Africa-Press – Madagascar. Les supercentenaires au secours des enfants frappés par une sénescence précoce et accélérée? Des chercheurs de l’Université de Bristol (Grande-Bretagne) et de l’institut IRCCS MultiMedica, à Milan (Italie), ont montré qu’un gène qu’ils possèdent permet d’atténuer les dommages cardiaques provoqués par la progéria.
Amélioration de la fonction cardiaque
La progéria, ou syndrome de Hutchinson-Gilford (HGPS), résulte d’une mutation du gène LMNA. Elle entraîne la production d’une protéine toxique, la progérine, qui perturbe le fonctionnement du noyau cellulaire. Les cellules perdent leur stabilité, s’abîment plus vite et le cœur vieillit prématurément. Les enfants touchés développent très tôt des troubles cardiovasculaires similaires à ceux d’un adulte âgé et meurent le plus souvent autour de 12 à 13 ans.
Pour lutter contre cette maladie rarissime (1 naissance sur 4 à 8 millions), l’équipe de Paolo Madeddu, de la Bristol Heart Institute, et celle d’Annibale Puca, à l’IRCCS MultiMedica en Italie a décidé d’une approche originale et est allée puiser dans la biologie des centenaires. Ces individus qui résistent au passage du temps présentent souvent des gènes protecteurs, capables de maintenir leurs artères souples et leur cœur fonctionnel malgré l’âge. Parmi eux, le gène LAV-BPIFB4 est déjà connu pour favoriser la santé vasculaire.
Les chercheurs ont introduit ce gène dans des souris génétiquement modifiées pour développer une progéria. Après une seule injection, les animaux ont présenté une amélioration significative de la fonction cardiaque, notamment au niveau du remplissage et du relâchement du cœur. L’analyse des tissus a également révélé une réduction de la fibrose (les cicatrices internes du muscle cardiaque) et une baisse du nombre de cellules vieillissantes. Encore mieux: de nouveaux capillaires se sont formés, signe d’un rajeunissement vasculaire.
Une thérapie fondée sur la biologie du vieillissement sain
Pour confirmer ces observations, l’équipe a testé le même gène sur des cellules humaines issues de patients atteints de progéria. L’introduction du LAV-BPIFB4 a permis de restaurer une partie des fonctions cellulaires, en réduisant les signes de vieillissement et la fibrose, sans pour autant diminuer les niveaux de progérine. Cela signifie que le gène ne combat pas directement la protéine toxique, mais renforce la résistance des cellules à ses effets délétères. Les résultats sont publiés dans la revue Signal Transduction and Targeted Therapy.
« Notre recherche a mis en évidence l’effet protecteur d’un gène de longévité sur les troubles cardiaques liés à la progéria, dans des modèles animaux et cellulaires », explique dans un communiqué Yan Qiu, chercheuse au Bristol Heart Institute. « Cette stratégie n’attaque pas la cause génétique, mais s’inspire de la biologie des centenaires pour restaurer la santé du cœur. À terme, elle pourrait aussi bénéficier au vieillissement cardiaque normal ».
Paolo Madeddu nous confirme que ce gène pourrait avoir des effets bien au-delà de la progéria. « Nous avons constaté qu’il pouvait aussi avoir des effets bénéfiques dans d’autres affections cardiovasculaires, comme l’ischémie des membres, l’infarctus du myocarde, l’athérosclérose ou la cardiomyopathie diabétique, même en présence de taux de glucose élevés ». De prometteuses perspectives qui demanderont à être confirmées et qui ne seront pas disponibles avant plusieurs années si elles s’avèrent positives.
Actuellement, seul un médicament, le Zokinvy (lonafarnib, laboratoires Eiger BioPharmaceuticals, Inc.), est approuvé par l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA). Il permet de limiter l’accumulation de progérine sans agir sur sa production. D’autres essais sont également en cours, dont une thérapie génique utilisant les ciseaux moléculaires CRISPR-Cas9 et une autre associant plusieurs molécules innovantes, mais les résultats obtenus sont encore partiels.
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