Autonomisation des terroristes au Mali : Mais où sont donc les autorités maliennes ?

17
Autonomisation des terroristes au Mali : Mais où sont donc les autorités maliennes ?
Autonomisation des terroristes au Mali : Mais où sont donc les autorités maliennes ?

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. Dans cet article, nous abordons un sujet très « délicat & critique » à la fois, qui embarrasse les autorités maliennes, les mouvements de l’Azawad, aussi bien que le voisinage du Mali.

Selon ce qui est dit à ce sujet, vu que le gouvernement étant absent du centre et du nord du Mali, des groupes terroristes y ont transformé certaines villes en une sorte de principauté (imara) non officiellement déclarée, en y soumettant la population au chantage par des razzias, puis en la forçant à payer des redevances en échange de laisser les habitants vivre en sécurité.

Dans ce contexte, le groupe « Jamāʿat nuṣrat al-islām wal-muslimīn », affilié à l’organisation terroriste Al-Qaïda, se trouve au premier rang des groupes qui concluent des accords de redevances avec la population, car les membres de ce groupe connaissent mieux la région parce qu’ils en sont originaires, suivi de l’organisation Daech dans le grand Sahara, qui est constitué de combattants étrangers.

De l’extorsion aux redevances

Le chemin vers l’assujettissement de la population commence par les terroristes pratiquant le banditisme, le pillage, les raids et assiégeant une zone, et proposant d’arrêter ces attaques si la population s’engage à payer des redevances, et à remettre une partie de la production de céréales et de bétail.

Les habitants doivent s’engager également à ne pas coopérer avec l’armée malienne ni avec le groupe paramilitaire russe privé « Wagner » qui fournit des combattants pour soutenir l’armée, en plus d’accepter l’adoption de « l’idéologie extrémiste » de ces groupes.

Ci-après une idée sur ces accords

• Le groupe « Jamāʿat nuṣrat al-islām wal-muslimīn » a levé le siège imposé sur la route entre Douentza et Boni dans la région de Mopti au centre du Mali depuis le 25 mai, et il a été remplacé par un couvre-feu après un accord avec les habitants, en échange de redevances et non-coopération avec l’armée et « Wagner ».

Nuṣrat al-islām avait imposé le siège après avoir accusé les habitants de Boni d’accueillir les combattants wagnériens.

• Ces derniers mois, les accords se sont multipliés, et selon les estimations, « Nuṣrat al-islām » et « Daech » ont conclu prés de 20 accords.

• Selon des explications données par le membre fondateur du « Mouvement national pour la libération de l’Azawad », Bekai Ag Hamad, aux médias, le premier accord est apparu en mars 2021, et c’était avec des dirigeants communautaires comme médiateurs, par la suite, les accords avec la population locale sont devenus directs, comme l’accord entre « Nuṣrat al-islām » et les habitants de Farabougou dans la région de Ségou, au centre du Mali, après avoir été assiégé pendant plusieurs mois.

• La situation s’est répétée dans les régions de Tidgmen près de Menaka, au nord de Kidal et « Hombori » au nord, et “Danza” à Mopti et « Djenné », à 398 km de la capitale, Bamako, selon le membre du MNLA.

Quant à l’organisation Daech, elle a mené des accords d’extorsion dans la ville d’Adranbokar et dans d’autres villages appartenant à Menaka dans le nord, adjacents à la frontière malo-nigériane, selon le même porte-parole.

A noter que, selon le Centre d’études stratégiques pour l’Afrique basé à Washington, le groupe Nuṣrat al-islām aurait mené plus de 50 attaques en 2022, tandis que les attaques de Daech auraient tué, quant à elles, plus d’un millier de personnes.

En quoi consistent ces accords ?

Zones conflictuelles

À première vue, il semble que les accords visent à lever des fonds, mais également il existe un objectif plus important et plus pertinent, celui de « soumettre la plus grande zone aux groupes terroristes qui ont dans leurs perspective de la transformer en une sorte d‘émirat islamique », au sein duquel les habitants seraient soumise, dorénavant, à ces groupes et non au gouvernement du Mali.


Groupes armés

Voyons ci-dessous les objectifs de ces terroristes comme expliqué par Bekai Ag Hamad :

1- Obtenir du financement,

2- Donner aux populations la possibilité de cultiver leurs terres et de gérer leurs commerces en toute sécurité en échange de redevances (qui profiteront aux terroristes en obtenant une partie de la production et des revenus).

3- Créer un environnement d’incubation pour ces groupes lorsqu’ils se présentent à la population comme des « gardiens de la sécurité » en l’absence des forces gouvernementales.

4- Le groupe Nuṣrat al-islām et Daech dans le grand Sahara ont exercé une influence sur certaines zones, principalement près des frontières avec le Niger et le Burkina Faso, car leur contrôle facilite la contrebande, le trafic d’armes et le transfert de combattants, aussi bien que le commerce illégal.

5- Et à long terme, ces groupes ont l’intention de transformer la région en un émirat non déclaré après avoir placé la population locale sous leur contrôle, l’économie et les transports comme une alternative à l’autorité légitime de l’État.

Il importe donc de faire remarquer qu’au cours des dernières semaines, l’État malien et les pays de la région ont activement pris des mesures pour repousser les groupes terroristes, notamment en organisant des réunions entre les autorités maliennes et les mouvements de la région de l’Azawad (dans le nord), pour réactiver l’accord d’Alger pour la paix et la réconciliation établi entre eux, en 2015.

Il importe également de rappeler que la tension entre les autorités et les mouvements de l’Azawad avait conduit à la faible présence de l’armée gouvernementale dans le nord, ainsi qu’au manque de coordination nécessaire entre les deux camps.

C’est ce qui a, d’ailleurs, fourni aux groupes armés un environnement fertile pour leur propagation sur le territoire malien, car ils ont profité de cette faiblesse pour utiliser cette région comme base pour mener leurs attaques meurtrières.

Des solutions ?

De facto, et pour mettre fin à la tension entre les autorités et les mouvements de l’Azawad, il est désormais plus que nécessaire d’appliquer l’accord de paix et de réconciliation (Alger 2015) si l’on espère à mettre en place une coopération efficace contre le phénomène du terrorisme.


Armée gouvernementale

À cet égard, un porte-parole du Mouvement national pour la libération de l’Azawad a déclaré : « Il n’est pas possible de lutter efficacement contre le terrorisme sans la pleine application de l’accord d’Alger, en arrangeant les amis d’une part, et les ennemis d’autre part, tout en procédant à de profondes mutations des institutions maliennes pour répondre aux aspirations de tous les habitants de la région de l’Azawad ».

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Mali, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here