Africa-Press – Madagascar. La deuxième réunion du comité mixte franco-malgache sur les îles Éparses se tient à Paris ce lundi, cinq ans après la première session organisée à Antananarivo en 2019. Si le calendrier diplomatique semble suivre son cours, sur le terrain, les voix citoyennes malgaches s’élèvent avec force pour rappeler que le temps des discussions feutrées ne saurait s’éterniser face à ce qu’elles considèrent comme une injustice historique.
La délégation officielle malgache est cette fois ci composée de huit personnes dont la ministre des Affaires étrangères, Rafaravavitafika Rasata, Mahatante Tsimanaoraty Paubert ; ministre de la Pêche, Lalatiana Henriette Rakotondrazafy, sénatrice ; Dr Djacoba Tehindrazanarivelo, ambassadeur à Genève, du Vice-amiral Antoine de Padoue Ranaivoseheno, conseiller au ministère de l’Environnement. Le magistrat Dina Andriamaholy, secrétaire général adjoint de la présidence, Harifera Elisa Rabemananjara, directrice générale de la coopération internationale au ministère des Affaires étrangères, et Hery Lisy Tiana Ranarijaona, directrice générale de la recherche scientifique font également partie de cette délégation.
Dès le début des négociations, la société civile donne le ton. Dans une déclaration commune publiée le 28 juin, des centaines d’organisations réaffirment, sans nuance, leur exigence: la restitution immédiate, complète et sans condition des îles Éparses à Madagascar.
« Les îles Éparses sont une partie intégrante et inaliénable du territoire national », martèlent-elles, citant à l’appui le droit international et la résolution 1514 de l’ONU sur la décolonisation. Pour ces acteurs engagés, la poursuite de l’administration française sur ces territoires – notamment Nosy Sambatra (Glorieuses), Nosy Ampela (Europa), Nosy Kely (Juan de Nova) et Nosy Bedimaky (Bassas da India) – relève d’un prolongement inacceptable du système colonial, en contradiction avec l’esprit même de l’indépendance malgache, tout juste célébrée le 26 juin dernier.
Derrière les formules diplomatiques de dialogue et d’écoute mutuelle affichées par les deux États, la société civile malgache pointe une stagnation politique et une volonté française jugée ambiguë, voire dilatoire, à reconnaître pleinement la souveraineté malgache. Elle appelle à une mobilisation nationale et panafricaine, exhortant les partenaires de Madagascar, des pays de l’Océan Indien aux mouvements de solidarité internationale, à prendre position.
L’appel est également clair à l’endroit de la délégation officielle: tenir une ligne ferme, sans compromis, au nom de la dignité nationale. Une exhortation qui résonne comme un rappel à l’ordre, voire une mise en garde. Car, dans un contexte où la mémoire coloniale reste vive et les aspirations souverainistes fortes, le peuple malgache, à travers ses OSC, n’entend plus rester spectateur passif de négociations interminables.
Plus qu’un simple débat sur des îlots stratégiques et isolés, les îles Éparses cristallisent aujourd’hui une quête de justice, d’histoire réparée et de souveraineté assumée. Reste à savoir si la réunion de Paris saura être à la hauteur de cette exigence, ou si elle prolongera encore un dialogue où l’asymétrie des positions devient de plus en plus difficile à défendre.
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