Africa-Press – Guinée. A seulement cinq jours du scrutin présidentiel prévu pour le 28 décembre 2025, la société civile sonne l’alerte contre la censure numérique en Guinée. Réunies, ce mardi 23 décembre, lors du Forum national sur les droits numériques organisé par l’Association des Blogueurs de Guinée (ABLOGUI), la Coordination des organisations de défense des droits humains (CODDH), Presse Solidaire et le Syndicat de la Presse Professionnelle de Guinée (SPPG) ont, dans une déclaration, exprimé leur vive inquiétude face aux restrictions qui frappent déjà l’espace numérique guinéen.
A l’issue de ce Forum qui s’est tenu à Conakry, ces acteurs issus d’organisations de défense des droits humains et organisations médiatiques ont exprimé leurs préoccupations face aux restrictions récurrentes de l’espace civique et numérique en Guinée.
‘’Ces pratiques que nos organisations documentent depuis 2020 se manifestent par des coupures totales ou partielles d’Internet et les blocages ciblés des réseaux sociaux. Nos organisations constatent avec inquiétude que ces censures se multiplient surtout en périodes électorales et de mobilisation citoyenne. À l’approche de l’élection présidentielle du 28 décembre 2025, nos organisations constatent de nouvelles restrictions d’accès à Internet et aux réseaux sociaux, au détriment du droit des citoyen.ne.s à l’information et à la participation démocratique’’, a souligné leur porte-parole, Baro Condé, président d’ABLOGUI.
Les signataires de cette déclaration indiquent avoir documenté quatre épisodes majeurs de coupures d’Internet ou de blocage des réseaux sociaux, assurant que le cas du référendum du 21 septembre 2025 reste particulièrement vif avec une coupure généralisée d’internet et des réseaux sociaux.
‘’Ces pratiques souvent justifiées par les autorités au nom de la sécurité nationale ou de la préservation de l’ordre public sont contraires aux engagements nationaux et internationaux de la Guinée en matière de liberté d’expression et de droit à l’information des citoyen.n.e.s. Elles entravent le travail des journalistes, blogueurs, observateurs électoraux, restreignent la libre circulation de l’information autour des scrutins et limitent la participation citoyenne, en particulier des jeunes’’, a souligné M. Condé.
La déclaration rappelle que la liberté d’expression est gravée dans l’article 19 de la Constitution guinéenne, ainsi que dans les traités internationaux (ONU et Union africaine) dont la Guinée est signataire.
‘’Nous rappelons que l’article 19 de la Constitution guinéenne garantit à tous les citoyen.ne.s la liberté d’expression. Nos organisations rappellent également que la République de Guinée est partie aux principaux instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’homme, notamment, le Pacte International relatif aux droits civils et politiques (article 19) et la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples (article 09), qui consacrent tous la protection de la liberté de conscience, la liberté d’expression et d’opinions’’, a rappelé le président d’ABLOGUI.
Contrairement aux justifications souvent avancées, a-t-il ajouté, ‘’les restrictions numériques ne réduisent pas les crises. Elles favorisent au contraire la circulation de la désinformation et des discours de haine. Le maintien d’un accès libre et continu à Internet et aux réseaux sociaux, particulièrement en période électorale, est essentiel pour garantir l’accès des citoyen.ne.s à une information fiable, renforcer la transparence des scrutins et préserver la quiétude sociale’’.
À quelques jours de la tenue du scrutin présidentiel du 28 décembre, ces organisations ont assuré qu’il ‘’est indispensable de maintenir un accès continu à internet et aux réseaux sociaux durant le processus électoral. Toute coupure ou restriction pourrait compromettre la participation citoyenne, favoriser la désinformation et porter atteinte à la crédibilité du processus électoral’’.
C’est pourquoi, elles appellent les autorités à ‘’mettre fin à toutes les formes de restrictions en ligne qui violent les engagements de notre pays en matière de droits de l’Homme et affaiblissent notre économie numérique, encore naissante ; S’engager publiquement à garantir la continuité de l’accès à Internet et aux réseaux sociaux avant, pendant et après toutes les échéances électorales’’.
Par la voix de Baro Condé, ces organisations invitent les autorités à ‘’appliquer les lignes directrices de la Déclaration africaine des droits et libertés de l’Internet pour aligner le pays sur les meilleures pratiques africaines et internationales en matière de protection des droits numériques ; comprendre que l’intérêt légitime de l’Etat à garantir la sécurité publique ne doit pas empêcher les citoyens d’exercer leurs libertés’’.
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