La Junte Militaire au Pouvoir au Mali Appelle le Gouvernement À Organiser des ÉLections Transparentes et Pacifiques

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La Junte Militaire au Pouvoir au Mali Appelle le Gouvernement À Organiser des ÉLections Transparentes et Pacifiques
La Junte Militaire au Pouvoir au Mali Appelle le Gouvernement À Organiser des ÉLections Transparentes et Pacifiques

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. Le Mali vit actuellement des situations de crises sécuritaires et économiques accompagnées d’une aggravation des conditions humanitaires, car plus de 7 millions de personnes à travers le pays ont besoin d’aides et d’interventions humanitaires urgentes, en plus de plus de 161 000 enfants souffrant de famine et de malnutrition.

À la lumière de ces conditions et de l’impact de l’escalade du conflit entre les partis actifs sur la scène politique, le général Assimi Goïta a limogé le Premier ministre civil, Choguel Kokalla Maïga, et l’a remplacé le 21 novembre 2024 par un membre du Conseil militaire de transition, le général de division Abdoulaye Maïga.

• Un remaniement qui donne à réfléchir Pourquoi le PM. Choguel Maïga a-t-il été révoqué ?

Pour ceux qui suivent les évènements qui se passent au Mali, ce changement ministériel n’était pas une procédure normale, mais avait plutôt de multiples dimensions et connotations, en plus des revendications internes croissantes sur la nécessité de fixer un délai pour la fin de la phase de transition et le retour au processus démocratique.

La junte militaire qui avait officiellement pris le pouvoir à Bamako en 2021 a décidé d’organiser des élections législatives et présidentielles en mars 2024, mais elle est revenue sur sa décision sans faire référence aux partis civils qui la soutenaient, ce qui a amené le Premier ministre démis à exprimer son mécontentement en déclarant que « La poursuite du régime militaire pourrait plonger le pays dans de profondes crises ».

Pour rappel, quand les partis politiques ont voulu investir la scène politique, le Président de la Transition avait signé un décret pour geler un certain nombre de partis et d’associations, estimant qu’ils se livraient à des actes de sabotage.

Il faut noter qu’à l’époque, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga avait déclaré que l’organisation des élections et la passation du pouvoir aux civils dépendaient de la stabilité sécuritaire et de l’achèvement de la souveraineté nationale sur toutes les frontières.

De même, et conformément aux directives militaires de l’époque, il avait déclaré: « Ceux qui veulent des élections à la lumière des tensions sécuritaires sont des ennemis de la patrie et ne veillent pas à ses intérêts ». Selon lui, la décision de reporter les élections montre que les militaires n’accordent pas de valeur à la démocratie en échange de la recherche de la stabilité et de poursuivre le projet de souveraineté complète, dont leurs dirigeants de la région de « Liptako Gourma » ont fait le slogan principal de leur projet.

• A propos de la stabilité de la sécurité

Avec l’arrivée de l’armée au pouvoir en 2021, les dirigeants de la junte militaire n’ont pas évoqué la question du maintien du pouvoir dans leurs agendas, ce qui a amené la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à imposer de strictes restrictions sur les échanges commerciaux avec Bamako.

Les militaires au Mali se concentrent sur la stabilité sécuritaire avant de penser à rendre le pouvoir aux civils ou à organiser des élections démocratiques

Après une période de siège, le Conseil militaire a répondu à la demande de retour à la vie constitutionnelle et a décidé d’organiser des élections législatives et présidentielles en 2024.

Mais le mouvement de coup d’État dans les pays voisins et l’entrée du Mali dans la formation de ce qui est devenu connu sous le nom de « Coalition des États du Sahel » ont créé un nouveau prétexte pour que les militaires restent au sommet des positions politiques, et ils ont décidé de reporter indéfiniment les élections.

• A propos de la déportation de civils

Lorsqu’ils sont arrivés au pouvoir, les membres du Conseil militaire n’ont pas caché leur désintérêt pour les blocs et forces politiques, notamment les partis, mouvements et associations.

