Africa-Press – Madagascar. Depuis la nomination du général Fortunat Ruphin Zafisambo à la Primature, le président Andry Rajoelina s’est engagé dans une véritable manœuvre de consolidation de son pouvoir. Moins de 24h après la désignation du Chef du gouvernement, trois figures issues des corps militaires et policiers ont été nommées à des postes clés du gouvernement. Une stratégie claire: placer la sécurité au centre de l’action politique, dans un contexte où les tensions sociales et les manifestations continuent d’ébranler la capitale et le pays.
Le Général de Division Deramasinjaka Manantsoa Rakotoarivelo, ancien chef d’État-major des armées, prend désormais la tête du ministère des Forces armées. Le Contrôleur général de police Mandimbin’ny Aina Randriambelo, précédemment secrétaire générale du ministère, hérite du portefeuille de la Sécurité publique. Enfin, le Général de Corps d’Armée Andriantsarafara Rakotondrazaka est reconduit au poste de ministre délégué chargé de la Gendarmerie nationale. Trois profils aux carrières solides, reconnus pour leur loyauté et leur rigueur, choisis pour rétablir l’ordre et assurer la stabilité du régime.
Mais la rapidité de ces nominations interpelle. En désignant d’abord les ministres de la Défense, de la Sécurité publique et de la Gendarmerie, avant même de compléter la composition du gouvernement, le président Rajoelina et son Premier ministre Zafisambo montrent où se situent leurs priorités. La sécurité du régime n’est plus seulement un enjeu de gouvernance: elle devient une préoccupation personnelle et politique. Selon des informations concordantes, Andry Rajoelina se serait installé définitivement au palais d’Iavoloha depuis son retour à Madagascar, signe d’une vigilance accrue face aux risques d’instabilité et, peut-être, d’une inquiétude pour sa propre sécurité.
Le chef de l’État veut reprendre la main sur une situation critique et tenter de redresser la barre avec notamment les « forces ». Il a fixé comme priorité de lever le couvre-feu, actuellement en vigueur de 20 h à 4 h du matin dans la capitale, une mesure qu’il estime préjudiciable à l’économie nationale, notamment au secteur du tourisme. L’objectif officiel: rétablir la confiance, permettre à chacun de travailler et circuler librement, et donner un signal d’apaisement.
Pour autant, cette série de décisions traduit aussi un régime sur la défensive, conscient de sa fragilité. En confiant les leviers du pouvoir à des militaires de haut rang, Rajoelina tente de resserrer les rangs autour de l’appareil sécuritaire et d’anticiper toute menace, qu’elle vienne de la rue, de l’opposition ou même des forces armées. Reste à savoir si cette stratégie de fermeté ramènera la stabilité… ou renforcera la défiance.
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