Mandimbisoa R.
Africa-Press – Madagascar. Un homme insulté, agressé puis traîné sur la chaussée sur plusieurs mètres avant d’être laissé pour mort. Cette scène insoutenable, montrant un manifestant violemment malmené par des gendarmes lors de la mobilisation de jeudi à Anosy, a profondément choqué l’opinion. La brutalité des forces de l’ordre envers ceux qui expriment leur mécontentement face à la gouvernance actuelle est intenable. Les condamnations pleuvent. Des violences, en totale contradiction avec l’appel au calme lancé par le président Rajoelina lui-même, ne font qu’attiser la colère et la haine à l’égard de son régime.
Deux semaines après le premier soulèvement du 25 septembre, le pays demeure enlisé dans une crise politique sans précédent. Dans les rues, les manifestants tiennent bon, malgré l’essoufflement visible du mouvement. En parallèle, les violences policières, souvent qualifiées de bavures, se multiplient. Sous couvert de maintien de l’ordre, les gendarmes répriment avec force toute tentative d’expression, bafouant ainsi le droit constitutionnel à la liberté de manifester.
Hier encore, Mikolo, figure emblématique de la jeunesse « Gen Z », a été arrêté à Anosy après avoir interpellé à genoux les forces de l’ordre pour demander que sa génération puisse s’exprimer librement. Des témoins affirment avoir vu des militaires piétiner sa tête dans le pick-up où il a été embarqué. Les explications officielles sont pour le moins déroutantes. Le général Jean Herbert Rakotomalala, commandant de la Gendarmerie nationale justifie cette violente arrestation par le fait de préserver la vie de Mikolo. A en croire, ce général de la gendarmerie qui est intervenu hier sur la chaine publique TVM, les forces de sécurité auraient reçu des renseignements selon lesquelles plusieurs manifestants devaient être sacrifiés pour accuser les forces de l’ordre et attiser la haine contre le pouvoir. Dès l’arrestation de Mikolo, des appels à la libération ont inondé les réseaux sociaux. L’étudiant a finalement été libéré hier dans la soirée. Sur sa page Facebook, il a témoigné des violences et des insultes qu’il a reçues.
Autre épisode de répression: des médecins bénévoles intervenus à Anosy et Antanimbarinandriana évoquent l’utilisation des balles réelles par les forces de sécurité, De son côté, l’EMMONAT dément cette information et parle de gestion démocratique des foules.
À Befelatanana, les impacts visibles sur les murs de l’hôpital témoignent également des tirs en direction de l’établissement. Les forces de l’ordre ont une fois de plus lancé des grenades lacrymogènes aux alentours de l’hôpital incommodant patients et personnel de santé se trouvant à l’intérieur de la maternité.
Pendant ce temps, les mensonges et provocations venus des cercles proches du pouvoir se poursuivent. La télévision nationale a affirmé que l’homme traîné à Anosy était ivre. Sur les réseaux sociaux, des partisans du régime multiplient insultes et moqueries, qualifiant le mouvement de minoritaire.
Source: Madagascar-Tribune.com
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