Africa-Press – Guinée. Depuis plusieurs mois, les navires peinent à accoster au port autonome de Conakry, provoquant d’importantes pertes pour les commerçants guinéens, en particulier ceux du grand marché de Madina.
Pour mieux comprendre l’ampleur du problème, notre rédaction a recueilli, ce lundi 27 octobre, les témoignages de M. Abdoulaye Diallo, commerçant au marché de Madina, ainsi que d’un transitaire ayant préféré garder l’anonymat.
‘’Nous avons des difficultés à Madina ici par rapport au retard des marchandises. Cela a débuté après la fête de Tabaski. Nous avons des marchandises que nous avons achetées depuis cette période. Les marchandises prennent parfois 4, 5 ou même 6 mois à arriver. Avant, cela ne prenait que 2 mois, voire 45 jours. Le problème est que les bateaux quittent le Maroc à temps, mais c’est au moment de l’accostage à Conakry que les choses se compliquent’’, déclare M. Diallo.
À la question de savoir s’ils ont sollicité les autorités pour comprendre l’origine du problème, M. Diallo répond: ‘’Pour le moment, non. Mais nous envisageons des démarches pour demander à la Chambre de commerce de nous aider’’.
Poursuivant son intervention, ce commerçant déclare que ce retard leur cause des pertes considérables, mais surtout en termes de confiance envers les personnes avec lesquelles ils prennent les marchandises à crédit.
‘’Les pertes sont énormes. Après la fête de Ramadan, les gens se sont planifiés pour acheter des marchandises pour le 2 octobre. Les t-shirts, parfois décorés, d’autres non décorés, ainsi que les boubous verts, décorés ou non décorés. Les gens comptaient sur cette marchandise. Une fois que la marchandise arrive avant le 2 octobre, on la vend. Ensuite, on se prépare à acheter de nouvelles marchandises pour le mois de Ramadan. Mais dès que cela déraille, vous n’avez plus la possibilité d’acheter des marchandises pour les deux fêtes à venir. Cela nous impacte donc énormément’’, martèle M. Diallo.
‘’Le paiement n’intervient que lorsque le conteneur descend. A partir de ce moment-là, jusqu’à la sortie, c’est à ce moment précis qu’on règle’’, précise-t-il.
Selon lui, une fois le conteneur descend au port, il devient facile de récupérer la marchandise. ‘’Cela dépend du transitaire. Si le transitaire est efficace, la marchandise sort rapidement. Mais si le transitaire n’est pas assez réactif, cela complique considérablement la situation’’.
Il demande à l’Etat de prendre les mesures qui s’imposent pour un retour à la normale de la situation.
‘’Nous demandons vraiment à l’État de nous aider. Parce qu’au début, lorsque le CNRD est arrivé au pouvoir, ils ont beaucoup facilité les choses au niveau du port. Avant, le port ne travaillait que jusqu’à minuit. Maintenant, il fonctionne 24 heures sur 24, ce qui a grandement facilité la sortie des marchandises. Mais avant que les agents des impôts ne viennent nous réclamer, nous demandons à l’État de nous aider afin que nous puissions récupérer nos marchandises à temps’’, souligne-t-il.
Le ministre des transports, Ousmane Gaoual Diallo, a récemment évoqué la congestion au port, soulignant que la Guinée fait face aux ‘’conséquences négatives du trop-plein’’.
Il a expliqué que le port a enregistré une augmentation de 45 % des activités. ‘’Aujourd’hui, même avec l’extension que nous réalisons, nous ne pourrons pas résorber cette congestion rapidement’’, a-t-il ajouté.
Selon toujours le ministre, ce phénomène est également dû à un manque de place dans les parcs à conteneurs. ‘’Tout est plein. Même là où il faut poser les conteneurs, ça devient un problème’’, a précisé M. Diallo, rappelant que cela fait partie d’un signe positif de l’activité économique soutenue du pays.
Pour sa part, un transitaire, interrogé sous anonymat, nous a confié que ‘’c’est un manque de places au port. L’État donne la priorité aux bateaux qui envoient les matériaux pour le projet Simandou’’, a-t-il précisé sans donner plus de détails.
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