MICHEL DE MAEGD – « C’est au Président élu d’initier le dialogue »

2
MICHEL DE MAEGD - « C’est au Président élu d’initier le dialogue »
MICHEL DE MAEGD - « C’est au Président élu d’initier le dialogue »

Garry Fabrice Ranaivoson

Africa-Press – Madagascar. Membre du parti libéral belge, le Mouvement réformateur (MR), le député Michel De Maegd est un des parlementaires européens au sein de la délégation d’observateurs électoraux dépêchés par l’International Liberal (IL), pour le premier tour de l’élection présidentielle.

Pourriez-vous nous parler de votre parcours ?

J’ai été formé au journalisme à Bruxelles et à Bordeaux. J’ai commencé ma carrière à RTL Paris, en 1995, lors de l’élection de Jacques Chirac, avant de la poursuivre en Belgique. J’ai ensuite été reporter de guerre, notamment lors du génocide au Rwanda, de la guerre en Bosnie ou au Kosovo. Dès l’an 2000, j’ai présenté le Journal télévisé en Belgique durant près de 20 ans. En 2019, j’ai décidé de m’engager en politique au sein du parti libéral MR. Élu député à Bruxelles, je suis chargé des Affaires étrangères et des Affaires européennes.

Dans un tweet, la présidente de l’international liberal affirme que “la volonté des électeurs doit être respectée”. Quelle est la portée de ses propos.

Pour nous libéraux, c’est un principe fondamental de la démocratie. Une fois que l’électeur s’est présenté aux urnes, on se doit de respecter les résultats, pour autant bien sûr qu’il se soit déroulé selon des standards démocratiques. Le déroulement du scrutin s’est passé dans le calme, sans violence. Les électeurs qui ont décidé librement de s’exprimer ont pu le faire sans entrave. D’autres ont observé un boycott appelé par le « groupe des dix », c’est également leur liberté. Mais cela ne signifie pas qu’il s’agit d’un blanc-seing pour confisquer le choix exprimé par plusieurs millions d’autres citoyens malgaches.

Elle ajoute “j’encourage le Président élu à l’inclusion dans le développement démocratique et économique”. Est-ce un écho à l’appel au dialogue que les observateurs de l’IL ont lancé vendredi ?

Pour être clair, l’appel au dialogue n’est une remise en cause ni de la légitimité du scrutin, ni de celle des institutions démocratiques de l’État malgache. Que signifie le mot dialogue ? Cela signifie travailler ensemble pour un futur meilleur. C’est le cas partout, en Europe, en Belgique. L’opposition joue son rôle d’opposition, en principe, non pas pour bloquer les institutions, mais pour amener à un meilleur consensus politique au service du citoyen, pas au service des intérêts particuliers. Lors de notre mission, nous avons longuement consulté les membres tant de l’opposition que de la majorité, pour comprendre le contexte du scrutin. Il en est ressorti une frustration des membres du groupe des dix sur le fonctionnement des institutions. Nous appelons au vrai dialogue, comme expliqué précédemment, pour que, lors des prochaines échéances électorales, les questions juridiques ne prennent pas le pas sur les questions politiques et sociétales. C’est cela le vrai rôle des élections. Proposer des projets de société aux électeurs qui doivent décider librement quel projet ils choisissent pour les années futures. Dans ce pays aux multiples ressources qu’est Madagascar, mais qui connaît un des plus hauts taux de pauvreté, la priorité des priorités, qu’on soit dans la majorité ou l’opposition, doit être d’améliorer le niveau de vie des citoyens.

Qui doit initier ce dialogue, ou cette démarche inclusive ?

Pour nous, il est évident que cela pourrait être le Président élu. Cela ne pourrait qu’asseoir plus encore la légitimité qu’il a acquise au travers des urnes. Prenez l’exemple de la Côte d’Ivoire où j’étais également observateur pour l’International Liberal, lors de la dernière élection présidentielle. Ce scrutin avait été marqué par des tensions bien plus vives, avec de réels incidents graves qu’heureusement nous n’avons pas observé à Madagascar. Le scrutin avait toutefois pu se tenir. Une fois réélu, dans un élan de pacification et dans l’intérêt du peuple, le Président Alassane Ouattara a tendu la main à ses détracteurs et à l’opposition. Ce dialogue a permis d’évacuer des conflits d’ordre juridique pour se concentrer sur les réformes à entreprendre au service des citoyens. Seule la paix et le dialogue politique peuvent amener la prospérité.

L’opposition conteste la légalité et la légitimité du scrutin. Votre appel serait-il pour redistribuer les cartes, sinon dans quel but ?

Je le redis avec force, appeler au dialogue, ce n’est pas prendre parti pour l’un ou pour l’autre. Ce n’est pas non plus contester la légalité du scrutin qui s’est déroulé librement et sans entrave. Je comprends bien entendu que sur un plan de pure politique politicienne, on peut être tenté d’instrumentaliser cet appel. Mais je le regrette. Pour dialoguer, il faut deux parties. Sinon il s’agit d’un monologue. À l’instar de la majorité, l’opposition a donc aussi une lourde responsabilité en la matière. Non pas celle de bloquer les institutions, mais celle de les améliorer afin de faire prospérer la démocratie. C’est ce vœu que les observateurs de l’International Liberal ont exprimé dans leur rapport de mission.

source: lexpress

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Madagascar, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here