans de nombreux foyers: la maltraitance parentale, souvent dissimulée par honte ou par crainte des représailles. Dans certaines familles, en particulier celles à structure patriarcale, les filles subissent une autorité absolue, privées d’éducation et de liberté de choix. Le poids des traditions, la dépendance économique et la domination masculine transforment fréquemment ces maisons en prisons silencieuses.
« Les filles sont battues, humiliées ou mariées de force, tandis que les mères, elles-mêmes victimes, restent silencieuses. Il est impératif de briser ce cercle infernal », témoigne Ibrahim, un habitant du quartier.
La mort tragique de cette jeune fille doit alerter les autorités, les éducateurs et les associations de défense des droits de l’enfant. Car derrière cet événement isolé se cache une réalité bien plus vaste: celle d’une jeunesse détruite par la violence domestique. Aujourd’hui, la société gabonaise ne peut plus fermer les yeux. Protéger les enfants contre la maltraitance, c’est avant tout défendre leur droit fondamental à la dignité, à l’éducation et à la vie.
Jean-Jacques Rovaria Djodji
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