La Désertification Menace 13 Régions

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La Désertification Menace 13 Régions
La Désertification Menace 13 Régions

Africa-Press – Madagascar. La désertification menace aujourd’hui 13 régions de Madagascar: Boeny, Melaky, Betsiboka, Menabe, Atsimo Andrefana, Atsimo Atsinanana, Ihorombe, Haute Matsiatra, Anosy, Androy, Amoron’i Mania, Vakinankaratra et Bongolava. Ce fléau environnemental touche plus de 9 millions d’hectares, soit 15,36 % du territoire national. Alors que les effets du changement climatique sont désormais bien visibles, le phénomène est largement aggravé par l’exploitation incontrôlée des sols et des ressources naturelles. Et pourtant, les réponses institutionnelles peinent à suivre, quand elles ne contribuent pas à empirer la situation.

Le ministère de l’Environnement et du Développement durable, censé jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre la dégradation des terres, donne aujourd’hui l’impression de fuir ses responsabilités. Pire, certaines de ses décisions participent directement à la fragilisation de l’écosystème national. L’exemple le plus criant reste sa position en faveur du maintien du projet minier Base Toliara, pourtant fortement contesté par les populations locales et décrié par des experts internationaux pour ses risques environnementaux et sanitaires, notamment une potentielle exposition à la radioactivité. Alors que le Sud souffre déjà d’un stress hydrique aigu et d’un appauvrissement des terres, promouvoir une exploitation minière industrielle dans une zone aussi fragile relève au mieux d’une inconséquence, au pire d’un désintérêt manifeste pour l’intérêt général.

À cela s’ajoute le silence du ministère face au retour de la taxation sur le gaz butane, un choix gouvernemental qui a rendu cette énergie de plus en plus inaccessible pour les ménages. En l’absence d’alternatives abordables, de nombreux foyers se tournent à nouveau vers le charbon de bois, accélérant la déforestation, notamment dans les zones semi-arides déjà touchées par la désertification. Cette absence de réaction, voire de positionnement clair, de la part du ministère de l’Environnement illustre une forme d’indifférence institutionnelle face aux urgences écologiques et sociales du pays.

Et pourtant, les outils ne manquent pas: Madagascar a ratifié dès 1997 la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification (CNULCD), s’est doté d’un Plan d’Action National 2015–2025, d’une politique de neutralité en matière de dégradation des terres et d’une note d’orientation nationale. Mais ces documents restent trop souvent lettre morte. Sans volonté politique réelle, sans coordination intersectorielle efficace et sans respect des alertes scientifiques, ces initiatives ne peuvent qu’échouer.

Restaurer les terres, c’est plus qu’un objectif environnemental: c’est une question de survie nationale. Cela suppose de rompre avec les logiques extractivistes à courte vue et de faire enfin primer l’intérêt collectif sur les intérêts économiques à court terme. À l’heure où Madagascar célèbre, comme chaque 17 juin, la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse, la lucidité et le courage politique devraient être les premières ressources à mobiliser.

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