Après le coup d’État contre Ibrahim Boubacar Keita en 2020, l’armée a confié la présidence du pays aux civils, où Bah Ndaw fût installé comme chef de l’État, et Mokhtar Wan comme premier ministre.

Mais l’armée a rapidement changé de stratégie et a renversé le gouvernement civil en mai 2021. Le général Assimi Goïta a assumé la présidence du pays et a nommé Choguel Kokalla Maïga, issu de l’aile civile, au poste de Premier ministre, mais après 3 ans, Maïga a parlé d’élections et d’un retour au pouvoir démocratique, et c’est pour cette raison qu’il a donc été démis de son poste de Premier ministre.

Des politologues ont estimé que les déclarations du Premier ministre limogé concernant l’armée étaient dues au sentiment qu’il était exclu en tant que parti civil de tracer la voie politique pour l’avenir du Mali, car il a déclaré qu’il n’était pas au courant de la décision de prolonger la période de transition avant de le découvrir par le biais des médias, comme tout le monde.

• A ne pas oublier les crises humanitaires que connait le Mali

Le fait que Choguel Kokalla Maïga quitte la voie militaire équivaut à sauter du navire avant qu’il ne coule, car il était un partisan des dirigeants de la junte militaire, mais il connaît l’ampleur des défis et les conséquences de la situation, et a choisi de manœuvrer et de rester sur la scène politique dans l’opposition et de se tenir aux côtés du reste des partis politiques qui croient que les militaires doivent retourner aux casernes et laisser les palais du pouvoir aux civils.

Maïga a déclaré que les décisions politiques prises par la junte militaire au cours des dernières périodes suggèrent que le pays pourrait s’engager sur la voie du chaos, d’autant plus que les conditions économiques liées à la vie des gens, comme l’eau, l’électricité ainsi que les prix, sont devenues des problèmes quotidiens pour les habitants de la capitale, Bamako, et de nombreuses villes vitales.

S’adressant à un certain nombre de ses partisans, le Premier ministre démis a déclaré que le maintien du régime militaire et la poursuite de la guerre pourraient plonger le pays dans le chaos, avec des conséquences indésirables.

Il importe de noter que la « période de transition » est la période pendant laquelle les militaires, qui ont pris le pouvoir en 2020, affirment avoir besoin d’établir la stabilité dans le pays confronté aux violences des groupes extrémistes armés, et à une crise multidimensionnelle, avant de céder le pouvoir aux civils.

Toutefois, sous la pression internationale, l’armée s’est engagée quand même à remettre le pouvoir aux civils en mars 2024 après la tenue des élections présidentielles. Mais ils sont revenus sur cette promesse sans fixer de nouvelle date. Bien que le général Assimi Goïta soit un candidat probable aux prochaines élections présidentielles.

• L’initiative du président du Mali quant à la tenue d’élections est-elle sérieuse ?

On ne peut nier que l’annonce faite par le Conseil militaire du Mali sur le début des préparatifs pour la tenue des élections générales, susceptibles de mettre fin à la phase de transition actuelle, a soulevé des questions sur le sérieux de cette annonce, d’autant plus que le Conseil n’a pas encore fixé la date de la tenue de ces élections.

Un communiqué publié à l’issue d’une réunion du Cabinet indique: « Le président de l’État le général Assimi Goïta a appelé les membres du gouvernement à fournir les conditions nécessaires pour organiser des élections transparentes et paisibles qui mettraient fin à la phase de transition », sachant que la phase de transition a commencé après que les soldats maliens dirigés par Goïta ont pris le pouvoir en 2021, dans une démarche à laquelle se sont opposés les blocs régionaux et internationaux, mais la junte militaire issue du coup d’État a réussi à prendre les rênes du gouvernement et a promis d’organiser des élections, mais sans accomplir cela.

• Une clarté tachée de doutes

Certes, le Conseil militaire s’était engagé, sous la pression internationale, à remettre le pouvoir aux civils en après la tenue des élections présidentielles, mais le Conseil est revenu sur cette promesse sans fixer de nouvelle date, ce qui a accéléré les spéculations sur la possibilité de prolonger la phase de transition actuelle et sur l’avenir de Goïta, qui pourrait être le candidat probable à toute future élection présidentielle.

