Madagascar – Mayotte : Deux îles sœurs

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Madagascar – Mayotte : Deux îles sœurs
Madagascar – Mayotte : Deux îles sœurs

Africa-Press – Madagascar. Madagascar et Mayotte ont des liaisons historiques étroites. La logique géographique voudrait que cela soit ainsi mais les guerres des chefferies et la volonté de domination des uns sur les autres ont conduit cette séparation déjà voulue par la mer et la nature, « îles elles étaient déjà ». C’est la conséquence directe de la domination instaurée par les familles venues de Chiraz, de Perse, pour islamiser ce peuple animiste de l’archipel à partir du VIIè siècle. En effet, ces « nobles » venus d’ailleurs ont commencé par se partager les îles en sultanat et se sont fait la guerre dès le XIIIè siècle, qualifiant ainsi les îles de l’archipel des sultans batailleurs : chaque sultan voulait renverser l’autre pour instaurer sa domination complète et chacun se démenait comme il pouvait, notamment en liant un pacte avec une puissance étrangère. Ce fut le cas pour Mayotte avec le pacte conclu avec Madagascar. C’est ce pacte qui a, par ailleurs, conduit Andriantsoly à venir dans l’île lorsqu’il a été mis en difficulté par Radama I. Plus tard, en devenant lui-même sultan, il céda en 1841 l’île de Mayotte à la France pour se mettre en sécurité par rapport à l’envahissement des forces malgaches et des autres îles.

Les mahorais par la langue et par des pratiques ancestrales se sentent effectivement plus malgaches. Et pour des raisons politiques, naturellement français. Sur le plan culturel, cela l’est encore plus : la vénération des “tromba”, les croyances diverses et les techniques de pêche marquent ce sentiment d’être lié à Madagascar. Le kibosy, dialecte malgache. Pendant longtemps à Mayotte, cette langue a été interdite dans les grands rassemblements et même pour prêcher car c’était la langue de ceux qui ne croyaient pas en Dieu. De ce fait, toutes les manœuvres sont organisées pour la mettre hors circuit : c’est ce qui se passe jusqu’à actuellement dans l’adoption de l’écriture des langues régionales, avec l’alphabet retenu pour être utilisé. Pour ce qui est des relations entre le kibosy et le malagasy cela est connu : le kibosy est du sakalava et de l’antakarana et par endroits de l’antalaotra. Il a cependant tendance à se créoliser avec les mélanges et la circulation des personnes.

«Quand je suis à Diego, Nosy-Be et bien des villes du Nord de Madagascar, je n’ai pas besoin d’interprète pour me faire comprendre», a témoigné Jabir. Ceci montre le lien étroit qui existe entre les deux langues (le kibosy et le malagasy). Le kibosy c’est du malagasy ancien. Les arabes venus entre le VII et le VIIIème siècle, pour introduire la religion musulmane dans la région, ont rencontré d’énormes difficultés à convertir les personnes parlant le malagasy qui étaient par ailleurs des animistes. De ce fait, ils étaient surnommés de « al’bouky » c’est-à -dire ceux qui ne croient pas en Dieu. Le kibosy, c’était la manière des « al’bouky » de désigner le malagasy. Dans « L’éclaboussure du sang d’honneur », le recours à la géomancie (le sikidy), le tromba, les rites du sacrifice d’animaux à des occasions spéciales, le respect des jours « fady »… sont largement évoqués.

Iss Heridiny

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