26 juin 1960 – 26 juin 2022 : 62 ans d’indépendance et un bilan politique contrasté pour Madagascar

16
26 juin 1960 – 26 juin 2022 : 62 ans d’indépendance et un bilan politique contrasté pour Madagascar
26 juin 1960 – 26 juin 2022 : 62 ans d’indépendance et un bilan politique contrasté pour Madagascar

Africa-Press – Madagascar. Comme dans tous les pays sous la domination française, la fin des années 1950 et le début des années 1960 sont décisifs pour Madagascar. L’autodétermination tant entendue est enfin prononcée.

Après des années où la politique était mise en sourdine suite aux événements de 1947, l’année 1956 va être une année de changement pour Madagascar comme pour les autres colonies françaises du Grand continent. Cela se manifeste par l’adoption de la loi 56-619 du 23 juin 1956 qui charge le Gouvernement de mettre en œuvre les réformes et de prendre des mesures propres à assurer l’évolution des territoires relevant du ministère de la France d’Outremer. Le but est de permettre aux colonies de faire des progrès dans la gestion de leurs propres affaires, comme l’a souligné Fréderic Randriamamonjy dans son livre intitulé Histoire de Madagascar de 1895 – 2002. Avec cette réforme, Madagascar s’achemine vers son indépendance qui va être proclamée en grande pompe à Mahamasina par le Général De Gaulle le 26 juin 1960, après avoir choisi de rester membre de la Communauté Française au référendum du 28 septembre 1958 qui a donné naissance à la Première République.

Quatre Républiques. En 62 ans d’indépendance, la Grande Ile a connu quatre Républiques. La première est celle qui a été mise en place par le référendum du 28 septembre 1958, dirigée par Philibert Tsiranana et sous la domination de son parti, le PSD (Parti social-démocrate), durant 14 ans. Elle a vu sa fin en 1972. La Deuxième République a vu le jour le 30 décembre 1975, après trois années de Directoire avec ses différentes péripéties. Mené à la tête du pays avec une nouvelle Constitution et le « Livre Rouge », Didier Ratsiraka est resté à la tête de cette République socialiste durant 16 ans. Avec les partis membres du Front National pour la Défense de la Révolution, l’AREMA (Avant-garde de la Révolution Malagasy) a surtout dominé la scène politique durant cette période avant de passer le pouvoir aux Forces vives Rasalama après la Convention du 31 octobre 1991. Après presque deux années de Transition, dirigée par la HAE (Haute Autorité de l’Etat), le référendum du 19 août 1992 met en place la Troisième République. Elle a connu trois présidents démocratiquement élus, Albert Zafy, Didier Ratsiraka et Marc Ravalomanana et un chef d’Etat, Norbert Ratsirahonana. L’éminent juriste et ancien Premier ministre a accédé au pouvoir après l’empêchement d’Albert Zafy en 1996 et a eu pour mission de préparer l’élection présidentielle. La Quatrième République, quant à elle, est née après le référendum du 17 novembre 2010 après quatre ans de Transition dirigé par Andry Rajoelina suite à un mouvement qui a mis fin au régime de Ravalomanana en 2009. La Quatrième République a connu jusqu’à maintenant deux présidents, Hery Rajaonarimampianina de 2014 à 2018 et Andry Rajoelina depuis 2018.

Une histoire ponctuée par des crises. Quatre crises politiques majeures, avec des lourdes conséquences socio-économiques, ont rythmé l’histoire contemporaine de la Grande Ile. « La crise nous apparaît comme une perte de fondement et de valeurs, une perte d’identité et de souveraineté non seulement politique mais aussi humaine », a d’ailleurs souligné Jacqueline Raoelina Andriambololona, maître de conférence en philosophie, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Université d’Antananarivo, dans sa contribution intitulée « Les « crises » malgaches, perspectives historiques et anthropologiques de la situation ». La première est celle de 1972, qualifiée par Françoise Blum, Ingénieur de recherche au CNRS, rattachée au Centre d’histoire sociale des mondes contemporains (Paris1/CNRS), comme l’autre indépendance, et qui a mis fin à la Première République. La deuxième est celle de 1991. Elle s’inscrit dans ce que Samuel Huntington, ancien Professeur de sciences politiques à l’université Harvard, qualifie de « Troisième vague de la démocratisation ». Celle-ci a, en revanche, sonné le glas à la Deuxième République. La troisième crise politique que le pays a connue est celle de 2002. De nature différente que les précédentes, elle s’est produite suite aux contestations des résultats électoraux par un des candidats au deuxième tour de la présidentielle de décembre 2001, Marc Ravalomanana, et a mis fin au régime de Didier Ratsiraka. La dernière crise est celle de 2009. Elle a mis fin à la Troisième République, au règne de Ravalomanana et à la domination de son parti, le Tiako i Madagasikara. En 62 ans d’Indépendance, Madagascar a ainsi connu 4 Républiques avec quatre crises politiques majeures que les spécialistes considèrent comme des anomalies de la démocratie.

Julien R.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Madagascar, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here