La France remettra bientôt la base de Kidal à la mission des Nations-Unies et à l’Armée malienne

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Les Présidents Macron et Bazoum lors du Sommet du G5 Sahel du 9 juillet

Rapporté par
Anouar Chennoufi

Africa-PressMaliLe chef d’état-major français a annoncé dans la journée du lundi 11 Octobre 2021 que la « Force Barkhane » de lutte contre le terrorisme a entamé la dernière étape de la remise de la base de Kidal, dans le nord du Mali, à la mission de maintien de la paix des Nations unies et à l’armée malienne.

« Le dernier convoi logistique est parti tôt ce matin pour Gao », a indiqué le colonel Pascal Iani, porte-parole de l’état-major interarmées, précisant « qu’un groupe de la force Barkhane restera en place pour les dernières démarches administratives et logistiques. . »

Il a ajouté que « le transfert de la base à la MINUSMA et aux forces armées maliennes sera définitif d’ici dix jours », soulignant « une étroite coordination avec les autorités et l’armée au Mali ».
Pascal Iani a expliqué que « l’unité affiliée à Barkhane, qui est toujours à Kidal, et dont beaucoup n’ont pas été divulgués pour des raisons de sécurité, devra rassurer les partenaires de la France », notant que l’opération « se déroule selon les contrôles établis, sous contrôle et en sécurité ». « Il est impossible de permettre les dires comme quoi nous abandonnons le Mali », a-t-il ajouté.

Mort accidentelle d’un soldat français

Ces préparatifs de départs ont été endeuillés, le mardi 12 octobre 2021, par le décès au Mali du maréchal des logis, Adrien Quélin, comme l’a annoncé la ministre des Armées Florence Parly sur son compte Twitter, qualifiant la mort d’accidentelle, survenue lors d’une opération de maintenance sur un camion, sur la plateforme désert relais de Tombouctou.

“Le maréchal des logis Adrien Quélin est décédé à la suite d’un accident lors d’une opération de maintenance à Tombouctou au Mali”, a indiqué la ministre sur Twitter, en saluant son engagement.
Dans le même contexte, l’état-major des Armées a publié un communiqué dans lequel il a souligné qu’une enquête est en cours pour déterminer les circonstances de l’accident ayant coûté la vie à ce mécanicien âgé de 29 ans, engagé dans la force Barkhane, lors d’une opération de maintenance.

Préparatifs de départ de forces françaises

Unités françaises quittant la base de Kidal

A noter qu’au mois de juin de l’année en cours, Paris a commencé à réorganiser sa présence militaire dans la région du Sahel (Afrique de l’Ouest), notamment en quittant les bases situées à l’extrême nord du Mali (Kidal, Tombouctou et Tessalit) et en envisageant de réduire le nombre de ses forces dans la région, à l’approche de 2023, pour n’en garder qu’entre 2.500 et 3.000 éléments, contre plus de 5.000 actuellement.

Néanmoins, il importe de rappeler que la récente escalade de la tension entre Bamako et Paris découle du rejet du coup d’État mené par le colonel Assimi Goïta, pour la seconde fois depuis l’été 2020, sans la moindre coordination avec les autorités françaises ni même l’obtention de leur approbation.

Par ailleurs, les officiers qui ont mené le coup d’État seraient affiliés à la Russie, qui bouscule l’influence de la France au Mali, ce qui a provoqué la colère des Français et les a incités à suspendre temporairement leurs opérations militaires dans le pays, avant que le président français ne décide de mettre fin à l’opération Barkhane dans la région du Sahel en juin dernier, et de réduire le nombre des forces de son pays, et pire encore, de se retirer complètement des villes de Tessalit, Kidal et Tombouctou.

Les grains de « sel & poivre » de Choguel Maïga

Le Président Assimi Goïta et son Premier ministre Choguel Maïga

Quant à Bamako, elle a considéré cette décision comme un abandon, ce qui a incité le Premier ministre malien Choguel Maïga, au cours d’une interview accordée à Radio France Internationale, le 27 septembre 2021, à dénoncer ce qu’il considérait comme une « déclaration unilatérale », sans coordination tripartite avec les Nations unies et le gouvernement malien.

« Le Mali regrette que le principe de concertation et de concorde, qui devrait être la règle entre partenaires privilégiés, n’ait pas été respecté lors de cette décision », avait déclaré Maïga. En plus, Bamako n’a pas regardé d’un « bon œil » la France s’exprimant au nom du Mali dans de nombreuses enceintes internationales, ignorant les nouvelles autorités, et manquant de respect à la souveraineté de son pays.

Quant aux médias français, dont La Croix, ils accusent le gouvernement malien d’exploiter l’hostilité historique du peuple malien contre la France, et de fabriquer cette crise, pour détourner l’attention de ses échecs et augmenter sa popularité, surtout après que Maïga ait annoncé un éventuel report des élections présidentielles et législatives, prévues le 27 février 2022, de quelques semaines ou mois, malgré les engagements de la junte envers la communauté internationale.

La réponse de Bamako a été rapide et inattendue, en communiquant avec la Russie, qui lui a fourni quatre hélicoptères Mi-17, et le gouvernement malien semble être sur le point de signer un accord avec le groupe russe Wagner pour envoyer un millier de mercenaires au Mali, en échange d’argent et concessions minières, dont les mines d’or et de magnésium.

Sauf que la France n’a pas accepté ce défi des nouvelles autorités (de transition) maliennes, qu’elle considère comme étant illégitimes et qui n’arrivent pas à contrôler de grandes parties du pays, et que sans ses forces et les forces alliées africaines et européennes, Bamako finira par tomber sous la tutelle des groupes terroristes.

Entrée en jeu de l’Algérie au Mali

Le Chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra reçu par Assimi Goïta

D’un autre côté, Paris ne voulait pas que Bamako ouvre des canaux de communication avec des groupes classés comme terroristes, comme « Ansar Eddine » et le groupe « Masina Libération », pour les persuader d’entrer dans la voie de la réconciliation nationale sur la voie algérienne, d’où la visite à Bamako du ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, était venue apporter un plus grand soutien moral au gouvernement malien, qui aurait convoqué le même jour l’ambassadeur de France pour protester contre les déclarations de Macron.

Cela donnait l’impression qu’il y avait une coordination entre l’Algérie et le Mali pour dénoncer les déclarations de Macron contre les deux pays, d’autant plus que l’Algérie a précédé Bamako en convoquant également l’ambassadeur de France à Alger, ce qui constituait une gêne diplomatique pour Paris, et une insulte à son prestige dans ses anciennes colonies.

Les choses semblent bien se diriger vers une escalade entre la France et le Mali, qui trouve dans le soutien russe et algérien une opportunité de faire face à l’écrasante influence française, sachant que l’Algérie avait même fermé son espace aérien aux avions militaires français se dirigeant vers les pays du Sahel.
L’avenir proche nous réservera du nouveau dans la relation France – Mali !

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