L’Allemagne tient au retrait de ses forces du Mali d’ici mai 2024 : découvrez tout sur cette décision

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L'Allemagne tient au retrait de ses forces du Mali d'ici mai 2024 : découvrez tout sur cette décision
L'Allemagne tient au retrait de ses forces du Mali d'ici mai 2024 : découvrez tout sur cette décision

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. Mercredi 3 mai 2023, les autorités allemandes ont approuvé à Berlin, la décision de retirer leurs soldats participant à la force de maintien de la paix des Nations Unies au Mali, et ce d’ici le mois de mai 2024, suite à des tensions avec le Conseil Militaire au pouvoir.

Selon le communiqué rendu public par le gouvernement d’Olaf Scholz, à l’issue d’une réunion du Conseil des ministres, les soldats allemands quitteraient progressivement le Mali dans les 12 prochains mois, sachant que la décision de se retirer de ce pays du Sahel africain a été déjà annoncée par Berlin depuis la fin de 2022.

En envisageant de mettre fin à sa mission au Mali, après près de neuf ans de déploiement, la décision de l’armée allemande a suscité des critiques quant à l’objectif de cette décision qui tombe à un moment où le gouvernement malien est toujours à la recherche de nouveaux alliés, dont la Russie qui en fait partie.

Les raisons de ce départ

La décision prise par Berlin serait « logique et raisonnable », selon le gouvernement allemand qui considère que les conditions ne sont plus réunies pour continuer à participer à la mission à laquelle l’Allemagne contribue depuis 2013.

Avec un bataillon d’environ 1.000 soldats déployés, l’Allemagne est considérée comme étant le plus grand contributeur occidental à la Mission des Nations Unies (MINUSMA) pour aider à stabiliser ce pays qui a connu deux coups d’État militaires en 2020 et 2021, et qui vit dans une spirale de violence qui est apparue dans le pays il y a des années, et qui s’est étendue au-delà de ses frontières.

Pour rappel, le Mali souffre d’une profonde crise sécuritaire et politique depuis le début de deux rébellions séparatistes et jihadistes dans le nord du pays en 2012.

Dans ce contexte, on doit se référer à une déclaration faîte par la ministre allemande actuelle des Affaires étrangères, Analina Baerbock, qui a laissé entendre récemment dans un communiqué : « Que cela nous plaise ou non, ce qui se passe au Sahel nous affecte, et c’est pour cette raison que Berlin entend rester dans la région du Sahel et réorienter son engagement dans les domaines de la sécurité au Niger, en Mauritanie et dans les États du golfe de Guinée ».

Il faut se rappeler que les Officiers militaires supérieurs qui ont pris le pouvoir à Bamako en 2020 avaient rompu l’alliance avec la France et ses partenaires européens en ce qui concerne la lutte contre les groupes extrémistes, et ont décidé de s’ouvrir militairement et politiquement à la Russie, à travers son groupe paramilitaire privé Wagner.

Quand le Ministre fédéral allemand de la Défense met les points sur les  » i « 

« La présence des militaires allemands au Mali serait une perte de temps et d’argent, notamment pour les militaires qui mettent en péril leur vie loin de leurs familles et de leurs amis », a confié début février 2023, Boris Pistorius, le Ministre allemand de la Défense.

Nommé à ce poste le 19 janvier dernier, le nouveau ministre allemand de la Défense s’est rendu au Mali dans le cadre d’une visite de deux jours, les 13 et 14 avril 2023, où il a pu s’enquérir de la situation des troupes de la Bundeswehr stationnées dans le pays. Boris Pistorius avait entamé sa visite par le Nord du Mali pour rendre visite aux troupes de son pays engagées au sein de la mission des Nations Unies, la MINUSMA.

Certes, les Casques bleus de Berlin devraient quitter le Mali d’ici le mois de mai 2024, néanmoins cette date ne marquera pas la fin de la coopération entre les deux pays.

Selon le ministre « Rester au Mali jusqu’en mai 2024 n’est absolument pas pertinent dans les conditions actuelles », ajoutant entre-autres que « les soldats de son pays sont désormais incapables de mener leur mission, dès l’instant où ils ne peuvent pas quitter leur camp, ou simplement se déplacer dans un périmètre limité, puisque les drones sont interdits de vol ».

Avec beaucoup d’audace, Pistorius a en outre souligné que « cette mission est une perte de temps et d’argent notamment pour les militaires qui mettent en péril leur vie loin de leurs familles et de leurs amis », avant de préciser que la dernière fois qu’un drone a volé c’était avant le début de cette année.

Rétrospective sur le rôle et la participation de l’Allemagne aux missions « EUTM Mali & MINUSMA »

A noter que l’intervention de la Bundeswehr dans un pays que l’Allemagne ne connaît pas a été perçue comme une obligation inconfortable destinée à prouver à la France et au monde que l’Allemagne est un partenaire fiable en matière de politique de sécurité.

Néanmoins, participer à une mission des Nations Unies et à une mission de formation de l’Union européenne correspond en réalité à l’idéal des interventions allemandes, à savoir « la garantie du droit international dans des interventions, qui ne sont pas des missions de combat, où les soldats allemands y exercent un mandat robuste » du Conseil de sécurité de l’ONU, les autorisant à « employer tous les moyens nécessaires ».

Ceci signifie qu’en cas d’attaque contre des civils, ils peuvent les défendre et se défendre eux-mêmes par les armes, sachant qu’ils sont équipés en conséquence.