Réagissant à cette situation, les politologues ont déclaré: « L’ambiguïté de l’annonce du Conseil militaire est évidente, puisqu’il n’est pas question d’inviter les électeurs maliens ni de date précise pour la tenue des élections présidentielles et parlementaires, comme si le Conseil militaire cherchait seulement à gagner du temps ».

Le dilemme réside dans l’absence de toute garantie dans la nouvelle annonce que les élections auront lieu. Il n’y a aucun organisme, comité ou ministère qui supervisera les élections supposées, etc., et par conséquent, la gravité de cette mesure ne peut être jugée.

Par ailleurs, disent-ils: « Il est impossible dans la situation actuelle d’organiser des élections présidentielles pour plusieurs raisons, dont la plus importante est l’insécurité persistante à la lumière des attaques lancées par des groupes armés et rebelles, qui préviennent que la période à venir pourrait être pire que celui qui l’a précédé.

D’autant que ces développements surviennent à un moment où les attaques de groupes armés tels que le groupe « Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM) », affilié à Al-Qaïda, s’intensifient, indiquant une division sur la possibilité d’organiser un quelconque droit électoral.

C’est pourquoi nous avons constaté un accueil mitigé à la nouvelle annonce, car de nombreux analystes doutent de la capacité du gouvernement actuel à organiser des élections maintenant et à court terme, car il doit d’abord surmonter des obstacles majeurs, tels que le manque de sécurité, car certaines zones sont encore sous la menace des groupes armés, en plus du manque de confiance internationale dans le gouvernement qui supervisera l’organisation de ces élections et d’autres choses.

A noter également qu’Assimi Goïta a réconforté son autorité militaire en devant effectivement, le 16 octobre 2024, « général de corps d’armée à titre exceptionnel » sur décision du conseil des ministres tenu à cette date.

Ainsi, avec 5 étoiles, il est devenu l’officier supérieur le plus gradé du Mali, et cela lui ouvre pour le moment toutes les portes.

• Premier ministre du Mali: Quand Maïga remplace Maïga


Le général Goïta – le PM nommé Abdulaye Maïga – le PM limogé Choguel Maïga

Le nouveau PM Abdoulaye Maïga, qui a été nommé à la place de son prédécesseur « Choguel Kokalla Maïga », s’est engagé à organiser des élections transparentes pour mettre fin à la période de transition.

En effet, le général Abdoulaye Maïga, qui a pris ses fonctions le jeudi 28 novembre, deux jours après qu’Assimi Goïta ait révoqué et le gouvernement et son prédécesseur, Choguel Maïga, a exprimé son engagement à « créer les conditions nécessaires pour des élections transparentes et pacifiques afin de mettre fin à la transition ».

Dans son discours à la nation, prononcé après son premier Conseil des ministres, Maiga a précisé que Goïta avait remis au gouvernement un « document cadre » comportant huit priorités. La dernière de ces priorités est la mise en place des conditions nécessaires pour organiser les élections, bien qu’aucune date n’ait encore été fixée, après l’expiration du délai de deux ans imparti par la junte en mars dernier.

Parmi les autres priorités, Maïga a évoqué:

-/- la défense et la sécurité,

-/- la poursuite des réformes dans le domaine de la justice pour renforcer la lutte contre la corruption,

-/- ainsi que la nécessité de répondre aux besoins essentiels de la population à travers une économie robuste.

D’autres priorités incluent l’amélioration des secteurs de la santé et de l’éducation, et la continuation de la « feuille de route » de la Confédération des États du Sahel (AES), qui regroupe le Mali, le Niger et le Burkina Faso, tous trois dirigés par des juntes militaires issues de coups d’État.

Dans un contexte marqué par une grave crise sécuritaire et économique, le pouvoir militaire au Mali a rompu ses relations avec la France, ancienne puissance coloniale, expulsé les missions françaises et onusiennes, et s’est rapproché de la Russie et des juntes militaires voisines.

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