Au Mali la « rue » en ébullition se soulève contre la présence française

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Les citoyens se révoltent contre la présence militaire française

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. Depuis plusieurs mois, et surtout depuis la prise du pouvoir par le Colonel Assimi Goïta, Président de la Transition de la République du Mali, la présence française est désormais contestée par les autorités officielles à Bamako, aussi bien que par la rue malienne, qui a vu dernièrement l’organisation de diverses manifestations de refus de la présence militaire française.

Au cours de ces rassemblements protestataires, des milliers de Maliens ont manifesté dans la capitale, brandissant de nombreux slogans tournant autour du retrait total des forces françaises de leur pays. Les manifestations ont été déclenchées en réponse à un appel de certains mouvements pour exprimer le soutien malien de la rue aux autorités de transition et leur condamnation de l’ingérence étrangère dans les affaires intérieures du pays.

« Nous sommes là pour le Mali, pour exprimer notre souveraineté nationale, et pour rappeler au monde entier que la souveraineté n’appartient qu’au peuple », a déclaré Mohamed Osman Mohamedoun, membre du Conseil national de transition.

Selon des protestataires « peu importe que la France parte ou reste pour toujours, l’important est que Paris n’ait pas à dicter à un État souverain son choix de ses partenaires et amis », rejetant à l’occasion les diktats de la communauté internationale, notamment la France et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest « CEDEAO ».
A noter que ces manifestations visent essentiellement à exiger le retrait des forces militaires implantées sur le territoire malien, et à affirmer l’adhésion de la « rue » aux questions sacrées de souveraineté nationale.

Une rue grouillante appelant la France à quitter les lieux

Pour leur part, les organisateurs ont souligné que ces rassemblements protestataires, qui visent également à soutenir les autorités de transition, se poursuivront jusqu’à ce que la communauté internationale prenne conscience et cesse d’exercer des pressions sur ces autorités. Ce n’est pas la première fois que la capitale, Bamako, assiste à des manifestations contre la présence militaire française, tant de voix se sont élevées récemment, rejetant la présence de la force française « Barkhane », accusée aux yeux de la rue malienne de viser d’innocents civils non armés, lors de ses opérations militaires menées dans la région, et ce, sous couvert d’une soi-disant lutte contre le terrorisme.

Ces manifestations de soutien au gouvernement de transition sont considérées comme étant un « feu vert » pour ce dernier, qui a récemment annoncé sa volonté de renforcer la coopération avec la Russie en matière de défense et de sécurité, ce qui a provoqué la colère de Paris, qui a accusé Bamako de chercher à coopérer avec des « mercenaires » russes, déclenchant de facto une grave crise entre les deux capitales, qui ont tous deux des liens solides depuis des décennies.

Démenti officiel du P.M. Choguel Maïga

Choguel Maïga en pleine allocution

Le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, avait démenti pour sa part ce qui a été attribué aux autorités du pays quant à leur « intention » de recruter des mercenaires, considérant cela comme de simples « allégations basées sur des rumeurs et des articles de presse publiés sur ordre ». Il a également accusé la France d’entraîner des groupes armés opérant dans son pays, tout en affirmant que Bamako en détient « la preuve ».

Il est à noter que la France a exprimé, certes, son intention de réduire de moitié environ le nombre de la force « Barkhane » dans le nord du Mali, dans un contexte de rejet populaire croissant des peuples de la région du Sahel africain pour la présence étrangère sur son territoire, en parallèle avec la l’incapacité à doter les armées de la région des capacités nécessaires pour lutter contre le terrorisme.

Par ailleurs, il importe de rappeler que le Tchad est quasiment le seul pays du G5 Sahel dont les forces sont présentes au Mali, notamment dans la zone des trois frontières partagée avec le Niger et le Burkina Faso, qu’il a réduite de moitié récemment, après avoir atteint 1.200 soldats au mois de février dernier.

Réaction de l’Allemagne

Annegret Kramp-Karrenbauer lors d’une visite au Mali

Face à cette situation, la République Fédérale d’Allemagne a menacé à son tour de retirer ses forces du Mali, qui s’élèvent à 1.500 soldats au sein de l’opération « Takuba », ainsi qu’au sein des forces internationales situées dans le nord du pays.

Dans ce contexte, la ministre allemande de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer a prévenu, sur Twitter, que « si le gouvernement malien signe de tels accords avec la Russie, cela contredit tout ce que l’Allemagne, la France, l’Union européenne et les Nations unies ont fait au Mali il y a 8 ans », et « remettra en cause » le mandat de l’armée allemande au Mali.

Jusqu’où pourraient aller les pressions

Ces pressions franco-allemandes, auxquelles le Tchad pourrait se joindre, mettraient soit en cause l’accord financier avec Wagner, soit un retrait rapide des forces françaises et européennes de Takuba, ainsi que des unités tchadiennes du pays, pour créer un vide sécuritaire difficile à combler pour les autorités militaires maliennes, même si elles parviendraient à un accord avec le Tchad.

Cela affecterait les forces internationales dans le nord du Mali, qui comprennent les forces allemandes et tchadiennes, qui pourraient être exploitées par des groupes terroristes fidèles à al-Qaïda ou à Daech pour doubler leurs opérations contre les forces gouvernementales, sans parler de la suspension du soutien financier et de l’aide humanitaire aux autorités de Bamako, dans le but d’étouffer le régime du coup d’État, et le pousser à abdiquer ou à s’effondrer.

La rue malienne toujours en ébullition contre la France

Dans cet état de choses, et ce qui nous semble le plus probable, c’est que la solution reste détenue par « la RUE » malienne !

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