Africa-Press – Madagascar. La répression des manifestations contre le régime d’Andry Rajoelina a atteint un niveau critique, plongeant Madagascar dans une spirale de violence et d’indignation. Alors que les forces de l’ordre continuent d’étouffer dans le sang et les gaz lacrymogènes les rassemblements du mouvement Gen Z, de plus en plus de voix s’élèvent — des hauts dignitaires de l’Église, des juristes, des anciens ministres et même des médecins — pour dénoncer un deux poids, deux mesures flagrantes et un pouvoir désormais retranché derrière la force.
L’ancienne ministre de la Justice, Noro Harimisa Razafindrakoto, n’a pas mâché ses mots: « Tant qu’il y aura usage de la force, répression et partialité dans ce qu’on appelle l’application de la loi, il ne pourra jamais y avoir de paix. (…) Assez de sang versé, assez de vies sacrifiées. STOP ! » Elle pointe du doigt l’usage excessif des armes, les arrestations arbitraires et les brutalités policières qui, selon elle, « attisent la haine et divisent les compatriotes ».
Même le clergé, habituellement réservé, exprime sa colère. Mgr Mamiarisoa Modeste Randraniafahanana, évêque auxiliaire d’Antananarivo, a lancé aux forces de l’ordre: « Vous pouvez me tuer, mais arrêtez de maltraiter ces gens-là. Les forces ne sont pas pareilles, vous êtes armés, eux non. » Ces propos ont été tenus après une vive altercation avec le lieutenant-colonel Tojo Raolijohn, commandant du groupement de la gendarmerie d’Analamanga, figure de la répression, qui a tenté de justifier la riposte des forces par des jets d’acide attribués aux manifestants. Un prêtre lui a aussitôt répondu que ces réactions ne sont que la conséquence directe des provocations et agressions policières répétées.
Le week-end dernier, le pays a frôlé le drame. À Ampefiloha, partisans du régime et manifestants du Gen Z se sont fait face, couteaux en main. Un bain de sang a été évité de justesse grâce à l’intervention du pasteur Nestor Razafindramanitra, figure religieuse proche du pouvoir, rapporte son épouse, la pasteure de la FJKM d’Ambalavao Isotry, qui a réussi à calmer les deux camps du côté d’Ampefiloha et d’Isotry.
Pendant ce temps, samedi, les partisans du régime, autorisés à manifester sous escorte, défilaient librement à Ankorondrano et Andavamamba, tandis que les militants du Gen Z étaient violemment dispersés à coups de gaz lacrymogènes et de blindés, alors qu’ils tentaient une négociation pacifique avec les forces de l’ordre. L’arrivée du lieutenant-colonel Tojo Raolijohn a marqué le point de rupture: affrontements, chaos, et échauffourées devant l’hôpital de Befelatanana. Les médecins, scandalisés, ont dénoncé une intrusion des forces armées dans l’enceinte hospitalière, mettant en danger patients et personnel soignant.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Madagascar, suivez Africa-Press