Le MALI se débat encore contre « l’expansion du terrorisme » et en faveur de la « multipolarité »

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Le MALI se débat encore contre « l’expansion du terrorisme » et en faveur de la « multipolarité »
Le MALI se débat encore contre « l’expansion du terrorisme » et en faveur de la « multipolarité »

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. Le cas du Mali ressemble à un feuilleton mexicain dont les épisodes avaient tenu en haleine les téléspectateurs pendant de très longues années. C’est d’ailleurs pour cela que nous plongeons de nouveau dans « marée » malienne qui connait de jour en jour de multiples soubresauts.

Après la fin des missions de l’opération Barkhane et le retrait du dernier bataillon des forces françaises, le Mali est entré dans une vague de terreur qui a exténué presque toutes ses tentatives de reprendre son souffle et se remettre sur pied.

Mais ce regain de violences ainsi que la récente escalade des attaques contre l’armée malienne, selon les experts internationaux, constituent un défi majeur pour ce pays du Sahel africain, du fait que de nombreux groupes armés y sont actifs dans un contexte d’insécurité croissante.

Certains observateurs ont même attribué cela à l’accession à la tête du pays du colonel Assimi Goïta, en soulignant que ceci « a provoqué la réémergence de terroristes, d’organisations criminelles et d’autres groupes d’autodéfense déployés au Mali ».

A rappeler également que la région du nord du Mali est demeurée témoin d’un conflit qui fait rage entre les deux organisations terroristes « Daech et Al-Qaïda » et le mouvement de libération « de l’Azawad » soutenu par l’armée.

D’après certaines sources locales, le conflit qui se déroule dans l’Etat de Gawa vise à le contrôler pour plusieurs raisons. Au premier plan, sa proximité avec les routes menant aux frontières du Niger et du Burkina Faso, qui facilite :

• l’expansion territoriale,

• la contrebande d’objets, d’armes et d’argent,

• et le commerce illégal.

Les mêmes sources affirment que tandis que Daech se concentre sur la population locale, le groupe « Jama’at nusrat al-islam wal-muslimin » affilié à Al-Qaïda se concentre sur les unités de l’armée malienne, pour se présenter comme faisant face à des forces étrangères et pour bénéficier d’un environnement d’incubation de la population locale.

Sauf que la multiplication des attentats commis par Daech dans la région n’a fait qu’ouvrir la porte à des interrogations sur les raisons qui y ont conduit, et est-ce parmi elles le déclin de l’activité d’Al-Qaïda au Maghreb ?

Après des combats acharnés durant la 1ère semaine du mois de septembre dernier, le groupe « Jama’at nusrat al-islam wal-muslimin » relevant d’Al-Qaïda a pris le contrôle de la partie sud de Talataye, tandis que Daech contrôlait la région orientale, sachant que le mouvement de sauvetage de « l’Azawad » fût le plus grand perdant de cette bataille.

Est-ce l’effet du retrait français ?

Le départ…

Les analystes lient l’activité accrue de l’Etat islamique au retrait des forces françaises du Mali après une présence de 9 ans dans le cadre de l’opération Barkhane.

En août dernier, le dernier soldat français a quitté le pays africain, qui souffre de conflits armés avec des groupes terroristes.

Il n’est pas possible d’évaluer les raisons de l’augmentation de l’activité terroriste de l’EI indépendamment de ce qui se passe dans les pays voisins. La défaite des éléments terroristes en Libye et le renforcement des mesures de sécurité par l’Algérie et la Tunisie aux frontières ont entraîné une baisse de l’activité de groupes terroristes dans la région du nord du Mali, bien que temporairement.

Il en va de même pour les pays africains de la région : la France, malgré son retrait du Mali, maintient toujours un pied dans le Sahel africain, à travers des bases au Niger, et des relations fortes avec les autorités du Burkina Faso, malgré ce qui vient de se passer à Ouagadougou et où des parties ont même accusé la France d’être impliqué au dernier coup d’Etat perpétré par le jeune Capitaine Ibrahim Traoré.

Toutefois, on peut dire que le retrait français a fourni une zone dans laquelle Al-Qaïda et Daech dans le grand Sahara ont pu se déplacer au Mali, sans que les terroristes ne craignent des frappes aériennes lancées par les troupes françaises.

Les analystes estiment que l’activité actuelle de Daech s’inscrit dans le cadre d’un échange de rôles entre organisations terroristes, ce que ces organisations font souvent pour atteindre leurs propres objectifs.

Beaucoup pensent que l’un des facteurs qui contribuent peut-être à l’activité de l’organisation Daech et d’Al-Qaïda au Mali est leur succès à exploiter les conflits et les griefs locaux et à stimuler les mouvements de rébellion populaire, dans les zones en conflit, ce qui est susceptible d’aggraver les opérations terroristes au Mali.

Ce qui est certain, c’est que les deux organisations exploitent le manque de sécurité dans les pays africains, compte tenu de l’état du conflit continu auquel ces pays sont témoins depuis de nombreuses années, pour étendre leur influence dans ces zones.

Accusations visant la France

On se rappelle déjà qu’entre ceci et cela, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, avait accusé Paris de soutenir les terroristes dans son pays, déclarant à ce propos que : « Le Mali détient plusieurs preuves que la France a procédé à des violations flagrantes de l’espace aérien malien pour recueillir des renseignements au profit de groupes terroristes opérant au Sahel, ainsi comme dans le but de larguer des armes et des munitions ».