Toutefois, les soldats allemands engagés dans la MINUSMA n’ont jamais participé à la lutte contre le terrorisme, et l’Allemagne ne s’est jamais engagée dans la Task Force Takuba, en dépit des fortes sollicitations françaises.

En plus, l’engagement des soldats de la Bundeswehr au Mali est très rarement au centre de l’attention de l’opinion publique allemande, même s’il s’agit de la plus grande mission allemande à l’étranger depuis le retrait d’Afghanistan. Un changement est toutefois intervenu du fait de la dégradation de la situation politique au Mali et du putsch qui a conduit l’armée au pouvoir.

D’ailleurs, ce nouveau gouvernement n’est pas considéré comme un partenaire fiable, du fait que la junte militaire coopère avec les forces russes du groupe Wagner.

D’autant plus que les semaines qui ont précédé le dernier renouvellement des mandats de la Bundeswehr, nombre de personnalités politiques, dont l’ancienne ministre fédérale de la Défense Christine Lambrecht (8 décembre 2021 – 19 janvier 2023), s’étaient montrées sceptiques quant à la poursuite des missions au Mali.

Idem pour le Chef d’état-major de la Défense de l’Allemagne (en poste depuis le 19 avril 2018), le général Eberhard Zorn, qui avait émis quant à lui quelques doutes. L’armée allemande craint en effet une inquiétante détérioration de la situation après le retrait français.

Autres faits survenus auparavant dans les « coulisses politiques et militaires »

La ministre allemande des Affaires étrangères, Analina Baerbock, a déclaré dans une interview à l’un des plus grands journaux allemands, notamment le « Süddeutsche Zeitung » que : « notre mission (au Mali) n’est pas une fin en soi ».

S’agissant des changements intervenus au sein du gouvernement malien, la Cheffe de la diplomatie allemande a indiqué entre-autres qu’il fallait se poser la question de savoir si les conditions actuelles sont toujours propices au succès de la mission allemande. Il s’agit d’une importante déclaration faîte par Annalena Bierbock, concernant l’avenir de la plus grande mission militaire allemande à l’extérieur du pays.

De son côté, Agnieszka Bruger, Députée au Bundestag et porte-parole du Parti vert allemand, a déclaré : « Le rétablissement de l’ordre constitutionnel est une condition préalable essentielle à l’implication de la communauté internationale au Mali ».

« Il est devenu donc clair que tout le monde est devenu inquiet et préoccupé par les récentes décisions prises par le gouvernement de transition pour restreindre la liberté et la circulation des forces internationales, y compris le retrait des permis de survol des avions », a-t-elle ajouté.

Dans le même contexte, il importe de rappeler qu’à la mi-janvier de cette année, les autorités maliennes ont décidé d’empêcher pour la première fois un avion militaire allemand d’atteindre son espace aérien, ce qui a incité l’avion, qui transportait 75 soldats, à changer de cap.

Il semble que ces décisions s’inscrivent dans le cadre des tentatives des autorités de transition au Mali de se distancer de plus en plus de leurs partenaires européens, notamment la France, l’ancienne puissance coloniale.

Ainsi, l’on peut croire que toutes ces raisons sont préoccupantes, et que l’on ne peut pas dire qu’un chèque en blanc doit être présenté pour prolonger la mission de soldats allemands.

Les intérêts allemands au Mali : Des enjeux économiques et stratégiques

Dans ce contexte, le bloc d’opposition composé de « l’Union chrétienne-sociale » et de son benjamin bavarois, « le Parti chrétien-démocrate », a souligné la nécessité d’aider le Mali à renforcer sa stabilité, mettant en garde contre les répercussions de la fin de la mission militaire au Mali.

A ce propos, le porte-parole de la défense de la coalition d’opposition, Florian Hahn, a déclaré ceci : « Il n’est pas seulement dans notre intérêt de soutenir les pays démocratiques, mais notre objectif principal devrait être de lutter contre le terrorisme et d’empêcher la migration massive non réglementée vers l’Europe ». Il a mis en garde contre les répercussions du retrait des forces européennes du Mali, car cela pourrait être dans l’intérêt de la Russie, qui en profitera pour prendre pied au Mali. Il a ajouté que quiconque veut savoir comment la présence militaire russe est devenue tangible en Afrique ne devrait suivre que les activités du groupe Wagner.

Il ne faut pas oublier que : sel, or, calcaire ou encore pétrole, autant de ressources minières exploitées au Mali attirent des investisseurs de divers horizons, alors que plusieurs autres ressources du pays (comme le fer, la bauxite ou encore le pétrole) restent encore largement inexploitées, et pour certains experts, le plus grand intérêt d’un pays comme la France est surtout de maintenir la paix au Mali, notamment pour protéger les gisements d’uranium au Niger voisin.

Le Mali, à la fois pour sa position stratégique mais aussi pour ses richesses minières, attire de nombreux autres pays, car le Mali est un grand pays où des enjeux de géopolitique, de géostratégie, de richesses minières et de populations sont posés.

Le Mali peut donc susciter des intérêts des pays développés…et ne pourrait imposer aux soldats Allemands de rester dans le pays !

Appuis médiatiques

Vidéo 1 : https://www.youtube.com/watch?v=4UU-GTo_ywM

Vidéo 2 : https://www.youtube.com/watch?v=9zgoJMlIKz8

Vidéo 2 : https://www.youtube.com/watch?v=KqP98CGMdE0

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