Il va sans dire que les relations franco-maliennes s’étaient détériorées depuis que la junte militaire arrivée au pouvoir à la suite de deux coups d’État militaires s’était rétractée quant à son accord pour organiser des élections en février dernier 2022 et de sa volonté de se maintenir au pouvoir jusqu’à 2025.

Intensification des attaques terroristes au Mali

Dans ce contexte, les observateurs estiment que l’activité de l’organisation terroriste Daech dans le grand Sahara a atteint une ampleur sans précédent, puisqu’elle a mené une attaque en juillet dernier contre le siège même du Conseil militaire au pouvoir au Mali, sachant que, depuis le début de cette année, l’organisation a intensifié ses attaques au Mali, tuant plus de 1 000 personnes, selon l’Africa Center for Strategic Studies basé à Washington.

De son côté, suite au retrait de l’armée française, Al-Qaïda a pris pour cible la mission de maintien de la paix des Nations unies (MINUSMA), où elle a lancé 50 attaques contre la mission, faisant plus de 20 morts.

En réplique à cette situation, l’armée malienne a annoncé avoir repoussé, le 22 juillet dernier, une attaque terroriste menée par des groupes armés avec des voitures piégées, visant la base militaire de Kati où se réside le Président de transition, Assimi Goïta, située à une quinzaine de kilomètres de la capitale, Bamako.

Analysant cette attaque, les experts estiment que l’attaque du camp militaire de Kati avertit tout le monde de prendre au sérieux les menaces de l’organisation terroriste, laquelle avait juré de frapper la capitale malienne.

Idées de déstabilisation de l’Occident

Commentant cette désolante situation, l’analyste politique russe « Mikhail Gamandy Egorov » n’a pas hésité à souligner que la France et l’Occident poursuivront leurs tentatives de déstabilisation du Mali dans un avenir proche.

C’est pourquoi a-t-il suggéré au Mali de suivre le scénario centrafricain, en combattant efficacement et résolument le terrorisme, en maintenant l’orientation africaine de sa politique et en renforçant les alliances avec les principaux défenseurs de l’axe multipolaire international.

Egorov s’est même aventuré à affirmer qu’il n’y a plus de nécessité pratique de prouver que « l’Occident est lié au terrorisme », dénonçant le soutien aux terroristes en Syrie ou aux groupes armés en République centrafricaine.

Il a indiqué entre-autres que ces tentatives de déstabilisation peuvent être interprétées comme du “néo-colonialisme” qui révèle la volonté de l’Occident de maintenir un monde unipolaire.

Toutefois, l’analyste politique russe a également exprimé sa conviction que les Maliens et les autres peuples africains sont déterminés à relever ce « grand défi », et ce, tout en exprimant sa ferme conviction que « même après le retrait complet du contingent militaire français du Mali, l’ancienne puissance coloniale et les autres régimes occidentaux n’ont pas l’intention de relâcher la pression sur ce pays africain », ajoutant encore que « le pays est devenu un autre exemple de Tendance nationaliste africaine qui soutient la multipolarité ».

Toujours selon lui, « la situation actuelle au Mali favorise le monde multipolaire et les relations entre l’Afrique et la Russie ».

Réaction malienne

Arrivée des russes et de leur matériel de guerre

Dans le camp malien, concernant la reconfiguration du contexte sécuritaire dans ce pays sahélien après le départ des derniers militaires français, Boubacar Haidara, Docteur en science politique, chercheur à l’Information Afrique dans le monde des sciences politiques à Bordeaux, a confié ce qui suit à des médias : « Le principal changement dans le dispositif sécuritaire dans la situation au Mali ne réside pas dans le retrait français, mais plutôt depuis le début de l’arrivée des Russes ».

Haidara a en effet ajouté : « Depuis l’arrivée des Russes, nous avons constaté un net changement dans l’approche, la stratégie et la doctrine militaire sur le terrain au Mali », pointant du doigt « les échecs retentissants de l’Etat et leurs conséquences sur la vie des civils ».

Quant à Nyagale Bagayoko, chef du Réseau africain du secteur de la sécurité, il a déclaré à son tour que : « Le système au Mali s’avère plus autoritaire et porte atteinte aux libertés, en particulier à la liberté d’expression ».

Autres points de vue positifs

Pour beaucoup de Maliens, la réalité étant surtout que la résistance des autorités et de la population du pays a montré toute son efficacité face au terrorisme et aux problèmes économiques issus des sanctions imposées depuis janvier dernier par la CEDEAO, et étend son influence bien au-delà des frontières nationales.

Ceci est qualifié de « succès pour Bamako », lequel revient une fois de plus à la très large mobilisation populaire nationale, qui non seulement n’a pas hésité à apporter un soutien ferme aux autorités du pays, mais également a fait preuve d’une capacité de résistance aux pressions extérieures de manière digne et patriotique.


Population en masse derrière Assimi Goïta

En d’autres termes, il ne faut pas oublier que le Mali, après des années de chaos, est devenu une grande source d’inspiration pour nombreuses autres nations africaines, notamment sous le leadership du colonel Assimi Goïta et de « directoire ».

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